Orphelin d’Ayrton Senna décédé quinze jours plus tôt à Imola, Michael Schumacher prend la succession du Brésilien lors du Grand Prix de Monaco 1994. Sans opposition sur le mythique tracé princier, l’Allemand enlève sa première victoire en Principauté et affirme un peu plus sa place de nouvel homme fort de la F1.
Sorti vainqueur de son premier mano à mano de la saison avec l’archi-favori du championnat Ayrton Senna au Brésil, Michael Schumacher a depuis bel et bien affirmé ses ambitions en remportant la deuxième épreuve de la saison disputée sur le tout nouveau tracé d’Aïda au Japon. Arrivé avec une confortable marge de vingt points d’avance sur son rival Brésilien à Imola, l’Allemand ne se doutait alors pas qu’il n’aurait bientôt plus jamais le loisir d’affronter le triple champion du monde en piste. Fauché au sommet de sa gloire dans le virage de Tamburello, le Pauliste s’en est allé rejoindre les François Cevert, Jim Clark et autres Gilles Villeneuve au paradis des pilotes, laissant l’ancien fer de lance de Mercedes en Endurance orphelin de son idole d’enfance, mais aussi de son plus sérieux opposant dans la course au titre.
Profondément bouleversé par les tragiques événements qui ont entaché le Grand Prix de Saint-Marin, Roland Ratzenberger ayant lui aussi perdu la vie lors de la séance de qualification, « Schumi » envisage de mettre un terme prématuré à sa carrière au plus haut niveau. Déboussolé par la disparition de celui qui l’avait tant impressionné au volant d’un karting alors qu’il n’avait encore que dix ans, le pilote Benetton refuse de se rendre aux obsèques de Senna, une décision qu’il regrettera par la suite. Après s’être longtemps interrogé sur son avenir dans la discipline, le protégé de Willi Weber décide de poursuivre son aventure en F1 tout en reprenant le flambeau abandonné par le Brésilien sur le thème de la sécurité. Le terrible accident de Karl Wendlinger lors des essais libres du jeudi replonge le paddock dans l’effroi d’Imola, mais va permettre à un GPDA renaissant d’enfin faire entendre sa voie auprès des instances dirigeantes.
Une démonstration de force
Très impliqué dans le combat sécuritaire mené en Principauté par les pilotes contre une FIA complètement dépassée, le « petit Mozart de la F1 » n’en demeure pas moins déterminé à asseoir sa mainmise sur cette saison 1994. Auteur en qualification de la première pole position de sa carrière, il repousse son coéquipier JJ Lehto à plus de quatre secondes de son chrono, le poulain de Flavio Briatore tire pleinement profit de sa position de pointe au départ et vire en tête dans l’entonnoir de Saint-Dévote. Incroyable d’aisance sur l’impitoyable tracé princier, « Schumi » se détache rapidement de la Ferrari de Gerhard Berger. En seulement trois tours, il colle la bagatelle de 5,7 secondes à l’Autrichien. Dix boucles plus tard l’addition est encore plus sévère puisque la Ferrari se voit rejeter à près de 15 secondes de l’indéboulonnable leader.
Passé une première fois par les stands au 23ème passage sans perdre les rênes du Grand Prix, le pilote de 25 ans poursuit son festival tout en se dépatouillant de retardataires pas toujours très conciliants. Les records du tour tombent les uns après les autres, mais l’Allemand ne ralentit pas la cadence pour autant. Nanti d’une confortable avance de 39 secondes sur Berger, il stoppe à son box une deuxième fois dans la 49ème boucle et repart solidement installé au commandement. Pas d’avantage menacé par la McLaren de Martin Brundle qu’il ne l’était par Berger, le natif d’Hürt Hermülheim laisse son coéquipier Lehto se dédoubler à deux tours de la fin et s’en va tranquillement chercher son premier succès à Monaco. Avec un score parfait de quatre victoires en quatre courses, Schumacher s’impose comme le nouveau grand favori d’une saison 1994 encore loin d’avoir révélé toutes ses surprises.
Andrea Noviello
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