Les circuits mythiques : Montjuïc (1/2)

Jack Brabham Jackie Stewart Montjuic 1969
Les ailerons prééminents seront interdits après les accidents de Rindt et Hill en 1969 à Montjuic.
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Instauré sous l’impulsion du pilote allemand Rudolf Caracciola, le circuit de Montjuïc est inauguré le 25 juin 1933 en plein cœur de Barcelone. Mélange de portions lentes et de courbes ultra-rapides, le tracé catalan accueille sa première course de Formule 1 en 1969. Si le caractère sélectif de la piste enchante les pilotes, sa sécurité précaire conduira rapidement à sa perte. Au terme d’une quatrième édition marquée par le terrible accident de Rolf Stommelen, l’épreuve est définitivement bannie du calendrier.

Circuit étalon du calendrier actuel de la Formule 1, le tracé de Catalunya n’est pourtant pas la seule piste basée à Barcelone qu’ait connu la catégorie reine. Si l’hyper véloce Pedralbes, premier hôte du Grand d’Espagne, ne survivra que deux ans (1951 et 1954) à l’univers féroce de la F1, un autre circuit situé dans la capitale de la Catalogne va laisser une trace indélébile dans l’histoire de la Formule 1 : l’impitoyable Montjuïc. Rapide, sélective, mais surtout dangereuse, la piste nichée sur une colline s’est, en seulement quatre petites éditions, forgée une réputation sans commune mesure auprès des différents acteurs du paddock. Détesté par certains, adoré par les autres, Montjuïc demeure encore à ce jour le plus beau tracé en ville emprunté par la catégorie reine.

En visite dans la deuxième ville d’Espagne en 1931, l’Allemand Rudolf Caracciola tombe sous le charme d’un parc à l’ambiance pittoresque. Celui qui allait devenir l’un des pilotes les plus titrés de sa génération suggère au Royal Automobile Club de Catalogne (RACC) d’aménager les voies entourant le parc afin de réaliser un circuit. Inspiré par le modèle monégasque, le tracé est inauguré le 25 juin 1933 moins de deux ans après l’idée soumise par Caracciola. La piste catalane accueille le jour même sa première épreuve d’envergure avec le Grand Prix de Penya-Rhin. Pendant trois ans, les ancêtres des Formule 1 vont s’en donner à cœur joie sur une piste mêlant à la fois des morceaux de bravoure dignes des plus grands circuits du moment et l’intransigeance d’un tracé en ville. Logé en plein milieu d’un parc d’attraction, Montjuïc serpente Barcelone dans les sens inverses des aiguilles d’une montre. Entourée d’arbres, trottoirs et autres réverbères, la piste, longue de 3, 791 km, se décompose en deux parties bien distinctes.

Un tracé élitiste

Si la première portion se veut étriquée et technique, la remontée vers la courte ligne droite des stands offre une succession de quatre virages plus rapides les uns que les autres. À l’instar de tout bon circuit en ville qui se respecte, Montjuïc ne tolère pas la moindre faute de pilotage et requiert une concentration de tous les instants. Vrai casse-tête en termes de réglages, le tracé catalan se caractérise également par son énorme saut, la « bosse de l’Estadio », situé juste avant la grande descente conduisant vers la partie basse de la piste. Cantonné dans un premier temps à des épreuves de secondes zones, le circuit espagnol prend définitivement son envol en hébergeant des courses de Formule 2 à partir de 1966. Confortés par le succès enregistré tant au niveau des pilotes que des spectateurs, les organisateurs peuvent alors amorcer leur opération de séduction auprès des acteurs de la F1. Leur détermination s’avère rapidement payante.

Montjuïc reçoit une première fois la Formule 1 en 1969, quinze ans après la dernière grande course organisée dans la ville de Barcelone sur le démoniaque tracé de Pedralbes. Soumis à la règle de l’alternance avec son voisin madrilène de Jarama, Montjuïc est unanimement salué par la presse et les pilotes par sa sécurité optimale. Son revêtement impeccable et ses barrières de sécurité installées sur une grande partie du tracé lui confèrent une sûreté très rare pour l’époque. Pourtant, dès sa première édition une catastrophe est évitée de justesse. Lancé à pleine vitesse au volant de sa Lotus équipée des tous nouveaux ailerons prééminents censés renforcer l’appui aérodynamique des F1, le Britannique Graham Hill perd le contrôle de sa monoplace sur la terrible « bosse de l’Estadio » et vient se fracasser contre les barrières de sécurité. Le choc est effroyable, mais le double champion du monde s’en tire sain et sauf. Quelques tours plus tard, son coéquipier Jochen Rindt connaît la même mésaventure que l’Anglais en raison de la rupture de son aileron arrière.

Fort heureusement, le pilote autrichien échappe lui aussi au pire, s’en tirant avec un nez cassé et une légère commotion cérébrale. Reconnaissant de ne pas être plus sérieusement blessé, le pilote Lotus envoie aux organisateurs un trophée représentant un double rail de sécurité en guise de remerciement. Vainqueur d’une première course marquée par huit abandons, sur 14 partants au départ, Jackie Stewart s’impose avec deux tours d’avance sur son plus proche poursuivant Bruce McLaren, établissant ainsi un record qui ne sera plus jamais battu dans toute l’histoire de la F1. (Seul Damon Hill égalera cette performance en remportant le Grand Prix d’Australie 1995 avec deux boucles d’avance sur son dauphin Olivier Panis). Conscient d’avoir frôlé la catastrophe en 1969, les organisateurs de la manche catalane choisissent, sous les recommandations appuyées des instances dirigeantes, de renforcer encore d’avantage la sécurité du tracé en installant des glissières d’un bout à l’autre de la piste.

Andrea Noviello

Ickx Regazzoni Amon Montjuic 1971
Corrida espagnole oblige, le départ a toujours été donné à 10h du matin sur le tracé de Montjuic.
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