Intouchable dans le parc de Monza, Lewis Hamilton a tranquillement remporté le Grand Prix d’Italie, treizième étape de la saison 2017 de Formule 1. Au terme d’une véritable promenade de santé, le Britannique enlève la 59ème victoire de sa carrière et s’empare pour la première fois de l’année des commandes du championnat. Resté toute la course dans le sillage de son chef de file, Valtteri Bottas offre à Mercedes son troisième doublé de la saison tandis que Sebastian Vettel complète le podium de cette manche italienne.
Sa démonstration de force sous le déluge milanais en avait déjà épaté plus d’un. En collant 1,1 seconde à son plus proche poursuivant Max Verstappen dans un exercice d’équilibriste où le prodigue néerlandais est pourtant loin d’être maladroit, Lewis Hamilton avait placé la barre très haut. Outre l’assurance de trôner désormais seul au sommet des statistiques en qualification devant sa majesté Michael Schumacher (69 poles position contre 68), le Britannique avait envoyé un sacré signal à ceux qui doutaient encore de sa capacité à venir à bout de l’adversité de Sebastian Vettel et de Ferrari en cette passionnante saison 2017. Alors certes le triple champion du monde n’a pas toujours affiché la même implication ni la même régularité que son rival au championnat cette année, mais le natif de Stevenage a toujours su répondre présent dans les moments clés. Ses succès barcelonais, canadiens ou britanniques en attestent. L’Anglais n’est jamais aussi fort qu’une fois placé au pied du mur.
La donne était différente cette fois puisque son autoritaire victoire de Spa l’avait repositionné dans l’aspiration du pilote Ferrari au classement. Cela n’a rien changé à son approche. Gonflé à bloc par sa prouesse de la veille, Hamilton a littéralement écrasé ce treizième rendez-vous de la saison, écrivant au passage une nouvelle page de sa glorieuse carrière en F1. Sa course fut un modèle de maîtrise et de supériorité. Ni un départ rendu difficile par l’adhérence précaire du nouveau tarmac ni une légère alerte moteur n’auront eu raison de sa domination sans partage. Le pilote Mercedes a tout simplement survolé les débats à Monza, cueillant de concert la 59ème victoire de sa carrière et la tête du championnat. « La voiture s’est comportée comme dans un rêve aujourd’hui, relate le pilote flanqué du numéro 44. L’équipe a su extraire tout le potentiel de l’auto. C’est vraiment fantastique et cela donne confiance pour la suite. Les deux dernières courses ont été vraiment bonnes pour nous, mais il reste encore beaucoup de chemin à accomplir. Ferrari sera favorite sur le prochain circuit. Le combat continue. »
Mercedes au-dessus du lot
En manque de repères sur une piste nettoyée par les ondées de la veille, Hamilton garde néanmoins les commandes à l’extinction des feux après avoir pris le soin de bloquer sur l’intérieur la Williams du débutant Lance Stroll. Resté de son côté sur la trajectoire extérieure, l’autre sensation des qualifications, Esteban Ocon, profite de la voie dégagée devant lui pour s’infiltrer devant le champion en titre de F3 et virer en deuxième position derrière le poleman Hamilton. Si derrière quelques éclats de carbone volent ici et là (suite au contact entre la Williams de Felipe Massa et la Force India de Sergio Perez notamment), le peloton franchit sans encombre le goulet de la première chicane. Mieux ressorti que son compatriote de ce très étriqué virage n°1, Kimi Räikkönen prend la mesure de Valtteri Bottas par l’extérieur dans Curva Grande. Une joie de courte durée pour le champion du monde 2007 qui doit s’incliner quelques mètres plus loin au niveau de la Parabolica. Bien que particulièrement accrocheur, « Ice-Man » ne peut rien contre l’évidente supériorité des flèches d’argent sur le tracé milanais.
Une donne que le remplaçant de Nico Rosberg au sein de l’écurie championne en titre ne va pas tarder à mettre en exergue. Facilement venu à bout de Stroll au 3ème tour, Bottas élimine dès la boucle suivante la Force India d’Ocon et s’empare de la deuxième place derrière son coéquipier Hamilton. La parade des Mercedes peut alors commencer. Plus personne ne les reverra. Le suspense n’ayant déjà plus sa place au sommet de la hiérarchie, il faut reculer un peu plus bas dans le classement pour assister à une course digne de ce nom. Principal agitateur de ce début de Grand Prix, le Batave ayant déjà gagné cinq positions au départ, Max Verstappen voit toutefois la malchance le poursuivre à Monza. Victime d’une crevaison à l’avant-droite après s’être frotté d’un peu trop près à la Williams de Massa dans la première chicane, le pilote Red Bull perd tout espoir de briller en Italie. Du moins à cet instant. Rejeté en dernière position par son retour précipité aux boxes, le natif d’Hasselt va pourtant réussir un sacré tour de force en arrachant à six boucles de l’arrivée le point de la dixième place à la Haas de Kevin Magnussen.
Des Ferrari rouge pâle
Débarrassés de la menace Verstappen, les « seconds couteaux » s’en donnent alors à cœur joie. Si Sebastian Vettel a logiquement récupéré le troisième rang à l’amorce du 8ème passage, les Ocon et autres Stroll parviennent, sans grandes difficultés, à maintenir derrière eux l’autre Ferrari de Räikkönen. Visiblement handicapé par un train-arrière endommagé lors d’un contact au départ avec la Mercedes de Bottas, le Finlandais éprouve toutes les peines du monde à suivre le rythme imprimé par les deux débutants. « La voiture n’était pas bien équilibrée, confirme à l’arrivée le champion du monde 2007. Je ne sais pas si ce problème a eu une influence sur mon résultat final, mais l’auto ne se comportait clairement pas comme je le voulais. » Bien qu’épargné par ces soucis, l’autre pilote de la Scuderia n’affiche pas bien meilleure mine sur les terres de son employeur. Régulièrement sept dixièmes au tour plus lent que l’indétrônable leader de la course Hamilton, Vettel accuse plus de dix secondes de retard sur le duo Mercedes à l’attaque de la 11ème boucle.
Consciente des difficultés de son dernier champion du monde, Ferrari décide d’anticiper le pit-stop de Räikkönen en l’appelant à son stand au 16ème passage. L’arrêt du Finlandais entraîne une réaction en chaîne, Ocon, Stroll, Ericsson, Kvyat et enfin Massa suivant l’exemple du natif d’Espoo en l’espace de cinq boucles. Si au cœur du peloton, Fernando Alonso et Jolyon Palmer se cherchent des noises pour de simples accessits, l’Espagnol reprochant après coup à l’Anglais d’avoir court-circuiter la deuxième chicane pour résister à l’une de ses attaques, devant le leader Hamilton n’amuse pas la galerie comme en témoigne sa légère sortie au large dans cette même chicane n°2. Remonté en quatrième position après avoir effacé Ericsson, Sainz, Hulkenberg, Kvyat, Magnussen et Perez, Daniel Ricciardo se pose alors comme un prétendant potentiel à la troisième marche du podium. Räikkönen ayant dû patienter jusqu’au 26ème pour enfin trouver l’ouverture sur la Force India d’Ocon, Vettel représente le dernier obstacle de l’Australien.
Verstappen en finisseur
Ses espoirs de victoire étant depuis bien longtemps déjà enfouis, il accuse à ce moment-là plus de 12 secondes de retard sur la Mercedes de Bottas, l’Allemand s’accroche comme un beau diable à sa troisième même s’il sent venir la menace de son ancien coéquipier chez Red Bull. Plus en mesure de tirer quoi que ce soit de ses supertendres en fin de vie, le quadruple champion stoppe à son box à l’entame du 32ème boucle. Imité un tour plus tard par le leader de l’épreuve Hamilton, le natif d’Heppenheim ignore alors qu’il s’apprête à vivre une fin de course sous tension. Maintenue en piste six tours de plus que le pilote Ferrari, Ricciardo a chaussé les supertendres lors de son changement de gommes et bénéficie de ce fait d’un avantage non négligeable sur « Baby-Schumi ». À l’instar de l’autre Red Bull de Verstappen, le Néerlandais étant lui aussi repassé par la case box, « Smiling » vole littéralement, tournant une seconde pleine au tour plus vite que Vettel.
Appâté par la possibilité de décrocher son septième podium de la saison, l’Australien accumule les meilleurs tours en course et se défait au passage de l’autre Ferrari de Räikkönen au 41ème tour. Hélas l’attaque à outrance du successeur de Mark Webber au sein de l’écurie autrichienne a un prix. Malgré un kilométrage limité, les pneus supertendres de l’Australien ne digèrent pas ce traitement de choc et commencent à décliner au moment au Vettel reçoit la consigne d’augmenter sa propre cadence pour se prémunir d’un retour de Ricciardo. Si l’écart entre les deux hommes a beau se réduire à mesure que les tours s’égrènent, jamais le pilote Red Bull ne pourra recoller aux échappements de la Ferrari. La troisième place définitivement scellée, seul le trublion Verstappen assurera jusqu’au bout le show à Monza. Boosté par son nouveau train de supertendres, le protégé d’Helmut Marko enchaînera les dépassements les uns derrières les autres, Alonso, Grosjean, Sainz, Hulkenberg, Kvyat et finalement Magnussen faisant les frais de la folle remontée du prodigue hollandais.
Andrea Noviello
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