Le championnat du monde de Formule 1 reprend ses droits ce dimanche 26 mars à Melbourne. Inscrite au calendrier depuis 1985, la manche australienne est rentrée dans l’histoire de la catégorie reine grâce à des Grand Prix d’anthologie. Entre des conditions météorologiques apocalyptiques et des renversements de situation inimaginables, l’épreuve située aux antipodes a été le théâtre de courses au scénario complètement fou. Retour sur la très controversée édition 1989 courue sous les trombes d’eau d’Adelaïde.
Entré dans le cercle très fermé des vainqueurs de Grand Prix au Canada à la suite d’une prestation magistrale sous la pluie, Thierry Boutsen se rend à Adelaïde avec la ferme intention de conclure son championnat 1989 sur une bonne note. Globalement satisfait d’une saison qui l’a déjà vu récolter 28 points, le Belge sait pourtant que son aventure chez Williams prendra fin au terme de l’exercice 1990. Une mauvaise nouvelle qui a décuplé l’envie du pilote belge, bien décidé à prouver à son employeur que le choix de rapatrier Nigel Mansell au bercail n’est pas le bon. Si le natif de Bruxelles aborde cet ultime rendez-vous avec appétit, il n’en va pas de même pour tout le monde dans le paddock. Encore marquée par les suites politiques de l’accrochage entre ses deux pilotes Ayrton Senna et Alain Prost à Suzuka, McLaren tente de faire bonne figure, mais ne parvient pas à cacher un certain malaise.
Disputées sous un soleil radieux, les qualifications apportent un petit peu de baume au cœur à l’écurie dirigée par Ron Dennis avec un nouveau doublé à la faveur du Brésilien tandis que Pierluigi Martini crée la sensation sur sa modeste Minardi en décrochant le troisième chrono du jour. Étonnement proche des pilotes du team basé à Woking lors de la séance qualificative du vendredi, Boutsen ne récolte finalement que le cinquième temps à plus d’une seconde de la pole position. Tout espoir de succès en course semble alors écarté pour le Belge. Mais c’était sans compter sur les caprices de la météo. Une pluie diluvienne s’abat sur Adelaïde peu après le warm-up, mettant sérieusement en péril le déroulement de cette ultime manche de la saison. Les trente minutes d’essais additionnels ayant tourné à la mascarade, plusieurs pilotes partent en aquaplannig en raison de la présence d’énormes flaques d’eau sur le circuit, Prost monte au créneau et demande l’annulation du Grand Prix.
Le refus de Prost
Bloqué par les exigences des diffuseurs télé, Bernie Ecclestone consent à repousser le départ d’une demi-heure, mais refuse de répondre favorablement à la requête du tout récent triple champion du monde. Mieux parti que Senna à l’extinction des feux, le « Professeur » met, comme attendu, pied à terre dès la fin du premier tour afin de protester contre des conditions qu’il juge tout bonnement inacceptables. Propulsé de facto sur la quatrième place de la grille à la faveur de l’abandon de Prost, Boutsen négocie habillement le deuxième départ, la course ayant été précipitamment arrêtée afin de dégager l’Onyx de JJ Lehto bloquée au milieu de la piste, et prend d’entrée le meilleur sur Alessandro Nannini. Très véloce en dépit du manque de visibilité, le pilote Williams élimine Martini dès le 2ème passage et se lance aux trousses de la McLaren du leader Senna.
Obligé de surveiller ses rétroviseurs face à la menace de son coéquipier Riccardo Patrese, le natif de Bruxelles constate très vite qu’il ne peut pas rivaliser avec la McLaren devant lui. Après seulement dix tours, le Belge accuse déjà plus de trente secondes de retard sur le Pauliste. Pourtant, Senna montre quelques signes de fébrilité en tête. Auteur d’un très esthétique 360° dans le 11ème tour, le champion du monde 1988 percute violemment la Brabham de Martin Brundle trois boucles plus tard, laissant ainsi le champ libre à Boutsen. Trop heureux de récupérer les commandes de la course, le Belge veille à ne pas commettre d’erreur, même s’il doit se méfier du retour de la Benetton de Nannini. Capable de répondre aux chronos de l’Italien, l’ancien ingénieur de formation conserve la tête jusqu’au bout et s’en va chercher un deuxième succès de prestige en F1 au terme d’un Grand Prix marqué par 18 abandons.
Andrea Noviello
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