Monza 1998 : la vendetta

Michael Schumacher Italie 1998
Michael Schumacher coiffe en Italie la 119ème victoire d'une Ferrari en Formule 1.
Facebooktwitter

Toujours sous le coup de sa déception belge, Michael Schumacher prend une cinglante revanche sur les McLaren-Mercedes lors du Grand Prix d’Italie 1998. Auteur samedi de sa première pole position de la saison, l’Allemand confirme en course en s’adjugeant une victoire impériale sur les terres de Ferrari.

Retenu in extremis par Stefano Domenicali puis ramené à la raison par le directeur de la Scuderia, Jean Todt, tandis qu’il s’apprêtait à laisser éclater sa colère contre le visage de David Coulthard, Michael Schumacher n’a depuis son altercation virile avec l’Écossais pas digéré un abandon qui risque bien de lui coûter le titre mondial en fin de saison. Alors qu’il aurait pu quitter Spa avec trois points d’avance sur son seul rival au championnat Mika Hakkinen, le pilote Ferrari court toujours derrière le Finlandais puisqu’il accuse sept longueurs de retard sur le pilote McLaren. De quoi renforcer encore un peu plus les désirs de vengeance du double champion du monde à l’heure où se profile le rendez-vous à domicile de Ferrari à Monza. Conscient de ne plus détenir le moindre joker dans sa manche, l’Allemand aborde la manche italienne avec l’obligation de reprendre du terrain à son adversaire. Une tâche à la portée de « Schumi », mais qui se heurte toutefois au rendement inquiétant de la F300 quelques semaines plus tôt à Hockenheim.

Totalement hors du coup sur l’autre circuit haute-vitesse de la saison, la création de Rory Byrne reçoit en Italie de nouveaux pneus Goodyear censés en améliorer grandement la performance. Le résultat est d’ailleurs tangible dès la séance qualificative puisque le natif d’Hürt-Hermülheim s’offre à l’issue d’un tour magistral sa première pole position de l’année. Si ce meilleur chrono doit autant au talent du « Baron Rouge » qu’au mauvais étalonnage de boîte des McLaren, il corrobore cependant l’énorme pas en avant effectué par le team transalpin depuis l’épreuve allemande. Gonflé à bloc par sa position de pointe sur la grille, le protégé de Willi Weber ne profite toutefois pas bien longtemps de son avantage à l’extinction des feux. Crédité d’un nouvel envol catastrophique, le « Kaiser » voit Hakkinen, Coulthard, Villeneuve et Irvine le déborder avant l’attaque de la première chicane. Tombé au cinquième rang, le prodige de Kerpen amorce sa remontée dès la Variante della Roggia en se débarrassant de la Williams du Québécois.

Coulthard ce bienfaiteur

Laissé passer par son coéquipier dans le 3ème tour, Schumacher peut désormais se lancer à l’assaut des McLaren. Relégué à 4,5 secondes du leader de la course Hakkinen, le « petit Mozart de la F1 » éprouve néanmoins quelques difficultés à recoller à l’avant du peloton. Si entre temps le Finlandais a logiquement cédé les commandes du Grand Prix à un Coulthard bien plus rapide que lui, l’écart entre la McLaren de tête et le champion du monde 1995 a encore grimpé pour se fixer juste en-dessous de la barre des dix secondes. Bloqué derrière son rival dans la course au titre, le fer de lance de la Scuderia va alors bénéficier d’un coup du sort pour le moins improbable. Solidement ancré aux commandes de l’épreuve, Coulthard explose son moteur à la sortie de la Curva Biassono au 17ème passage et cause bien involontairement la perte de son coéquipier. Aveuglé par l’immense panache de fumée dégagé par le Mercedes de son voisin de garage, Hakkinen ralentit violement et sort même légèrement dans l’herbe, offrant ainsi une occasion unique à l’ancien poulain de Flavio Briatore de lui ravir le leadership.

Pas décidé à gâcher une telle opportunité, le pilote de 29 ans attaque aussitôt la McLaren du Finlandais. Mieux sorti de la deuxième chicane, la coqueluche de Maranello croise son adversaire avant le premier Lesmo et prend, à la plus grande joie des tifosis, les rênes de la course. En mesure de se créer rapidement une marge de deux secondes sur Hakkinen, « Schumi » choisit pourtant de s’arrêter avant le pilote McLaren en opérant son seul pit-stop dans la 31ème boucle. Reparti le couteau entre les dents, l’Allemand profite à merveille de ses gommes neuves et récupère facilement la tête des opérations après l’arrêt-ravitaillement du Finlandais quatre tours plus tard. Trahi par des freins au bord de la rupture, Hakkinen doit, lui, sensiblement ralentir sa cadence en fin de Grand Prix. Victime d’un effrayant tête-à-queue au niveau de la deuxième chicane dans la 47ème tour, le protégé de Ron Dennis laisse filer la Ferrari d’Irvine et la Jordan de Ralf Schumacher, donnant encore davantage de saveur à la victoire du « Baron Rouge ». Impérial sur les terres de la marque au cheval cabré, Schumacher rafle sa sixième victoire en 1998 et revient à égalité parfaite d’Hakkinen au championnat avec 80 points chacun. La bataille finale est lancée.

Andrea Noviello

Michael Schumacher Monza 1998
Schumacher et Irvine offrent à l’écurie Ferrari son premier doublé à domicile depuis dix ans.
Facebooktwitter

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*