Les Tops du Grand Prix d’Espagne

Lewis Hamilton

Totalement transparent en Russie, Lewis Hamilton a retrouvé son armure de guerrier à l’occasion de ce Grand Prix d’Espagne. Et quel combattant ! Pas démobilisé par son envol moyen, l’Anglais est allé chercher à la force du poignet sa 55^ème victoire en Formule 1 au terme d’un somptueux duel avec son rival Vettel. Moins dans le coup depuis deux manches en qualification, le triple champion du monde a d’abord veillé à se racheter dans son exercice favori des qualifications en soufflant pour 51 minuscules millièmes la 64^ème pole position de sa carrière. Surpris par Vettel au départ, le natif de Stevenage accuse rapidement 2,5 secondes de retard sur le pilote Ferrari ce qui va pousser son écurie à user de malice. Sur indication de son pit-wall, le fer de lance de la firme à l’étoile hausse sensiblement son rythme à partir du 14^ème tour afin de pousser la Scuderia à faire rentrer « Baby-Schumi ». Le stratagème fonctionnant à merveille, Vettel rentre à son box une boucle plus tard, l’ancien protégé de Ron Dennis peut dérouler son plan de marche. S’il retombe logiquement en seconde position après son pit-stop au 21^ème tour, son passage en gommes médiums va se révéler être judicieux. Revenu à seulement 3,8 secondes du leader grâce à l’aide précieuse de son coéquipier Bottas, le pilote Mercedes profite ensuite de la neutralisation sous virtual safety-car pour opérer son deuxième changement de pneus au 36^ème passage. Tout près de souffler la tête à Vettel après l’arrêt de l’Allemand, le fils d’Anthony prendra finalement le meilleur sur la Ferrari dans le 44^ème tour. Splendide vainqueur de ce mano-à-mano de champions du monde, Hamilton empoche son deuxième succès en terre espagnole et se repositionne dans le sillage (6 points) de Vettel au championnat. Le roi Lewis est de retour.

Sebastian Vettel

Que reprocher au quadruple champion du monde si ce n’est de n’avoir pas su (ou pu) reprendre le large sur Lewis Hamilton à la suite de son second passage par les boxes. Désavantagé sur le plan pneumatiques (des médiums contre des tendres à l’Anglais), Sebastian Vettel est devenu une proie trop facile pour l’Anglais en fin de course une fois celui-ci doté de son DRS. Forcément un peu déçu de son voir souffler une victoire qu’il a longtemps cru à sa portée, le pilote Ferrari n’en reste pas moins crédité d’une nouvelle performance de toute beauté en Catalogne. Privé de sa deuxième pole position consécutive en qualification par un Hamilton des grands jours (51 millièmes d’écart entre les deux), le natif d’Heppenheim s’était ouvert en grand le chemin du succès en réussissant un envol supersonique à l’extinction des feux. Confortablement assis sur une avance de 2,6 secondes sur la flèche d’argent de son rival dès la fin du 2^ème tour, « Baby-Schumi » plonge une première fois dans la voie des stands douze boucles plus tard. Ressorti en gommes tendres derrière Ricciardo, l’Allemand dispose facilement de la Red Bull au 16^ème passage avant de voir le piège tendu par Mercedes se refermer devant lui. Bloqué pendant trois tours par Bottas, l’ancien protégé d’Helmut Marko lâche cinq précieuses secondes sur Hamilton et vient sans le savoir d’abandonner ses rêves de victoire. S’il parvient à reprendre le large sur le Britannique (7,5 secondes au 33^ème tour), son second pit-stop au 37^ème passage le replace à portée de tir du triple champion du monde. Resté devant l’Anglais grâce un freinage retardé à son maximum, et une petite bousculade dans le virage 1, le fer de lance de la Scuderia devra finalement céder au 44^ème tour. Très beau deuxième à Barcelone, Vettel décroche son cinquième podium en cinq courses et se maintient en tête du classement pilotes avec six points d’avance sur Hamilton. Du bon boulot.

Pascal Wehrlein

Dommage que les « clowns » de la FIA n’aient pu s’empêcher de sanctionner l’Allemand pour une infraction aussi insignifiante, car pour le reste Pascal Wehrlein a eu tout bon en Espagne. Parvenu à se sortir du guêpier de la Q1 pour la deuxième fois de l’année, il signe le 15^ème chrono collant au passage un demi-seconde dans la vue à son coéquipier Ericsson, le pilote Sauber connaît une très bonne mise en action qui le voit remonter en 12^ème position à la fin du 1^er tour. Coincé entre la McLaren d’Alonso et la Williams de Stroll, le protégé de Mercedes choisit de prolonger un maximum son premier relais quitte à se laisser légèrement décrocher par le double champion du monde espagnol. Bombardé au sixième rang dès la 21^ème boucle par les arrêts de ses adversaires, le natif de Sigmaringen s’incline logiquement devant les deux Force India de Perez et d’Ocon, mais va se maintenir en septième position jusqu’à l’accrochage du 35^ème tour entre Massa et Vandoorne. La course neutralisée derrière la voiture de sécurité virtuelle, le champion 2015 de DTM saute sur l’occasion et plonge dans la voie des stands afin de troquer ses pneus tendres en fin de vie contre des médiums. Doublé par la Renault d’Hulkenberg dans la pit-lane, l’ex-pilote Manor ressort en huitième position sous le nez de la Toro Rosso de Sainz. De nouveau propulsé au septième rang par l’abandon de Bottas au 39^ème passage, l’Allemand va alors se livrer à une superbe empoignade avec « Carlito ». Attaqué de tout part par le fils du double champion du monde des rallyes, l’espoir de la firme à l’étoile oppose une résistance propre et brillante au Madrilène qui va lui permettre de tenir bon jusqu’au bout. Pénalisé de cinq secondes pour avoir coupé l’entrée de la voie des stand, Werhlein décroche finalement les quatre points de la huitième place, débloquant ainsi le compteur de l’écurie Sauber. Son accident de la RAC n’est plus qu’un lointain et mauvais souvenir.

Force India

L’exigeant et technique tracé de Catalunya ne sourit traditionnellement pas aux machines conçues dans les ateliers de Silverstone ce qui n’a toutefois pas empêcher la sympathique écurie indienne de signer une nouvelle performance majuscule en Espagne. Un peu en retrait en qualification (8^ème temps pour Perez, 10^ème chrono pour Ocon), les hommes de Vijay Mallya ont parfaitement su profiter des aléas d’un Grand Prix mouvementé à l’avant du peloton pour tirer les marrons du feu et réalisé un joli tir groupé. Solide dans l’exercice du tour chronométré, Sergio Perez va se montrer tout aussi efficace le dimanche après-midi. Bombardé en cinquième position dès le 1^er tour par le micmac du départ entre Bottas, Räikkönen et Verstappen, le Mexicain ne va dès lors plus jamais quitter son rang si ce n’est lors de son premier pit-stop au 18^ème passage. Rappelé à son box lors de la virtual safety-car dans la 34^ème boucle, « Checo » ramène de Barcelone une superbe quatrième place et prolonge ainsi son ébouriffante série d’arrivée consécutive (15) dans les points. Privé de son DRS en qualification, Esteban Ocon a brillement marché dans les pas de son coéquipier en course et effacé la déception née du samedi. Opportuniste au départ, le Français se glisse derrière la monoplace sœur de Perez et achève le 1^er tour au sixième rang. Pas en mesure de suivre la cadence du Mexicain, le protégé de Mercedes prend néanmoins rapidement ses distances avec Hulkenberg. Calqué sur la stratégie de son voisin de garage, il effectue ses deux pit-stops au 16^ème et 34^ème passage, le Tricolore conquiert au terme d’un Grand Prix passé en solitaire une incroyable cinquième place, signant au passage sa cinquième entrée consécutive dans les points depuis Melbourne. Seule écurie capable de placer ses deux pilotes dans les points à chaque course en 2017, Force India frappe un grand coup en Espagne et confirme son statut de quatrième force du plateau. Bluffant.

Andrea Noviello