Williams FW14B : la révolutionnaire (1/2)

Williams FW14B Mansell Imola
Nigel Mansell couvre 3293 kilomètres en tête en 1992 grâce à la sublime Williams FW14B.
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Évolution de la déjà très réussie FW14, la Williams FW14B reprend les forces de sa devancière en les poussant à leur paroxysme. Boîte de vitesse semi-automatique, contrôle de traction, système antiblocage des freins et surtout suspension active font de la monoplace dessinée par Adrian Newey l’épouvantail de la saison 1992. Menée au titre mondial par un Nigel Mansell au sommet de son art, elle rafle 10 victoires, 15 pole positions et 11 meilleurs tours en course. Une véritable razzia.

Sur la voie de la rédemption depuis trois ans et l’arrivée à ses côtés du motoriste français Renault, Williams reste sur une saison 1991 pleine de promesses. Première vraie création du jeune ingénieur Adrian Newey, la FW14 a replacé l’écurie chère à Frank Williams sur le devant la scène et permis à son pilote vedette, Nigel Mansell, de concurrencer jusqu’au bout la star de la discipline Ayrton Senna dans la quête du titre mondial. Finalement battue par sa rivale de Woking, l’équipe basée à Didcot n’en demeure pas moins gonflée à bloc par un championnat où elle aura tout même su conquérir sept victoires. Si la FW14 s’est révélée être une franche réussite en termes de performance, elle n’était pas pour autant exempte de tout défaut. Le manque de fiabilité chronique de sa toute nouvelle boîte de vitesse semi-automatique, cinq abandons provoqués par des défaillances du dispositif, a sans doute coûté le titre au « Moustachu » et privé Williams d’une première couronne mondiale depuis 1987.

Focalisé sur la fiabilisation de sa nouvelle monture pendant l’hiver 1992, le team britannique a tout de même concentré la grande majorité de ses ressources sur une technologique qui va à jamais marquer l’histoire de la Formule 1 : la suspension active. Après avoir essuyé les plâtres en 1987 avec un système encore très perfectible, bien que Nelson Piquet imposa la Williams à suspension réactive dès sa première sortie officielle à Monza, les ingénieurs de l’écurie anglaise sont enfin parvenus à concrétiser tous les espoirs d’un projet né cinq ans auparavant. Élaborée autour de ce système, la nouvelle Williams reprend les lignes fluides et épurées de sa devancière, mais se distingue par un nez légèrement plus long. Autre changement visuel notable : la dernière création d’Adrian Newey arbore deux bulbes au-dessus des biellettes de suspension afin d’abriter son arme secrète.

La première vraie suspension active

Les véritables changements apportés à la FW14B étant invisibles à l’œil nu, personne ne se doute alors que Williams vient, grâce au talent d’un certain Paddy Lowe, de mettre le doigt sur une technologique fascinante, mais potentiellement destructrice pour l’intérêt du championnat 1992. Capable d’anticiper les changements d’élévation d’un tracé et d’absorber toutes sortes de bosses ou d’aspérité grâce à un logiciel préprogrammé électroniquement, la dernière née des ateliers de Didcot génère, en outre, un appui aérodynamique phénoménal, fruit d’un très long travail autour des flux d’air passant sous et au-dessus de la voiture. Pionnière en matière de suspension active, la FW14B adopte également une boîte de vitesse semi-automatique revue et corrigée, un système d’antiblocage des freins perfectionné et un tout nouveau contrôle de traction censé limiter le patinage des roues arrière à l’accélération.

Rassurée sur le potentiel de sa nouvelle machine à la suite des nombreux tests menés pendant l’hiver par son pilote essayeur Damon Hill, Williams hésite pourtant à lancer la FW14B dans le grand bain dès l’ouverture de la saison en Afrique du Sud. La fiabilité de la suspension active et ses potentiels risques en termes de sécurité n’ayant pas été complètement levés, l’écurie britannique décide de se rendre sur le circuit d’Estoril six semaines avant le début des hostilités pour mener des tests de comparaisons. Pendant huit jours, la dernière création d’Adrian Newey est confrontée à une version jumelle dotée d’une suspension passive. Le résultat est édifiant. La différence se chiffre à deux secondes au tour au bénéfice de la Williams équipée de la suspension active. Fort de ce constat, l’écurie chère à Sir Frank choisit d’aligner sa monture la plus avancée technologiquement parlant dès le coup d’envoi du championnat à Kyalami.

Désignée comme la grande favorite de la saison 1992, d’autant que la nouvelle version du V10 Renault (RS3C) a encore franchi un cap en matière de puissance et de souplesse d’utilisation, la FW14B ne tarde pas à justifier son statut d’épouvantail en piste. Emballé par le comportement d’une monoplace qui convient parfaitement à son style de pilotage généreux, Nigel Mansell signe une pole position péremptoire en Afrique du Sud. La première d’une très longue série. Relégué à sept dixièmes du chrono de l’Anglais, le champion du monde en titre Ayrton Senna ne peut que constater les dégâts. La nouvelle machine conçue dans les ateliers de Didcot boxe tout simplement dans une autre catégorie. La démonstration est encore plus éclatante en course. Mansell s’offre le deuxième grand chelem de sa carrière (pole, victoire, meilleur tour en course, leader de bout en bout) tandis que Riccardo Patrese complète le triomphe de la FW14B en terminant derrière son coéquipier.

Andrea Noviello

Williams FW14B Patrese Imola
Le secret de l’efficacité de la Williams FW14B réside dans sa suspension active révolutionnaire.
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