Les circuits mythiques : Imola (1/2)

Villeneuve Pironi Imola 1982
Didier Pironi dépasse Gilles Villeneuve à Tosa alors que la victoire était promise au Québécois.
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Destiné à relancer une économie locale en berne,  l’Autodrome Enzo et Dino Ferrari voit le jour le 25 avril 1953 grâce à l’association de quatre entrepreneurs italiens. Basé à 30 km à l’est de Bologne, le circuit niché dans le parc d’Imola offre des virages extrêmement rapides et un joli vallonnement. Intégré au calendrier de la Formule 1 en 1980, le tracé italien va très vite devenir un rendez-vous immanquable en dépit de son caractère dangereux. Meurtri à jamais par les accidents mortels de Roland Ratzenberg et d’Ayrton Senna lors du maudit week-end 1994, Imola conservera la catégorie reine jusqu’en 2006 avant de définitivement baisser le rideau.

Abandonné par la Formule 1 depuis neuf ans maintenant, Imola reste irrémédiablement ancré dans le patrimoine de la catégorie reine. La faute aux tragédies qui ont jalonné son histoire, mais aussi aux Grand Prix haletants que le tracé romagnol nous a offerts pendant plus d’un quart de siècle. Entre 1980, date de son entrée dans le calendrier, et 2006, sa dernière épreuve, rares auront été les courses sans saveur sur le tracé si cher au « Commendatore ». Si la catastrophe de 1994 aura sans doute coûté sa place à l’ « Autodromo Enzo e Dino Ferrari »,  bien que celle-ci ne soit survenue que douze ans plus tard, le tracé romagnol n’en fut pas moins le théâtre de passe d’armes d’anthologie, sublimées par les meilleurs pilotes de leur génération.

Petite ville entourée par Bologne et la province de Forli-Cesena, Imola organise dès l’antiquité des courses de chars dans le parc qui fera, bien des années plus tard, la renommée de la république de Saint-Marin. Vallonné et difficile d’accès, le parc offre à l’armée de Jules César un terrain de jeu idéale pour tester et affuter ses dernières créations. Meurtrie à la sortie de la deuxième guerre mondiale, la province d’Imola va trouver son salut en renouant avec ses premiers amours. Persuadés de pouvoir relancer une économie locale mal en point, quatre entrepreneurs italiens décident d’ériger un circuit sur les pentes du Mont Castellacio, non loin du fleuve Santerno. Et pour mettre toutes les chances de leur côté, Alfredo Campagnoli, Graziano Golinelli, Ugo Montevecchi et Gualtieri Vighi s’adjoignent les services de Checco Costa, président du club moto d’Imola.

Intrigué par l’ambitieux projet, Enzo Ferrari se rend sur place au printemps 1948. Convaincu par le potentiel du site, le « Drake» soutient vivement la création du circuit et use de son influence afin de convaincre les derniers septiques. Désireux de proposer un tracé sélectif et exigeant à la fois pour les hommes et les machines, le patron de la Scuderia Ferrari s’inspire du tracé référence en la matière : le Nürburgring. Le fondateur de la mythique équipe au cheval cabré est catégorique : il veut faire d’Imola le petit « Ring » italien. Nommé circuit du Castellacio, le tracé relie plusieurs routes existantes sillonnant les collines de la ville. Composée de virages moyens et rapides, la piste longue de 5, 017 km tourne dans le sens antihoraire, chose rare à l’époque. Si la première pierre est posée le 22 mars 1950, il faudra plus de deux ans et 150 000 heures de travail pour que le projet prenne définitivement forme. La faute à des expropriations difficiles, mais aussi à différents problèmes administratifs qui ont longtemps entravé la bonne avancée des travaux.

Accords et trahisons

Officiellement inauguré le 25 avril 1953, le circuit d’Imola accueille le jour même le Grand Prix Coni, épreuve du championnat italien de moto. Dix ans après son ouverture, Imola reçoit pour la première fois la Formule 1 le 21 Avril 1963 lors d’une course hors-championnat. Si la manche est amputée de la présence, forcément fédératrice, de la Scuderia Ferrari, elle sacre l’ « Écossais volant » Jim Clark futur champion du monde et s’avère être une franche réussite. Renommé « Autodrome Dino Ferrari » en 1970 en hommage au fils du « Drake » décédé d’une leucémie à l’âge de 24 ans, Imola subit d’importants travaux de modernisation dans l’optique d’accueillir le graal du sport automobile et moto mondial. Doté de nouveaux stands flambants neufs et ultramodernes pour l’époque, le tracé est également modifié à divers endroits. La « Variante Bassa » voit le jour en amont de la ligne droite des stands en 1973, avant que la « Variante Alta », destinée à ralentir les monoplaces à l’approche du double gauche de « Rivazza », n’apparaisse l’année suivante.

Après avoir renoué des contacts avec l’univers de la F1, les propriétaires du tracé réalisent une dernière modification en greffant, sous les recommandations de la FOCA (Formula One Constructors’ Association) et des pilotes, une dernière chicane avant le virage d’« Acque Minerale » en 1981. Moins extrême qu’à son origine, Imola demeure malgré tout un tracé extrêmement rapide où la moindre sortie de piste peut s’avérer lourde de conséquences. Débarrassé de son utilisation urbaine, le tracé devient permanent en 1979 et héberge une nouvelle course de Formule 1 hors championnat le 16 septembre. Cette fois, toutes les équipes du championnat prennent part à l’épreuve qui voit Niki Lauda coiffer la victoire au volant de sa Brabham. Séduite par le tracé, la catégorie reine revient officiellement à Imola en 1980 pour le 51ème Grand Prix d’Italie, le premier et le dernier de l’histoire à ne pas s’être disputé sur le mythique Autodrome de Monza en raison de travaux de sécurisation, conséquence de l’accident de Ronnie Peterson deux ans plus tôt.

Andrea Noviello

Senna Prost Imola 1989
Ayrton Senna rompt le pacte de non agression en dépassant Alain Prost lors du deuxième départ.
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