Les circuits mythiques : Brands Hatch (1/2)

Brands Hatch Jim Clark 1964
Le grand Jim Clark est le premier à apposer son nom au palmarès du circuit de Brands Hatch en 1964.
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Implanté dans la forêt du Kent, le circuit de Brands Hatch voit le jour le 16 avril 1950 grâce à John Webb. Vallonné, impitoyable et excessivement rapide, le tracé britannique reçoit  pour la toute première fois la Formule 1 en 1964. Bien que redoutée en raison de sa sécurité précaire, la piste anglaise s’impose rapidement comme l’une des préférées des pilotes. Théâtre de Grand Prix d’anthologie, mais aussi de plusieurs accidents graves, il est définitivement banni du circus au profit de son voisin Silverstone après quatorze éditions de bons et loyaux services.

Hôte du tout premier Grand Prix de l’histoire de la Formule 1 le 13 mai 1950, Silverstone demeure encore aujourd’hui l’un des tracés phares du calendrier. Rare circuit à avoir perduré dans l’histoire mouvementée de la catégorie reine, Silverstone a, au fil des années, dû se conformer à l’évolution d’une discipline toujours plus regardante en matière de sécurité. Sévèrement remodelée par le cabinet Populous en 2010, au point que beaucoup le considère désormais comme un banal circuit moderne, la piste construite sur un ancien aérodrome possède néanmoins toujours un caractère propre au pays de la reine Élisabeth II. Si l’actuel hôte de la manche anglaise peut se languir d’appartenir au cercle très fermé des historiques, un autre circuit britannique a marqué d’une empreinte indélébile la F1. Son nom : Brands Hatch.

Sous cette appellation d’origine gaélique se cache l’un des tracés les plus sélectifs et techniques qu’ait connu la F1. Pourtant, rien n’avait été mis en œuvre pour que la catégorie pinacle du sport automobile vienne un jour s’y produire. Situé à 30 km du sud est de Londres, le circuit n’est à la base qu’un amas de terre et d’herbe. Alors qu’ils se baladent en direction de la côte, des cyclotouristes découvrent le site en 1926 et  décident d’en faire leur lieu de réunion. Utilisé pendant des années à des fins militaires, le champ propose un fort vallonnement et surtout une cuvette à même de satisfaire ces amateurs de sensations fortes. Sous l’impulsion de Ron Argent, la bande demande à Harry White, l’agriculteur propriétaire du terrain, l’autorisation de pouvoir s’adonner à leur passion. Ce dernier ayant accepté leur requête, des premières courses de vélos, motos et autres sidecars y sont rapidement organisées. En quelques années, Brands Hatch s’impose comme la Mecque des bikers londoniens.

Technique et excitant

Mis entre parenthèse pendant la seconde guerre mondiale, le tracé britannique sert de parc aux véhicules militaires. Touchée par de nombreux bombardements pendant le conflit, la piste renaît de ses cendres grâce à un certain John Webb. Déterminé à accueillir des courses de F3 500cc, une catégorie alors en pleine expansion, cet amoureux de sport automobile lance l’idée de créer un tracé digne de ce nom en 1947. Il faudra toutefois patienter le 16 avril 1950 avant d’assister à la vraie naissance du circuit. Brands Hatch devient ainsi le tout premier tracé d’Angleterre tout spécialement construit pour les courses motorisées. Limitée dans un premier temps à 1,6 km, la piste tourne dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Rallongée de quatre cents mètre quatre ans plus tard avec l’ajout de la courbe « Druids », elle change également son sens de parcours en adoptant un plus conventionnel cheminement horaire.

La partie basse du tracé achevée, John Webb procède à un dernier ajustement en 1960 avec la création d’un nouveau tronçon dans la forêt, portant la longueur totale de la piste à 3,6 km. Si Brands Hatch semble désormais prêt à recevoir des épreuves d’envergure, seule la vente l’année suivante du terrain à la société de développement immobilière Grovewood Securities va permettre au tracé implanté dans le Kent de passer à la vitesse supérieure. Après avoir accueilli neuf fois la Formule 1 entre 1950 et 1963, Silverstone s’efface logiquement devant le nouveau venu en 1964 à la faveur d’un accord d’alternance passé entre les deux pistes anglaises. Le contraste est saisissant : naturel, vallonné, sélectif et extrêmement technique, le circuit de Brands Hatch enchante autant qu’il est craint par les pilotes. Premier vainqueur de l’histoire après plus de deux heures d’efforts, l’Écossais Jim Clark ne parviendra d’ailleurs plus jamais à s’imposer sur un tracé pourtant adepte des gros cœurs.

Énorme succès populaire, l’épreuve se pose au fil des ans comme l’une des dates phares du calendrier de la F1. Mieux, elle offre des courses folles aux scénarios souvent imprévisibles. L’improbable victoire de Jo Siffert en 1968 au volant d’une Lotus 49 privée  de Rob Walker en atteste. Brands Hatch est un circuit atypique où le talent des pilotes rayonne comme nulle part ailleurs. Amphithéâtre naturel dessiné par le temps, le tracé britannique représente un vrai défi pour les hommes et les machines. Auteur cette année-là de sa toute première victoire en carrière, le pilote suisse voit sa voiture s’arrêter juste après avoir franchi le drapeau à damier. Deux ans plus tard, Jack Brabham subit à son tour les caprices de sa mécanique avec toutefois nettement moins de réussite. En passe de remporter sa 15ème  victoire, l’Australien se fait coiffer au poteau par Jochen Rindt dans le dernier tour à la suite d’une panne d’essence, ses mécaniciens ayant visiblement mal apprécié la consommation du Ford Cosworth sur une piste aussi impitoyable pour les mécaniques.

Andrea Noviello

Brands Hatch départ 1970
L’inclinée  ligne droite des stands en courbe représente l’une des caractéristiques de Brands Hatch.
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