Silverstone 1998 : le hold-up

Michael Schumacher Angleterre 1998
Michael Schumacher remporte la victoire la plus improbable de sa carrière depuis la voie des stands.
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Requinqué par ses deux victoires consécutives, Michael Schumacher poursuit sur sa lancée lors du très arrosé Grand Prix de Grande-Bretagne 1998. Largué en première moitié de course par la McLaren d’Hakkinen, l’Allemand renverse la situation à son avantage et remporte une victoire insolite depuis la voie des stands.

Promu au rang de principal opposant à Mika Hakkinen dans la course au titre depuis son triomphe canadien, Michael Schumacher aborde la prochaine étape du calendrier en France fort de solides convictions. Outre l’apport de la très controversée cartographie moteur entièrement paramétrable, sa F300 reçoit un autre coup de boost dans la Nièvre avec l’arrivée de tous nouveaux pneus Goodyear. Preuve en est, l’Allemand signe sur le sol tricolore son week-end le plus accompli de l’année. Battu par son rival Hakkinen en qualification, le « Baron Rouge » prend une cinglante revanche en course, porté il est vrai par un envol de toute beauté et l’aide précieuse de son coéquipier Eddie Irvine. En achevant sa démonstration nivernaise avec près de 20 secondes d’avance sur la monoplace sœur de l’Irlandais, le double champion du monde offre non seulement à la Scuderia son premier doublé depuis le Grand Prix d’Espagne 1990 (Prost devant Mansell), mais envoie surtout un message fort à la concurrence. Lui et Ferrari sont bien de retour sur le devant de la scène.

Les progrès enregistrés par l’écurie la plus titrée de l’histoire se confirme d’ailleurs dès les qualifications du Grand Prix d’Angleterre. Sur un circuit censé pourtant favoriser l’excellence aérodynamique et la puissance du package McLaren-Mercedes, le pilote Ferrari réussit à s’inviter en première ligne, échouant à seulement quatre dixièmes du poleman Hakkinen. Galvanisé par sa deuxième place sur la grille, le « Kaiser » voit son moral encore gonfler lorsque des litres d’eau s’abattent sur Silverstone le matin de la course. Malheureusement pour lui, le ciel anglais ferme ses vannes avant le départ et c’est sur une piste séchante que les pilotes s’élancent. Désavantagé par des gommes intermédiaires nettement moins performantes que celles de ses rivaux équipés en Bridgestone, « Schumi » cède dès le 5ème tour aux assauts de la McLaren de Coulthard dans Abbey. Facilement décroché par le duo argenté, le prodigue de Kerpen retrouve momentanément de la cadence lors d’une légère intensification de la pluie.

Le coup de bluff de Ferrari

Flairant le bon coup, le protégé de Willi Weber plonge dans la voie des stands à la fin de la 19ème boucle et rechausse un train de pneus intermédiaires neufs. Le pari tenté par Schumacher est audacieux. Il va s’avérer perdant. Les conditions empirant sur Silverstone, le « petit Mozart de la F1 » ne parvient pas à combler son retard sur les McLaren de tête. Pire l’écart entre lui et la seule flèche d’argent encore en lice d’Hakkinen (Coulthard étant parti à la faute au 38ème passage) grimpe au-dessus des 40 secondes au plus fort de l’averse. Le sort de ce neuvième rendez-vous de la saison semble alors scellé. Mais la direction de course va totalement relancer l’intérêt du Grand Prix en sortant la voiture de sécurité au 44ème tour après une ribambelle d’abandons sur sortie de piste (Herbert, Salo, Rosset, Tuero, Trulli, Barrichello et Panis). Replacé dans les roues de l’intouchable leader Hakkinen, le natif d’Hürt-Hermülheim sait qu’il tient là une occasion unique de l’emporter d’autant que le Finlandais a endommagé son aileron-avant dans un impressionnant 360° au niveau de Bridge juste avant la neutralisation.

Conscient de la vulnérabilité de son adversaire, l’ancien poulain de Flavio Briatore harcèle le pilote Nordique et le pousse à commettre une nouvelle faute dans Becketts au 50ème passage. Refroidi par cette seconde frayeur, Hakkinen baisse pavillon, ouvrant une voie royale au fer de lance de la Scuderia. Boosté par sa prise de pouvoir, le champion du monde 1995 colle plus de 20 secondes au Finlandais en l’espace de huit boucles et file vers un troisième succès consécutif quand son écurie l’informe d’une possible sanction pour dépassement sous drapeau jaune de la Benetton d’Alexander Wurz. Jugeant l’annonce de la FIA trop tardive, Ferrari demande au pilote de 29 ans d’attendre le dernier tour de course pour finalement purger son stop-and-go de dix secondes. La confusion la plus totale règne dans la pit-lane. Mais en franchissant la lignée d’arrivée depuis la voie des stands, Schumacher remporte de facto la victoire et coupe court aux réclamations de McLaren. Sacré coup de Trafalgar.

Andrea Noviello

Michael Schumacher Silverstone 1998
Schumacher revient à deux points d’Hakkinen au championnat grâce à sa 3ème victoire d’affilée.
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