McLaren MP4/4 : l’invincible (2/2)

Alain Prost Detroit 1988
Intouchable en 1988, la MP4/4 signe aux mains du duo Prost-Senna 10 doublés et 25 podiums.
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Livrée lors du dernier jour des tests d’intersaison, la McLaren MP4/4 va littéralement écraser la concurrence lors de l’inoubliable saison 1988. Singulière de part son architecture ultra plate et sa hauteur très basse, la monoplace dessinée par le duo Gordon Murray-Steve Nichols tire sa force de son exceptionnelle efficacité aérodynamique et de son redoutable moteur Honda. Avec 15 victoires en 16 Grand Prix, elle demeure encore aujourd’hui la monoplace la plus dominatrice de toute l’histoire de la Formule 1.

La dernière née des ateliers de Woking se révèle d’emblée deux secondes plus rapides que la MP4/3B hybride utilisée jusque-là lors des essais hivernaux. Plus inquiétant pour la concurrence, elle inflige dès ses premiers tours de roue une seconde pleine à ses adversaires quand ces derniers affichent déjà des milliers de kilomètres à leur compteur. Si Alain Prost se montre, dans un premier temps, réfractaire à la nouvelle position de conduite abaissée, le Français déclarant ne pas se sentir à l’aise à son volant, le double champion du monde cerne immédiatement le potentiel de son nouveau jouet. Dès sa descente de voiture, le « Professeur » affirme sans sourcilier à Ron Dennis qu’il possède la monoplace championne du monde. Les faits vont très vite lui donner raison.

En pole position dès son premier Grand Prix aux mains d’Ayrton Senna, la MP4/4 remporte le lendemain sa première victoire au Brésil grâce à un Prost parfait de bout en bout. Le meilleur est pourtant encore à venir. La 26ème création élaborée par l’écurie britannique colle, près d’un mois plus tard à Imola, 3,3 secondes à son plus proche poursuivant Nelson Piquet lors des qualifications du Grand Prix de Saint-Marin. Véritable promenade de santé, la course marque le premier doublé d’une très longue série pour l’écurie anglaise. L’hégémonie du team dirigé par Ron Dennis se poursuit de plus belle deux semaines plus tard dans les rues sinueuses de Monaco. Senna et Prost font littéralement le vide autour d’eux lors de la séance qualificative, repoussant leur premier rival Gerhard Berger à 2,6 secondes sur un tracé mesurant seulement 3, 328 km.

La F1 de tous les records

Rapidement résignée, la concurrence ne peut dès lors que reconnaître la très large supériorité des machines conçues à Woking. Intraitables sur tous les circuits du calendrier, les monoplaces oranges et blanches accumulent les succès sans jamais montrer le moindre signe de vulnérabilité. Si on excepte la disqualification de Senna au Brésil (pour changement illégal de voiture), le pêché d’orgueil du Pauliste en Principauté ou l’abandon volontaire de Prost sous le déluge de Silverstone, la MP4/4 monopolise les deux premières places à chaque manches et totalise le score parfait de 11 succès en 11 courses. Stoppée net en Italie, Prost renonçant sur une rupture de son moteur tandis que Senna victime de son impétuosité s’accroche avec la Williams de Jean-Louis Schlesser à deux tours de l’arrivée, l’incroyable moisson de victoires reprend de plus belle dès le Portugal pour s’achever en beauté deux mois plus tard lors de la manche de clôture du championnat en Australie.

Produite à six exemplaires tout au long de la saison 1988, la MP4/4 peut se targuer encore aujourd’hui du plus beaux palmarès de l’histoire. Avec 15 victoires, autant de poles positions, 10 doublés, 25 podiums ou encore 27 premières lignes en seulement 16 Grand Prix disputés, la machine dessinée par Gordon Murray et Steve Nichols est le symbole d’une domination absolue rendue possible par l’osmose parfaite entre l’écurie McLaren et son motoriste Honda, mais aussi par le talent de son exceptionnel duo de pilotes. Sur une autre planète cette saison-là, Senna et Prost ont amassé plus de points (177) à eux deux que leurs sept poursuivants au classement mondial (172). La note est encore plus salée chez les constructeurs. Forte de ses 199 unités récoltées, McLaren comptabilise trois fois plus de points que son dauphin Ferrari (65). Tout simplement titanesque.

Andrea Noviello

Ayrton Senna Monza1988
Très épurée esthétiquement, la MP4/4 décroche 15 succès en 16 courses lors de la saison 1988.
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