En route vers une cinquième victoire consécutive, Michael Schumacher est frappé par une défaillance de sa boîte de vitesse lors du Grand Prix d’Espagne 1994. Bloqué en cinquième rapport pendant les deux tiers de la course, l’Allemand réussit un authentique exploit en s’adjugeant une incroyable deuxième place.
Désigné comme le nouveau patron du paddock après son entame parfaite de championnat et sa dernière victoire de prestige dans les rues de Monaco, Michael Schumacher se présente à Barcelone dans le costume de l’homme à battre. Invaincu en 1994, l’Allemand possède un confortable matelas de 30 points sur son plus proche poursuivant Gerhard Berger au classement. L’enfant prodigue de Kerpen n’est pourtant pas du genre à se laisser griser par son statut de grand favori. Bien décidé à prolonger son incroyable série de succès, le pilote Benetton met à profit les essais libres pour tester les dernières évolutions apportées sur le B194 par les ingénieurs d’Enstone. Toujours aussi performant sur un tracé qui lui a valu ses premiers exploits en F1, « Schumi » surclasse la concurrence au point que certains commencent sérieusement à s’interroger sur la légalité de la dernière création du team italo-britannique.
Déjà sérieusement mise en doute par Ayrton Senna avant que le Brésilien ne trouve la mort sur le tracé d’Imola, la conformité de la machine du natif d’Hürt Hermülheim avec la nouvelle réglementation en vigueur suscite de plus en plus de questionnement auprès de ses adversaires. En rien troublé par des allégations qu’il juge tout bonnement infondées, le protégé de Willi Weber se charge de répondre en piste à ses détracteurs. Déjà souverain lors des qualifications de Monaco, le « petit Mozart de la F1 » réaffirme son habilité dans l’exercice du tour chronométré en décrochant sur le circuit de Catalunya sa seconde pole position consécutive, la deuxième de sa carrière au plus haut niveau du sport automobile. L’écart avec son coéquipier JJ Lehto est encore une fois abyssal : une seconde pleine sépare les deux Benetton sur la feuille de temps.
La marque des grands
Installé au sommet de la grille, le poulain de Flavio Briatore s’extirpe plutôt bien de son emplacement lors de l’extinction des feux, mais n’hésite pas à traverser la piste pour empêcher ses adversaires directs de lui subtiliser les commandes de la course. Parti sur un rythme effréné, le pilote de 25 ans colle 2,5 secondes à son dauphin Damon Hill dès le premier tour. Deux boucles plus tard, l’écart entre les deux hommes grimpe au-dessus de la barre des quatre secondes et ne va pas cesser de s’accroître. Plus rapide d’une seconde au tour que le pilote Williams, Schumacher se détache irrémédiablement en tête au moment au Mika Hakkinen lance la salve des arrêts ravitaillements. Appelé à son box dans la 18ème boucle, le nouvel homme fort du plateau conserve tranquillement les commandes du Grand Prix. Rien ne semble alors pouvoir empêcher l’Allemand de ceindre un cinquième succès d’affilée en 1994.
Épargné jusque-là par les ennuis techniques, le jeune prodigue est pour la première fois de l’année touché par une avarie technique à Barcelone, sa boîte de vitesse se bloquant sur le cinquième rapport. Contraint de réduire sa cadence, le protégé de Willi Weber laisse passer Hakkinen et Hill, chutant ainsi au 3ème rang. Imperturbable malgré une machine nettement moins confortable à exploiter, « Schumi » adapte son style de pilotage en conséquence et retrouve au fil des tours un rythme de plus en plus élevé. Propulsé en tête de la course par l’abandon du Finlandais et l’arrêt au stand du Britannique au 41ème tour, le pilote Benetton retombe en 2ème position après avoir effectué, non sans mal, son second passage par les box. Trop handicapé par sa mécanique pour tenter de ramarrer le leader Hill, Schumacher se contente sagement des six points de la deuxième place au terme d’une prestation héroïque.
Andrea Noviello
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