Dans le très international (12 des 21 épreuves se produisant en dehors du berceau européen) et politisé calendrier de la Formule 1, il fait encore et toujours figure d’exception. Non pas tant pour sa localisation géographique, que pour sa configuration totalement anachronique. Imaginé à une époque où la catégorie reine n’existait même pas dans l’esprit de ses fondateurs, le circuit de Monaco a en tout temps suscité l’admiration et le respect de ceux qui 78 tours durant (l’épreuve princière comptait même 100 boucles jusqu’à l’accident mortel de Lorenzo Bandini en 1967) s’époumonaient à tenter d’apprivoiser ses innombrables pièges. Juge de paix pour les uns, morceau de bravoure pour les autres, le tracé princier a, en outre, toujours su marquer sa différence, narguant avec malice les effets du temps. Quand bien d’autres monuments de la F1 (Monza, Silverstone, Spa-Francorchamps …) ont depuis fort longtemps déjà dû se résoudre à accepter une profonde mutation de leur ADN, la piste monégasque s’est, elle, réfugiée dans une bulle intemporelle où ni les sempiternelles questions de sécurité ni les tendances sur-protectionnistes d’une discipline désormais allergique à la moindre prise de risques n’ont pu en affadir l’éclat et le prestige. Pied de nez aux insipides et terriblement impersonnels « Tilkodromes », le circuit dessiné entre le bord de mer et le célèbre casino a pourtant vu son aura sérieusement battu en brèche par l’un des rares artistes du volant à avoir su le dompter à plusieurs reprises. Sans doute frustré par une course processionnaire où il n’aura jamais pu se mettre en évidence, Lewis Hamilton a ainsi émis l’idée (farfelue) de rallonger le tracé le plus court (3,337 km) du championnat, quitte à complètement défigurer le dernier vestige d’une époque révolue. Touche pas à ma piste !
Andrea Noviello
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