Un environnement futuriste. Des installations luxueuses. Une météo estivale. Sur le papier, le Grand Prix d’Abou Dhabi réunit tous les ingrédients nécessaires à la tenue d’un événement grandiose. Magnifié par son décor de carte postale, le dernier rendez-vous de la saison a, depuis son intégration au calendrier de la F1 en 2009, toujours suscité l’admiration du paddock autant qu’il a inspiré la défiance des puristes. La faute à un circuit aussi époustouflant architecturalement parlant que désespérément fade en termes de pilotage. Trop heureux de se voir offrir une entière liberté dans la création de ce tracé digne d’un film de science-fiction, Hermann Tilke n’a ainsi pas lésiné sur les moyens (un milliard d’euros tout de même !) pour pondre un sublime et gigantesque complexe touristique sur l’île artificielle de Yas. Problème, en concentrant davantage ses efforts sur la démesure des lieux plutôt que sur la complexité de la piste, l’architecte attitré de la catégorie reine en a pourtant oublié une règle élémentaire de toute compétition sportive : l’émotion. Privés de ces courbes assassines à la dénomination souvent improbable (Eau Rouge, Dingle Dell, Gravenoire, Peralta, Karusell …) qui ont écrit et forgé l’histoire de la discipline, le tracé de Yas Marina en a ainsi perdu tout charme et tout intérêt dès lors que d’interminables lignes droites venaient se greffer à d’insignifiants virages à angle droit. Exacerbé par l’utilisation d’immenses zones de dégagements bitumées et l’absence quasi-totale de dénivelé, ce manque de sélectivité de la piste émirati est immédiatement venu se heurter à une dure réalité : un spectacle proche du néant. En neuf éditions, jamais les spectateurs installés dans les très clairsemées tribunes du Yas Marina n’ont eu l’occasion de s’enthousiasmer devant le passage des meilleurs pilotes du monde. Un comble quand on connaît les sommes investies dans ce projet pharaonique et bien beau gâchis pour une épreuve qui au lieu de nous émerveiller n’a cessé de nous désenchanter à la tombée de l’ennui !
Andrea Noviello
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