Sacré champion du monde dans la polémique, Michael Schumacher remet son titre en jeu lors de la saison 1995. Désormais équipé du moteur Renault, l’Allemand entame son opération reconquête par un brillant succès en ouverture de championnat à Interlagos malgré une nouvelle controverse concernant cette fois l’essence de la B195.
Sévèrement critiqué par les observateurs pour avoir délibérément provoqué l’accrochage avec son rival dans la course au titre Damon Hill lors de l’ultime épreuve de la saison 1994 en Australie, Michael Schumacher revient quatre mois plus tard dans les paddocks de F1 plus sûr de sa force que jamais. Bien déterminé à défendre une couronne mondiale chèrement acquise l’an dernier, le pilote Benetton compte également prouver à ses détracteurs que son sacre d’Adelaïde n’est en rien usurpé. Conforté pendant l’hiver par le potentiel de la nouvelle B195, même si les nouvelles restrictions réglementaires (réduction de la taille des ailerons avant et arrière ainsi que des dérives latérales) la rendent particulièrement difficile à piloter, le protégé de Willi Weber sait en outre pouvoir s’appuyer sur un moteur enfin à la hauteur de son talent.
Réservé aux seules Williams la saison précédente, le V10 Renault équipe désormais la dernière création de Rory Byrne, offrant à « Schumi » les meilleures chances de conserver son titre. Pourtant, le mariage entre le team dirigé par Flavio Briatore et la marque au losange va connaître des débuts délicats. Victime de la rupture d’un cardan de sa direction, le natif d’Hürt-Hermülheim sort violemment de la piste lors de la séance qualificative du vendredi. Relégué à deux secondes des chronos réalisés par les redoutables FW17 à l’issue de la première journée d’essais, l’enfant prodigue de Kerpen parvient toutefois à sensiblement se rapprocher le samedi, décrochant le deuxième temps trois dixièmes derrière la Williams du poleman Hill. Si le Britannique part avec les faveurs des pronostics, le champion en titre n’entend pas lui faciliter la tâche en course.
Exclu puis réintégré
Spécialiste des départs tonitruants en 1994, le « petit Mozart de la F1 » justifie sa réputation de « gros starter » à Interlagos, prenant d’entrée le meilleur sur Hill. Capable de contenir les assauts du fils de Graham malgré la supériorité avérée de la dernière née d’Adrian Newey, le poulain de Flavio Briatore mise sur une stratégie agressive à trois arrêts pour tenter d’enrayer la belle mécanique Williams. Le pilote de 26 ans marque son premier pit-stop au 18ème tour et ressort en cinquième position derrière la Ferrari de Gerhard Berger. S’il vient facilement à bout de l’Autrichien dans la boucle suivante, le natif d’Hürt-Hermülheim perd son duel à distance avec Hill. Profitant d’une piste claire devant lui et d’une machine allégée en essence, l’Anglais se construit une avance suffisante pour repartir devant « Schumi » après son passage par les box au 22ème tour.
Bien que revenu au 2ème rang au terme de la première salve des arrêts ravitaillement, le protégé de Willi Weber ne semble pas pouvoir prétendre à la victoire sur l’autodrome baptisé en hommage à Carlos Pace. Pourtant, la réussite lui sourit de nouveau dans le 30ème tour lorsqu’un souci de suspension conduit le confortable leader Hill à renoncer. Propulsé en tête du Grand Prix, l’enfant prodigue de Kerpen n’a dès lors plus de rival à sa mesure. Ni deux autres passages par les box ni la seconde Williams de David Coulthard ne viendront troubler la quiétude du champion du monde 1994 dans la deuxième partie de course. Magistral vainqueur de cette manche inaugurale, l’Allemand voit pourtant son onzième succès en F1 remis en cause par la FIA pour essence non conforme. Déclassé quelques heures après l’arrivée, Schumacher récupérera finalement sa victoire deux semaines plus tard à l’issue d’une audience en appel. La quête d’un deuxième sacre est lancée.
Andrea Noviello
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