Intraitable tout au long du week-end, Lewis Hamilton s’est logiquement imposé lors du Grand Prix de Belgique, douzième manche de la saison 2017 de Formule 1. Resté de marbre face à la pression de son principal adversaire pour le titre Sebastian Vettel, le Britannique coiffe la 58ème victoire de sa carrière et réduit de moitié son retard au championnat sur le pilote Ferrari. Encore brillant d’opportuniste, Daniel Ricciardo complète le podium.
On l’avait quitté sur un geste d’une classe absolue à Budapest. En s’effaçant ostensiblement devant son coéquipier Valtteri Bottas dans le dernier virage du dernier tour du Grand Prix de Hongrie, Lewis Hamilton rendait non seulement la pareille au Finlandais, mais démontrait également tout son sens de l’esprit d’équipe. On l’a retrouvé plus en forme que jamais du côté des Ardennes belges. Un mois après avoir volontairement abandonné trois points dans la course au titre, le triple champion du monde a repris sa marche en avant sur le plus beau circuit du calendrier. Déjà intraitable la veille en qualification, le Britannique a confirmé en course la supériorité des flèches d’argent sur un tracé de haute-vitesse, même s’il lui fallut pour cela conjuguer près d’une heure et demie durant avec l’incessante pression de son principal rival dans la course au titre, Sebastian Vettel.
Attaqué une première fois par le pilote Ferrari au départ, le natif de Stevenage a également su endiguer à merveille les assauts de « Baby-Schumi » lors du restart au 34ème tour. La menace Vettel définitivement écartée aux Combes, il ne lui restait dès lors plus qu’à empocher un 58ème succès en carrière qui lui permet de recoller à seulement sept longueurs de son adversaire au championnat. « Cela a été très amusant de se battre contre un pilote d’une autre équipe, savoure l’Anglais. Seb et sa voiture étaient au meilleur de leur forme aujourd’hui. Je pense même qu’il était plus rapide que moi. J’ai heureusement fait tout ce qu’il fallait pour le maintenir derrière moi. La voiture de sécurité n’était clairement pas indispensable. Heureusement, je n’ai pas eu à pâtir de ce regroupement. Chaque tour de ce Grand Prix s’est joué au centième entre nous. Sebastian a livré une très belle bataille, mais j’étais venu ici pour gagner. »
Max la poisse
Bien décidé à faire fructifier la 68ème pole position de sa carrière, Hamilton s’est idéalement envolé à l’extinction des feux, emmenant dans son sillage la Ferrari de Vettel, la Mercedes sœur de Valtteri Bottas et l’autre monoplace rouge de Kimi Räikkönen. Comme toujours très habile au moment de se frayer un passage au départ, Fernando Alonso se hisse à la septième place derrière le duo de chez Red Bull Max Verstappen-Daniel Ricciardo. Une joie de courte durée pour l’Espagnol puisque Nico Hulkenberg lui grille la politesse avant même la fin du 1er tour. Pas décidé à s’avouer vaincu, le double champion du monde pique la Renault au freinage des Combes la boucle suivante et reprend, provisoirement, la septième position. Là encore, la satisfaction sera brève dans le chef du pilote McLaren. Lourdement handicapé en ligne droite par le manque de cavalerie déployé par son moteur Honda, « Nando » voit tous les bénéfices de son superbe envol se dilapider en l’espace de seulement quatre tours.
Le temps pour Hulkenberg, Ocon, Perez et Grosjean d’oublier la McLaren du « Taureau des Asturies » dans la ligne droite de Kemmel. Si le natif d’Oviedo ne peut déjà plus rien espérer à l’attaque du 7ème passage (l’Espagnol finissant même par renoncer sur problème moteur au 26ème tour), il en va de même pour les deux Finlandais du plateau Bottas et Räikkönen. Repoussés à plus de cinq secondes de leurs coéquipiers respectifs, les deux hommes ne peuvent désormais plus que briguer la dernière marche du podium. Une ambition partagée par Max Verstappen, mais qui se heurte dès le 8ème tour à l’invraisemblable fragilité du moteur Renault. Trahi, une nouvelle fois, par sa mécanique, le Batave est contraint d’immobiliser sa machine le long du rail en sortie de l’Eau Rouge. « Ce genre de casses à répétition ne peuvent pas se produire dans une équipe de pointe, peste le fils de Jos. Je suis frustré, déçu et tout simplement pas heureux. On ne peut plus parler de malchance quand un incident mécanique se produit pour la sixième fois cette année. Abandonner après huit tours, c’est vraiment démotivant. »
La colère d’Ocon
Favorable à la deuxième Red Bull de Ricciardo, l’Australien grimpant ainsi au cinquième rang, l’abandon du prodige d’Hasselt va en revanche plomber l’après-midi de Räikkönen. Passé sans lever le pied au niveau de la monoplace du Néerlandais alors qu’un double drapeau jaune aurait normalement dû l’inciter à ralentir, le champion du monde 2007 écope d’un très sévère stop-and-go de dix secondes au 16ème passage, soit le tour choisit par le Finlandais pour effectuer son premier changement de gommes. Averti de la menace qui pèse sur lui, « Ice-Man » a ainsi attendu le tout dernier moment avant de rejoindre la voie des stands, occupant même un court instant la tête du Grand Prix après les arrêts du leader Hamilton (13ème tour) et de son coéquipier chez Ferrari Vettel (15ème tour). De retour aux commandes de l’épreuve après avoir facilement disposé de Räikkönen à la sortie de l’Eau Rouge, le Britannique voit néanmoins la menace Vettel se préciser tandis que derrière l’action fait rage au cœur du peloton.
Ressorti des box le couteau entre les dents, Sergio Perez se joue de la Toro Rosso de Kvyat et de la Haas de Grosjean au freinage des Combes à l’entame du 14ème passage. Magnifique d’audace, la manœuvre du Mexicain se solde toutefois par un léger court-circuitage à travers le dégagement asphalté. « Checo » ne rendant pas à Grosjean une neuvième place acquise de manière illicite, la direction de course se voit obliger de sanctionner le pilote Force India d’une ridicule (eu égard à l’infraction et à la précédente sanction infligée à Räikkönen) pénalité de cinq secondes. Incompréhensible tant l’instance dirigeante s’est obstinément montrée intransigeante par le passé, cette clémence de la FIA pousse néanmoins l’écurie indienne à revoir sa copie sur le plan stratégique. Si Esteban Ocon mieux classé à ce moment-là du Grand Prix, le Français évoluant au septième rang juste devant son coéquipier, doit en théorie être rappelé en premier à son box, Force India choisit à l’inverse de rapatrier le Mexicain deux boucles avant le Tricolore. Une décision lourde de conséquences.
Ricciardo la force de l’habitude
Logiquement passé devant le protégé de Mercedes à la faveur de son « undercut » au 26ème passage, Perez se voit pourtant rapidement menacer par son coéquipier. Déjà coupable d’un tassage grossier sur le Français au 1er tour, « Checo » réitère sa manœuvre scandaleuse dans la 28ème boucle en serrant délibérément Ocon contre le mur. « Ce qu’il a fait est inacceptable, enrage le Tricolore. Il a risqué ma vie et la sienne. À 300 km/h on ne peut pas se compoter de la sorte. Quelle était son objectif en me tassant ainsi ? Il va falloir qu’il se calme sinon ça va mal aller pour lui. » Si l’incident du départ avait eu pour seule incidence un violent choc entre les roues des deux machines, cette fois le contact occasionne plus de dégâts. Le bilan est même lourd pour l’écurie indienne : une crevaison à l’arrière-droite pour Perez et un aileron-avant cassé pour Ocon. De nombreux débris jonchant la piste, la direction de course décide de neutraliser cinq tours durant le Grand Prix derrière la voiture de sécurité.
Profitant de l’aubaine, Räikkönen se jette immédiatement dans la voie des stands et croie combler une grande partie du retard qu’il avait accumulé lors de l’exécution de sa pénalité au 18ème passage. Hélas pour « Ice-Man », ses camarades de jeu l’imitent dans les boucles suivantes annulant de facto ce présumé « bon coup tactique ». Bien négocié par l’imperturbable leader de la course Hamilton, le restart entérine définitivement le nom du vainqueur. Derrière, si le maladroit Kevin Magnussen s’est une nouvelle fois emmêlé les crayons à la relance, passant tout près d’emplâtrer la Haas sœur de Grosjean dans la chicane, Ricciardo a encore fait un magnifique étalage de sa faculté à saisir la moindre opportunité qui s’offre à lui. Mieux sorti du Raidillon que la Mercedes de Bottas devant lui, « Smilling » s’offre le scalp du Finlandais dans Kemmel et récupère une troisième place inespérée. Il ne la lâchera plus. Bien qu’ayant profité de l’occasion pour, lui aussi, dépasser Bottas, Räikkönen ne sera jamais une réelle source d’inquiétude pour un Ricciardo auteur de son sixième podium en 2017.
Andrea Noviello
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