Budapest 1998 : le changement gagnant

Michael Schumacher Hongrie 1998
Michael Schumacher conquiert sur le Hungaroring sa cinquième victoire de la saison.
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Malmené tout le week-end par des McLaren-Mercedes dominatrices, Michael Schumacher réalise un authentique exploit lors du Grand Prix de Hongrie 1998. Encore troisième après la première valse des arrêts ravitaillements, l’Allemand bascule sur les ordres de Ross Brawn d’une stratégie de deux à trois arrêts et s’en va quérir une victoire primordiale dans sa quête du titre mondial.

Revenu à seulement deux petits points de son rival au championnat Mika Hakkinen après sa fabuleuse série de trois victoires consécutives (Canada-France-Grande-Bretagne), Michael Schumacher va connaître une période de vache maigre lors des deux manches suivantes en Autriche et en Allemagne. Lointain troisième à Spielberg, le pilote Ferrari vit une semaine plus tard à Hockenheim l’un des plus difficiles week-ends de sa carrière en Formule 1. Après des essais tronqués par une sortie de piste et une casse moteur, le double champion du monde enregistre sa plus mauvaise qualification (9ème temps) de l’année. Sa course sera à peine meilleure. Transparent au volant d’une F300 hors du coup, l’Allemand arrache une pénible cinquième place quand dans le même temps son rival Hakkinen empoche, lui, une seconde victoire d’affilée après celle obtenue sur l’A1-Ring. Alors qu’il avait quasiment rattrapé l’intégralité de son retard sur le pilote McLaren au soir de Silverstone, « Schumi » se retrouve de nouveau distancé au championnat.

Son débours de 16 points sur le Finlandais sonne même comme une forme d’ultimatum : sans un succès en Hongrie, le natif d’Hürt-Hermülheim risque de définitivement dire adieu à ses chances de sacre. Mais comme souvent c’est une fois placé au pied du mur que le protégé de Willi Weber révèle toute l’étendue de son (immense) talent. Malgré des pneus plus durs que ceux de ses adversaires, le fer de lance de la Scuderia enlève le troisième chrono des qualifications à quatre dixièmes du poleman Hakkinen. Parvenu à contenir les assauts de son ancien ennemi préféré Damon Hill au départ, le prodigue de Kerpen passe tout son début de course dans les échappements de la McLaren de David Coulthard. L’Écossais interprétant à merveille son rôle de lieutenant, le « Baron Rouge » doit se résoudre à suivre le rythme qui lui est dicté par le dauphin d’Hakkinen. Jamais en mesure de porter une attaque sur un circuit où dépasser relève de l’utopie, le « petit Mozart de la F1 » rentre effectuer son premier arrêt ravitaillement dans le 22ème tour.

Le tour de magie de Brawn

Ressorti en quatrième position derrière la Williams de Jacques Villeneuve, le « Kaiser » semble désormais cantonné à un rôle de simple figurant. Du moins le pense-t-on dans les rangs de McLaren, car chez Ferrari le malicieux Ross Brawn vient de mettre sur pied un stratagème redoutable. Initialement parti pour effectuer deux stops, Schumacher bascule, en pleine course, sur une stratégie à trois arrêts. L’idée a le mérite d’être brillante, mais encore faut-il que champion du monde 1995 hausse sensiblement son niveau de jeu pour qu’elle s’avère gagnante. Sur ordre de son mentor, l’ancien poulain de Flavio Briatore passe alors en mode qualification. Enchaînant tel un métronome les meilleurs tours en course, la coqueluche de Maranello réussit la première partie de son plan : faire sauter le bouchon Coulthard à l’issue de son second passage par les stands au 43ème passage. Le pilote de 29 ans subtilise même la direction des opérations à Hakkinen quatre boucles plus tard après l’arrêt du pilote nordique.

Ralenti par des problèmes d’amortisseurs, le Finlandais va alors indirectement favoriser la fuite en avant de son rival au championnat. McLaren tardant trop à laisser Coulthard doubler son chef de file, le « Baron Rouge » profite de l’aubaine pour accroître son avance et forcer encore un peu plus sa cadence. À force de tutoyer les limites, le double champion du monde finit par les franchir dans la 52ème boucle sans toutefois compromettre ses chances de succès. Son rythme endiablé lui ayant permis de se construire une confortable avance de 29 secondes sur Coulthard, le « Kaiser » peut sereinement exécuter son troisième pit-stop personnel au 62ème tour. Logiquement reparti en tête, « Schumi » coiffe au terme d’une fantastique prestation une 32ème victoire en carrière lourde de conséquences au championnat. Hakkinen ayant dégringolé jusqu’au sixième rang, Schumacher se replace à sept petites longueurs du Finlandais au classement pilotes. Le combat continue.

Andrea Noviello

Michael Schumacher Budapest 1998
Parfait relais de Brawn en piste, Michael Schumacher a donné une leçon de stratégie aux McLaren.
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