Course : Hamilton la joue au plus malin

Lewis Hamilton course Espagne 2017
Lewis Hamilton sort vainqueur d'un superbe mano-à-mano avec la Ferrari de Sebastian Vettel.
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Surpris au départ par Sebastian Vettel, Lewis Hamilton est parvenu à reprendre l’ascendant sur l’Allemand pour triompher lors du Grand Prix d’Espagne, cinquième épreuve de la saison 2017 de Formule 1. Sorti vainqueur d’un intense combat stratégique, l’Anglais empoche le 55ème succès de sa carrière devant la Ferrari de Vettel et la Red Bull survivante de Daniel Ricciardo.

Cette passionnante 68ème saison de l’histoire ne ressemble décidément en rien aux précédentes campagnes marquées au fer argent par les deux Mercedes de Lewis Hamilton et de Nico Rosberg. Quand encore l’an dernier, nombre de Grand Prix se résumaient à un lénifiant défilé à haute vitesse des deux monoplaces à l’étoile, ces courses estampillées 2017 offrent un vivifiant bol d’air frais à tous les amateurs de spectacle et d’incertitude. Prenons l’exemple du triple champion du monde. Par deux fois lors de cette cinquième manche du championnat, l’Anglais a vu la victoire lui filer sous le nez. La première, lors d’un envol un peu moins bien négocié que son rival Sebastian Vettel et qui l’a fait tomber au deuxième rang derrière le pilote Ferrari. La seconde, au 38ème passage lorsqu’il crut profiter de la sortie des stands de l’Allemand pour le croquer en bout de ligne droite. Peine perdue. « Baby-Schumi » restera devant après l’avoir virilement amené vers l’extérieur.

Si beaucoup pensait alors le natif de Stevenage condamné à se contenter d’une seconde place, c’eût été mal connaître les possibilités offertes par ces nouvelles Formule 1 et surtout la soif de vaincre dont fait preuve l’ancien pilote McLaren. Car les efforts d’Hamilton auront finalement été récompensés. Après avoir longtemps buté sur l’Allemand, le fer de lance de la firme à l’étoile a finalement réussi à subtiliser les rênes de la course à Vettel au 44ème tour, tout un symbole, pour aller chercher la 55ème victoire de sa carrière en F1, la seconde sur le tracé de Catalunya après celle conquise en 2014. « Quelle course incroyable, savoure le pilote flanqué du numéro 44. Je me suis régalé. Le combat a été très rude avec Sebastian, mais c’est comme ça que les courses doivent être. Il m’a surpris au départ alors que je pense avoir tout fait correctement. Heureusement, l’équipe a su mettre en place une très bonne stratégie et j’ai ainsi pu le redoubler plus tard dans la course. »

Chaos dans le premier virage

Installé au sommet de la grille de départ pour la 64ème fois de sa carrière, Hamilton ne tire cependant pas parfaitement parti de sa position préférentielle au départ. Victime d’un peu trop de patinage, le Britannique voit Vettel lui subtiliser d’entrée les rênes de la course tandis que derrière leurs coéquipiers respectifs vont occasionner un mini chaos dans le premier virage. Placé à l’intérieur après avoir enregistré une mise en action de bonne facture, Valtteri Bottas touche la roue arrière-droite de son compatriote Kimi Räikkönen, envoyant la Ferrari du champion du monde 2007 se fracasser contre la Red Bull de Max Verstappen. Relativement violent, le choc entraînera quelques minutes plus tard l’abandon des deux hommes qui en revenant de manière quelque peu cavalière sur la piste provoquent un autre incident dans le peloton. Cette fois les victimes se nomment Felipe Massa et Fernando Alonso.

Envoyé dans le gravier par son ancien coéquipier chez Ferrari, l’Espagnol tombe au onzième rang et abandonne déjà ses rêves de points. Contraint, quant à lui, de stopper à son box afin de changer son aileron avant cassé dans le contact avec la McLaren, Massa se retrouve rejeté en dernière position. Un long et difficile après-midi s’annonce pour le vice-champion du monde 2008. Les malheurs des uns faisant comme toujours le bonheur des autres, les Force India (respectivement cinquième avec Perez et sixième avec Ocon), la Renault de Nico Hulkenberg et la Haas de Kevin Magnussen ont profité de l’agitation du premier virage pour remonter de nombreuses positions. Autre grand gagnant du départ, Vettel caracole déjà en tête puisque le quadruple champion du monde compte 2,6 secondes d’avance sur la Mercedes d’Hamilton après seulement deux tours couverts. L’addition est encore plus salée pour l’autre flèche d’argent de Bottas.

Bottas piège Vettel

Clairement hors du coup, le vainqueur du dernier Grand Prix de Russie accuse plus du huit secondes de retard au natif d’Heppenheim à l’issue du 7ème passage. D’ores et déjà exclu de la lutte pour la victoire, le Finlandais va pourtant jouer un rôle prépondérant dans le scénario de cette cinquième manche de la saison. Pas suffisamment véloce pour opérer la jonction sur le leader Vettel, Hamilton tente un coup de bluff en haussant sensiblement sa cadence au moment où Kevin Magnussen et Carlos Sainz jouent des coudes à la sortie de la voie des stands. La manœuvre du Britannique est limpide : pousser Ferrari à anticiper l’arrêt de Vettel et risquer ainsi de se retrouver engluer dans le trafic. Tombée dans le piège tendu par Mercedes, la Scuderia appelle « Baby-Schumi » à son stand à la fin de la 14ème boucle. Ressorti derrière la Red Bull de Ricciardo, le quadruple champion du monde n’éprouve toutefois pas la moindre difficulté à dépasser son ex-coéquipier. Il ignore encore que la deuxième lame du machiavélique stratagème des flèches d’argent va bientôt s’abattre sur lui.

Maintenu en piste sept boucles de plus que son rival, Hamilton opère finalement son premier changement de gommes au 21ème tour. Mais à la différence de Vettel, l’Anglais a opté pour des médiums et un second relais beaucoup plus long. Du moins en théorie. Débarrassé (provisoirement) du natif de Stevenage, le pilote Ferrari n’a désormais plus qu’une seule voiture devant lui. Pas n’importe laquelle : celle de Bottas. Jouant à fond le jeu de son équipe, le Finlandais va prendre un malin plaisir à ralentir le quadruple champion du monde. Bloqué trois tours durant par la Mercedes, Vettel finit par trouver la faille au 25ème passage à la suite d’une manœuvre de dépassement aussi superbe que musclée dans la ligne droite des stands. Trop tard le mal est fait. Hamilton a regagné cinq secondes dans l’opération et quasiment effacé tout le retard qu’il avait accumulé en choisissant de monter les médiums sur sa W08. Alors que l’on croit la course totalement relancée, Vettel enchaîne plusieurs tours de haute volée qui lui permettent de reporter son avance au-dessus des sept secondes.

Incroyable Wehrlein

La cause semble alors entendue, mais un incident de course va complètement chambouler la physionomie du Grand Prix. En lutte pour une lointaine 16ème place, Stoffel Vandoorne et Felipe Massa s’accrochent au 34ème passage, forçant la direction de course à déployer la Virtual Safety-Car afin de dégager l’épave de la McLaren restée tanquée dans le sable. Sautant sur l’occasion, Hamilton plonge trois boucles plus tard dans la voie des stands afin de troquer ses médiums contre un nouveau train de pneus tendres. Le tournant de la course. Rappelé à son box un tour plus tard, Vettel vient de perdre toute l’avance qu’il s’était construite. Si « Baby-Schumi » parvient à se maintenir de justesse devant l’Anglais à sa sortie des stands, il ne pourra en revanche rien face à l’attaque imparable du triple champion du monde dans la 44ème boucle. « J’ai fait tout ce que j’ai pu pour rester devant, mais dès que j’ai été seul, Lewis volait et m’a dépassé, regrette Sebastian. Il a gagné cette course de manière juste et honnête. Bravo à lui. »

De retour à une position qu’il aurait aimé ne jamais quitter, Hamilton peut dès lors tranquillement gérer le (faible) pécule dont il dispose sur la Ferrari de l’Allemand. Tous ne peuvent pas en dire autant. Harcelé depuis la mi-course par la Toro Rosso de Carlos Sainz, Pascal Wehrlein apprend au 47ème passage qu’il écopera d’une pénalité de cinq secondes pour avoir emprunté la voie des stands après le cône placé à l’entrée de celle-ci. Virtuellement privé de son exceptionnelle septième place, l’Allemand va néanmoins tenir bout jusqu’au bout et réussir à fructifier une stratégie à un seul arrêt audacieuse, mais finalement payante. « Je suis vraiment très satisfait de cette course, déclare le protégé de Mercedes. Notre stratégie était risquée, mais elle a fonctionné. Carlos m’a mis une énorme pression sur la fin et j’ai heureusement pu le contenir derrière moi. Je manque encore de roulage au volant de ces nouvelles F1, mais je peux affirmer aujourd’hui que j’ai bien rattrapé mon retard. »

Andrea Noviello

Pascal Wehrlein course Espagne 2017
Pascal Wehrlein décroche une exceptionnelle 8ème place grâce à une stratégie à un seul arrêt.
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