Révélation du dernier championnat, Michael Schumacher entame sa saison 1993 sur une bataille d’anthologie avec Ayrton Senna lors du Grand Prix d’Afrique du Sud. Troisième chrono des qualifications, l’Allemand livre un duel à couteaux tirés avec le pilote McLaren avant qu’une tentative de dépassement osée sur le Brésilien ne le contraigne à l’abandon.
Troisième du championnat en 1992 pour sa première saison complète au volant d’une Formule 1, Michael Schumacher attaque la saison 1993 avec l’envie chevillée au corps de s’approcher encore un plus de ces imbattables Williams. Bien qu’encore inférieure aux machines dessinées par le génial Adrian Newey, la nouvelle B193 doit lui permettre de s’inviter plus régulièrement dans la lutte à la victoire d’autant que l’écurie dirigée par Flavio Briatore jouit d’un avantage non négligeable sur sa rivale McLaren. Délaissée par Honda, le manufacturier japonais ayant décidé d’arrêter les frais, l’écurie de Ron Dennis doit se contenter d’un V8 Ford client quand dans le même temps Benetton bénéficie du soutien officiel du motoriste américain. Conforté dans sa position de leader du team après sa brillante première année à Enstone, le jeune prodigue se voit attribuer un nouvel coéquipier (le troisième après Nelson Piquet et Martin Brundle) en la personne de Riccardo Patrese.
Évincé de chez Williams au profit du revenant Alain Prost et de l’ancien pilote essayeur Damon Hill, le vétéran italien va tenter de réussir là où ses deux prédécesseurs se sont cassés les dents : dominer sur l’espace d’une saison entière le protégé de Willi Weber. Pas une mince affaire quand on sait que le natif de Padoue reste sur une année 1992 très décevante tandis que de son côté « Schumi » n’a cessé de s’affirmer comme le futur grand de demain. Hélas pour Patrese, les qualifications du Grand Prix d’ouverture en Afrique du Sud livrent un constat cinglant sur la différence de performance entre les deux hommes. Toujours aussi rapide dans l’exercice du tour chronométré, le natif d’Hürt Hermülheim s’adjuge un très joli 3ème chrono, collant au passage près d’1,5 seconde à son nouveau voisin de garage.
Une erreur de jeunesse
Positionné du côté le plus propre de la piste, l’Allemand s’élance moyennement à l’extinction des feux, perdant d’entrée une place au profit de Hill. Sans doute un peu grisé par son envol supersonique, le fils de Graham part à la faute dès le virage 3 et gène son triple champion du monde d’équipier. Opportuniste, le pilote Benetton en profite pour subtiliser la 2ème place à Prost. Lancé aux trousses du leader Ayrton Senna, l’ancien fer de lance de Mercedes en Endurance doit rapidement conjuguer avec le retour du Français. S’amorce alors une somptueuse bataille à trois entre les deux titans de la F1 et leur possible successeur. Menacé une première fois par le Tricolore au 11ème passage, le poulain de Briatore cède finalement devant l’attaque imparable du « Professeur » deux boucles plus tard.
Relégué en 3ème position, « Schumi » va attendre que Prost se débarrasse enfin de Senna au 24ème tour pour en faire de même dans le virage de Wesbank. Sa joie sera pourtant de courte durée. Appelé à son stand le tour suivant afin de chausser des pneus neufs, le pilote de 24 ans ressort derrière le Pauliste passé lui aussi à son box. S’en suit une intense guerre des nerfs qui tournera finalement en faveur du Brésilien. En dépit de moult tentatives de dépassement, Schumacher bute pendant plus de 15 tours sur Senna avant qu’une ultime attaque, quelque peu hasardeuse il est vrai, ne l’envoie en tête-queue au 40ème passage. Vert de rage, Schumacher renonce, moteur calé, après s’être encore une fois frotté d’un peu trop près à Senna. Ils ne le savent pas encore, mais les deux hommes n’ont pas fini de se trouver en cette saison 1993.
Andrea Noviello
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