Autrefois, il était le rendez-vous préféré des pilotes. Le Grand Prix que tout le paddock (médias y compris) attendait avec impatience. Dernier vestige d’une époque désormais révolue, le circuit de Spa-Francorchamps offrait aux gros cœurs de la discipline une dose d’adrénaline à laquelle ils n’avaient plus droit sur les autres tracés du calendrier. Anachronique tant par sa longueur (plus de sept kilomètres de développement) que par sa dangerosité (avant sa dénaturation progressive à partir du début des années 2000), la piste dessinée dans la forêt ardennaise garantissait à tous les amoureux de Formule 1 un spectacle à la hauteur de son fabuleux écrin. Impitoyable avec les faibles, généreux avec les grands (Fangio, Clark, Senna, Schumacher ou encore Räikkönen y ont bâti quelques-uns de leurs plus grands exploits), la mythique piste belge a longtemps tenu en respect ces as du volant, mettant aussi bien leur bravoure que leur instinct de conservation à l’épreuve des Eau Rouge, Pouhon et autres Blanchimont. Ultime juge de paix d’une F1 devenue, au fil des années, trop sage pour savoir en apprécier la substantifique moelle, Spa a pourtant fini par se soustraire aux exigences toujours plus absurdes d’une fédération désireuse de se prémunir après le double drame d’Imola, quitte à sacrifier une grande partie de son âme sous l’autel de cette sacro-sainte sécurité. Dénaturé par la surmultiplication des zones de dégagement bitumées et par l’aseptisation à outrance de son virage (Eau Rouge) le plus renommé, Francorchamps en a perdu tout ce qui le rendait si spécial aux yeux des pilotes (et des fans) pour devenir, lui aussi, le théâtre de courses soporifiques et sans saveurs. Spa la joie !
Andrea Noviello
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