Parti pour une nouvelle démonstration sous la pluie, Michael Schumacher voit ses chances de remporter le Grand Prix de Belgique 1998 tombées à l’eau après une incompréhension avec David Coulthard. En passe de prendre un tour à son adversaire, l’Allemand juge mal le ralentissement de l’Écossais et percute de plein fouet l’arrière de la McLaren au 25ème tour.
Plus que jamais en lice pour une troisième couronne mondiale après son magistral succès de Budapest, Michael Schumacher se rend sur son circuit fétiche de Spa-Francorchamps avec la ferme envie d’en découdre. Si sa F300 n’affiche toujours pas le niveau de compétitivité des impressionnantes McLaren-Mercedes, la dernière-née des ateliers de Maranello se pose tout de même comme une arme d’une redoutable fiabilité. C’est bien simple depuis sa casse moteur lors de la manche inaugurale à Melbourne, l’Allemand n’a plus connu la moindre avarie technique en course. Un atout de poids dans la course au titre d’autant que les flèches d’argent ont laissé transparaître quelques failles en la matière pendant la tournée estivale. Porté par l’ivresse de sa victoire magyare, le double champion du monde va pourtant lourdement retomber sur terre lors des qualifications du Grand Prix de Belgique. Incapable de suivre la folle cadence des McLaren, il échoue à 1,3 seconde du chrono réalisé par le poleman Mika Hakkinen, « Schumi » a de surcroît vu son ancien ennemi préféré Damon Hill lui griller la politesse dans l’exercice du tour chronométré.
Rejeté sur la quatrième place de la grille de départ, le natif d’Hürt-Hermülheim n’a, à priori, aucune chance de briller en course. Du moins sur le sec, car la pluie vient de nouveau se mêler à la fête dans les Ardennes belges. Un déluge s’abat même sur Francorchamps le dimanche matin, redonnant le sourire à celui qui reste sur une époustouflante démonstration de virtuosité à Spa un an plus tôt. Homme le plus rapide en piste lors du warm-up, il colle 1,2 seconde à la McLaren de son rival au championnat Hakkinen, le « Baron Rouge » a désormais acquis la conviction que le rapport de force entre lui et le Finlandais s’est totalement inversé en sa faveur depuis la veille. Auteur d’un premier envol poussif depuis le côté extérieur de la piste, Schumacher parvient néanmoins à se frayer un chemin derrière la Williams de Jacques Villeneuve et à échapper de justesse au plus grand carambolage de l’histoire de la F1 provoqué derrière lui par la McLaren de Coulthard. En tout, treize voitures restent sur le carreau dans la descente du Raidillon, contraignant la direction de course à stopper l’épreuve.
Un accrochage stupide
Après plus d’une heure d’interruption, un second départ est donné sans les malheureux Barrichello, Salo, Rosset et Panis. Cette fois, le « Kaiser » bondit de son emplacement sur la grille et pousse à la faute l’autre flèche d’argent d’Hakkinen dans le virage de la Source. Ressorti en troisième position de l’Eau Rouge, le prodige de Kerpen se débarrasse aussitôt de son coéquipier Eddie Irvine aux Combes et s’installe au deuxième rang au moment où la safety-car entre en piste afin de dégager la McLaren accidentée d’Hakkinen. Avec l’abandon du pilote McLaren, le « petit Mozart de la F1 » peut ouvertement briguer un sixième succès en 1998. Mais pour cela encore faut-il venir à bout de la Jordan de son ancien rival Hill, leader de la course après un envol de toute beauté. C’est chose faite dès le 8ème passage à l’issue d’une manœuvre imparable à l’amorce de la chicane de l’Arrêt de bus. Installé dans sa position favorite, le champion du monde 1995 entame alors un véritable cavalier seul.
Trois secondes au tour plus rapide que ses rivaux, le pilote de 29 ans survole les débats jusqu’à qu’un événement inattendu vienne totalement chambouler son Grand Prix. Alors qu’il compte une confortable marge de 40 secondes sur son dauphin Hill, l’ancien poulain de Flavio Briatore apprécie mal le ralentissement soudain de la McLaren de Coulthard au 25ème tour et percute violemment l’arrière de la MP4/13. Rentré à son box sur trois roues, tout le train avant-droit de sa F300 ayant été détruit dans le choc, le fer de lance de la Scuderia s’empresse de rejoindre le stand McLaren avant d’invectiver virilement l’Écossais. Convaincu de l’intentionalité du geste de Coulthard, la coqueluche de Maranello est à deux doigts d’en venir aux mains avec le pilote McLaren, mais est fort heureusement stoppé dans son élan par ses propres mécaniciens. Reste qu’en mettant, comme Hakkinen, pied à terre à Spa, Schumacher rate une occasion en or de s’emparer pour la première fois de la saison de la tête du championnat.
Andrea Noviello
Poster un Commentaire