Le championnat du monde de Formule 1 reprend ses droits ce dimanche 26 mars à Melbourne. Inscrite au calendrier depuis 1985, la manche australienne est rentrée dans l’histoire de la catégorie reine grâce à des Grand Prix d’anthologie. Entre des conditions météorologiques apocalyptiques et des renversements de situation inimaginables, l’épreuve située aux antipodes a été le théâtre de courses au scénario complètement fou. Focus sur l’édition 1991 et la victoire d’Ayrton Senna sous le déluge d’Adelaïde.
Sorti vainqueur de son âpre duel avec l’ennemi juré Alain Prost la saison précédente, Ayrton Senna a conforté en 1991 son statut de meilleur pilote du moment en coiffant sur son circuit fétiche de Suzuka sa troisième couronne mondiale en quatre ans. Tout bonnement inarrêtable en début de championnat, il empoche quatre victoires lors des quatre premières courses, le natif de Sao Paulo a pourtant connu un sérieux trou d’air pendant l’été, la faute essentiellement à la montée en puissance des Williams-Renault. La faute aussi à une MP4/6 nettement moins souveraine que ses devancières. Incapable de stopper la série victorieuse de Nigel Mansell entre le Grand Prix de France et celui d’Allemagne, « Magic » est finalement parvenu à redresser la barre sur le circuit de Budapest avant d’enchaîner par un autre succès primordial deux semaines plus tard en Belgique.
D’une régularité implacable, le Brésilien a par la suite accumulé les places d’honneur au point de se présenter au Japon dans la peau d’un triple champion du monde potentiel. Dominé par son coéquipier Gerhard Berger lors des qualifications, le pilote McLaren a profité de l’abandon précoce de son adversaire, l’Anglais partant à la faute dans le virage 1 après avoir été déventé dans le sillage du Pauliste, pour empocher un troisième sacre amplement mérité eu égard de sa superbe saison. Soulagé d’avoir pu conquérir le titre sans la moindre polémique, Senna se rend à Adelaïde plus serein que jamais, mais bien décidé à achever son triomphal championnat en beauté. Licencié comme un malpropre par Ferrari pour ses déclarations fracassantes sur la 643, Alain Prost ne peut pas en dire autant et va assister en simple spectateur au Grand Prix le plus court de l’histoire de la F1.
Une hécatombe
Si les qualifications se déroulent sans encombres sur le sec, les deux McLaren de Senna et de Berger verrouillant la première ligne devant les deux Williams de Mansell et de Riccardo Patrese, une pluie diluvienne s’abat sur Adelaïde le dimanche de la course. Malgré les réticences d’une bonne partie du paddock, dont celles des deux protégés de Ron Dennis, le départ est finalement donné après report de plusieurs minutes. Senna tire parti de sa position de pointe sur la grille pour virer en tête dans le premier virage suivi de près par son voisin de garage. Épargné par les projections d’eau des autres monoplaces, le triple champion du monde s’envole rapidement tandis que derrière les incidents vont se succéder. Berger est la première victime d’une longue série des conditions apocalyptiques qui sévissent à l’occasion de cet ultime manche de la saison. Parti dans un impressionnant 360° au 3ème tour, l’Autrichien abandonne sa 2ème position à Mansell, mais parvient à repartir.
Tous n’auront pas cette chance. Nakajima, Boutsen, Alesi, Schumacher et Martini se font tour à tour piéger par l’aquaplanning. Les épaves des monoplaces s’amoncèlent de part et d’autres de la piste, rendant les conditions de course encore plus périlleuses qu’elles ne le sont déjà. Passé à deux doigts de frapper de plein fouet la Lamborghini échouée de Larini en tentant de dépasser le leader Senna, Mansell perd définitivement le contrôle de sa Williams dans la 16ème boucle et frappe violemment le muret en béton. Alboreto, Modena et Berger étant eux aussi parti à la faute, la direction de course choisit finalement d’arrêter le massacre après les vives protestations de Senna. Le Brésilien ceint sous les trombes d’eau le 33ème succès de sa carrière en F1. Classé 2ème devant l’autre représentant de Woking, le classement final s’arrêtant au 14ème tour, Mansell ne participera pas à la cérémonie du podium, la FIA préférant l’envoyer à l’hôpital pour réaliser des radios de sa cheville blessée, laissant les deux McLaren’s boys fêter seuls le nouveau sacre de l’écurie britannique au championnat constructeur.
Andrea Noviello
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