Les circuits mythiques : Hockenheim (1/2)

Jim Clark Hockenheim 1968
L'accident mortel de Jim Clark reste encore aujourd'hui l'une des plus grandes énigmes de la F1.
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Fruit de l’imagination d’Ersnt Christ, le circuit d’Hockenheim sort de terre le 25 mai 1932. Longtemps utilisé comme piste d’essai par Mercedes-Benz, le tracé germanique se compose d’interminables lignes droites et d’une partie plus sinueuse dans le Stadium. Située à 25 km au sud-ouest d’Heidelberg, la piste reçoit pour la première fois la Formule 1 en 1970 avant de définitivement supplanter l’anachronique Nürburgring dès la saison 1977. Bien qu’apprécié des pilotes, le grand Hockenheim ne résistera pas à la dictatoriale politique sécuritaire de la FIA et refermera ses portes au soir de son 25ème Grand Prix en 2001, non sans avoir coûté la vie à l’immense Jim Clark et au Français Patrick Depailler.

Disputé en alternance entre le Nürburgring et Hockenheim depuis 2009, le Grand Prix d’Allemagne a complètement disparu du calendrier cette saison après une dernière édition marquée par l’absence de ferveur d’un public germanique lassé par la Formule 1 moderne et orpheline de son idole Michael Schumacher. Épreuve reine du championnat par le passé, la manche allemande ne revêtait pourtant plus la même saveur qu’autrefois depuis un bon moment déjà. La faute à la politique sectaire de la FIA qui n’a pas hésité à émasculé deux des plus beaux terrains de jeu de l’histoire de la F1 sous l’hôtel de cette sacro-sainte sécurité. Si le « Nürbur » a longtemps été le tracé référence de la catégorie reine, son voisin lui emboîte le pas à l’aube des années 80 pour s’imposer comme le temple de la vitesse en compagnie de Monza. Terriblement rapide et dangereux, le tracé germanique va réserver des courses d’anthologie au suspense souvent haletant. Mais après 25 ans d’idylle, le grand Hockenheim devait à son tour s’effacer de l’échiquier de la F1 afin de laisser place à un tracé plus « politiquement correct ».

Chronométreur assistant lors des courses d’avant-guerre, Ernst Christ est l’instigateur de la naissance d’Hockenheim. Passionné par la vitesse, il imagine un circuit au sein de sa ville natale en 1930. Déterminé à ce que son projet aboutisse, le jeune homme soumet des plans du futur tracé au maire de la ville, Phillip Klein. Convaincu, ce dernier n’hésite pas à lui apporter son soutien. Débutés le 23 mars 1932, les travaux de construction s’achèvent deux mois plus tard le 25 mai. Fin prêt, le circuit accueille dans la foulée sa première course de moto. Composé de longues lignes droites sillonnant la forêt entrecoupées par deux virages, le tracé à la forme triangulaire évolue fortement en 1938 pour prendre la forme ovale qui fera sa renommé. Outre l’intégration du terrible virage « Ostkurve », la piste est élargie devenant de facto un véritable temple de la vitesse.

L’énigme Clark

Désormais appelé Kurpfalzring, le circuit allemand n’arbore pas encore sa célèbre portion du « Stadium ». Cela sera chose faite en 1965 à la suite de la construction d’une nouvelle autoroute (Mannheim-Walldorf) reliant la ville d’Hockenheim au reste du tracé. Si les Formule 1 n’ont pas encore le loisir d’arpenter les 6,8 kilomètres du tracé, les Formule 2 s’en donnent à cœur joie et c’est dans l’antichambre de la catégorie reine que le double champion du monde Jim Clark (1963,1965) vivra ses dernières heures au volant d’une monoplace lors de l’édition 1968. Alors que l’Écossais avait choisi de courir le BOAC 500 (épreuve d’endurance) pour le compte de Ford à Brands Hatch, la volonté de Colin Chapman d’étrenner les couleurs de son nouveau sponsor, le cigarettier Gold Leaf, conjugué à l’oubli d’Alan Mann (qui ne confirma pas l’arrangement écrit passé entre les deux hommes) conduisirent Clark à son funeste sort.

Peu à l’aise au volant d’une voiture rétive sur un circuit qu’il découvrait et détestait, le pilote Lotus sort inexplicablement de la piste dans la première ligne droite du circuit à plus de 230 km/h. Totalement dépourvu de glissière de sécurité, le tracé ne peut ralentir l’Écossais et seul un arbre viendra stopper la folle embardée de la machine flanquée du numéro un. Le choc est effroyable et Clark tué sur le coup. Abasourdi, le monde de la course est sous le choc. Le décès du pilote le plus doué de sa génération n’empêchera toutefois pas la tenue de la deuxième manche de F2 disputée l’après-midi même. Face à la grogne du paddock et l’émoi provoqué par la mort de Clark, les propriétaires du tracé installent, quelques mois plus tard, des barrières de sécurité tout au long du circuit et décident d’aménager deux chicanes dans les longues lignes droites afin de ralentir les monoplaces. Une d’entre elles portera le nom du natif de Kilmany en titre d’hommage.

Critiqué, lui aussi, pour ses carences flagrantes au niveau de la sécurité, le Nürburgring est boycotté par la F1 en 1970, ce dont profite Hockenheim. Pour la première fois de son histoire, le circuit situé à 25 km au sud-ouest d’Heidelberg héberge la catégorie reine. Nettement moins long que son voisin de l’Eiffel puisque limité à 6,789 km, le tracé fait la part belle aux gros moteurs et aux vitesses de pointe déraisonnables. Deuxième des qualifications, Jochen Rindt y signe le sixième et dernier succès de sa carrière avant de périr un mois plus tard lors des essais du Grand Prix d’Italie à Monza. Bien que concluante, la cohabitation entre Hockenheim et la F1 ne se poursuit pas l’année suivante, le circus préférant retrouver le mythique « Ring » dont les travaux de modernisation ont enfin abouti. Cependant, le terrible accident de Niki Lauda en 1976 et l’anachronisme du circuit élaboré par le Dr Otto Creutz conduisent la catégorie reine à retrouver l’ancienne piste d’essai de Mercedes en 1977.

Andrea Noviello

Ayrton Senna Hockenheim 1989
Ayrton Senna signa trois victoires consécutives à Hockenheim entre 1988 et 1990.
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