Jerez 1997 : le mauvais réflexe

Michael Schumacher Europe 1997
Attaqué par Villeneuve, Michael Schumacher ferme la porte avant de terminer sa course dans le sable.
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Arrivé à Jerez dans la peau de leader du championnat, Michael Schumacher abandonne ses chances de sacre sur un triste abandon au Grand Prix d’Europe 1997. Victime de ses vieux démons, l’Allemand sera même exclu par la FIA pour avoir volontairement accroché son rival Jacques Villeneuve.

Sanctionné d’un stop and go de 10 secondes en Autriche pour avoir dépassé son compatriote Heinz-Harald Frentzen sous régime de drapeau jaune, Michael Schumacher est en revanche parvenu à passer entre les mailles du filet quelques semaines plus tard à Suzuka lors de la très controversée séance libre du samedi matin. Coupable de la même infraction que son unique rival dans la course au titre Jacques Villeneuve, les deux hommes ignorant les drapeaux jaunes à la sortie du virage Spoon signalant la Tyrrell à l’arrêt de Jos Verstappen, l’Allemand n’a, à l’inverse du Canadien, pas été inquiété par une FIA étrangement partiale dans cette affaire. S’il est vrai que le pilote Williams était déjà sous le coup d’une course de suspension pour avoir justement enfreint ce point de la réglementation à plusieurs reprises dans la saison, le timing choisi par les commissaires de l’instance dirigeante laisse songeur.

En disqualifiant le Québécois après l’arrivée du Grand Prix du Japon, la Fédération Internationale de l’Automobile a non seulement privé le fils de Gilles des deux points de sa cinquième place, mais a surtout permis au pilote Ferrari de récupérer les rênes du championnat. Bien que minime, son avance d’une unité sur Villeneuve offre au natif d’Hürt-Hermülheim un léger ascendant psychologique avant la grande finale de Jerez. Pourtant là où le pilote Williams affiche une totale décontraction, le protégé de Willi Weber se montre nettement plus tendu. Piqué au vif par les déclarations provocatrices de son adversaire, « Schumi » tente de répondre sur la piste. Boosté par les récents progrès effectués par la F310B, le double champion du monde enlève le deuxième temps en qualification, signant au passage le même chrono au millième près que le poleman Villeneuve et le troisième Heinz-Harald Frentzen (1’21’’172).

Un geste condamnable et condamné

Placé du côté le moins adhérent de la piste, l’ancien poulain de Flavio Briatore tire cependant profit de ses gommes neuves (le Québécois ayant, lui, choisi de s’élancer en pneus rodés) pour griller la politesse à Villeneuve au départ. Rapidement assis sur un matelas de quatre secondes d’avance sur la Williams du Canadien, le fer de lance de la Scuderia domine la première partie de course jusqu’à son arrêt au stand dans le 22ème tour. De retour au sommet de la hiérarchie après les pit-stop des deux pilotes de Sir Frank, le prodigue de Kerpen reste toutefois à portée de tir de son adversaire au championnat. Revenu dans le sillage du « Baron Rouge », Villeneuve tente de piquer la Ferrari flanquée du numéro 5 dans l’épingle de Dry Sac. Sans succès. Le « petit Mozart de la F1 » oppose une fin de non-recevoir au Québécois et conserve les rênes du Grand Prix. Ce n’est que partie remise. Si le « Kaiser » parvient à accroître son pécule d’avance à la faveur du dépassement des retardataires et d’un Norberto Fontana particulièrement lent à s’effacer devant le Canadien, la tendance va sérieusement s’inverser après la deuxième valse des arrêts ravitaillements.

Appelé à son box au 43ème passage, le champion du monde 1995 reprend la piste sous le nez des deux Mclaren de David Coulthard et de Mika Hakkinen. Mais son rythme n’est plus aussi bon que celui de Villeneuve. La faute à une surchauffe inquiétante de son moteur Ferrari. De deux secondes après le pit-stop du pilote Williams, l’écart tombe à seulement quelques dixièmes en seulement trois boucles. Revenu sur les talons du leader du championnat dans le 47ème tour, Villeneuve ose un dépassement gonflé dans Dry Sac. Surpris par la soudaineté de la manœuvre, « Schumi » laisse parler ses vieux démons et adresse un grossier coup de volant au Canadien. Efficace trois ans plus tôt à Adelaïde face à Damon Hill, le geste antisportif du pilote Ferrari se retourne cette fois contre lui. Parti s’enterrer dans les graviers, l’Allemand abandonne ses rêves de troisième sacre sur une nouvelle polémique. Exclu du championnat par la FIA, Schumacher perd tous ses points et la dernière once de sympathie dont il jouissait encore à l’intérieur du paddock. Triste épilogue.

Andrea Noviello

Michael Schumacher Jerez 1997
La côte d’impopularité de Michael Schumacher explose après son coup de volant grossier à Jerez.
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