Venu à bout d’Hamilton au bout de quatre tours, Max Verstappen a brillement remporter le Grand Prix de Malaisie, quinzième manche de la saison 2017 de Formule 1. Irrésistible dans la chaleur suffocante de Sepang, le Néerlandais empoche le deuxième succès de sa carrière le lendemain de son vingtième anniversaire. Jamais en mesure de rivaliser avec le pilote Red Bull, Lewis Hamilton assure une solide deuxième place devant l’autre représentant de la marque autrichienne Daniel Ricciardo.
15 mai 2016. Promu chez Red Bull en lieu et place d’un décevant Daniil Kvyat, Max Verstappen signe des débuts tonitruants dans l’écurie mère en remportant dès sa première sortie sous ses nouvelles couleurs le Grand Prix d’Espagne. Aussitôt porté aux nues par un paddock enthousiasmé par la précocité et la fraîcheur insufflées par la nouvelle pépite de la Formule 1, le Néerlandais voit pourtant son brillant succès barcelonais rapidement déprécié par une mini-polémique. Solide leader de l’épreuve depuis l’accrochage entre les deux Mercedes de Lewis Hamilton et de Nico Rosberg au départ, son coéquipier Daniel Ricciardo a en effet pâti de l’incompréhensible changement stratégique dicté par le pit-wall de l’équipe autrichienne. Initialement parti pour effectuer deux stops, l’Australien a finalement dû s’arrêter à trois reprises, laissant ainsi la porte ouverte à un Verstappen ouvertement favorisé par une écurie bien décidée à surfer sur l’énorme élan de sympathie véhiculé par sa nouvelle coqueluche.
Un an et demi après les « faits », le natif d’Hasselt a récidivé dans la touffeur de Sepang. À la différence près que, cette fois, le fils de Jos n’a eu besoin d’aucun coup de pouce pour dominer ses adversaires. Le protégé d’Helmut Marko s’est imposé tout seul comme un grand, mettant au passage fin à une très douloureuse série de malchance et de désillusions. Rapidement menaçant sur le poleman Hamilton, le Batave n’aura patienté que quatre petits tours avant de porter l’estocade et de crucifier le pilote Mercedes dans une manœuvre de dépassement d’école au virage 1. S’en suivra alors une véritable promenade de santé pour celui que le microcosme de la F1 a unanimement désigné comme sa future grande star. « Quel cadeau d’anniversaire, s’enthousiasme le plus jeune vainqueur de l’histoire. La voiture a été incroyable du début à la fin. J’ai pu accélérer quand je le voulais. Je me suis vite rendu compte que Lewis se démenait avec sa motricité. J’en ai donc profité pour me porter à sa hauteur dans le premier virage. J’ai ensuite pu faire ma propre course. Après tous les problèmes rencontrés jusqu’ici, cette victoire tombe à pic. »
Bérézina chez Ferrari
Sebastian Vettel éliminé de la course à la victoire par ses problèmes moteurs de la veille, tous les espoirs de la Scuderia reposaient sur les épaules de son pilote n°2 Kimi Räikkönen. Impressionnant le vendredi lors des longs relais, le champion du monde 2007 avait certes échoué de justesse en qualification face à un Lewis Hamilton des grands jours, mais se présentait comme la plus sérieuse menace du Britannique en course. Délesté, pour une fois, de toute consigne d’équipe, le Finlandais aurait eu les coudées franches dans son combat contre le leader du championnat. Malheureusement pour lui, le sort en a décidé autrement. Déjà mise en lumière la veille par la double défaillance mécanique de Vettel, le manque de fiabilité des Ferrari dans le money-time a cruellement privé « Ice-Man » de toutes chances avant même que le départ de cette quinzième étape de la saison ne soit donné. Victime d’un souci au niveau des batteries, le natif d’Espoo a vu tout le peloton s’élancer sans lui. « Quitter la course de cette façon est vraiment très pénible, peste Kimi. Nous avions une voiture très compétitive ici et nous étions en mesure de signer un grand résultat. »
Esseulé sur la première ligne de la grille, le poleman Hamilton ne se laisse pas troubler par cette anomalie et vire logiquement en tête dans le virage 1 suivi de près par la Red Bull de Verstappen et la seconde Mercedes d’un Valtteri Bottas bondissant à l’extinction des feux. Derrière, le deuxième virage occasionne comme souvent quelques frictions. Prise en sandwich entre la Force India sœur de Sergio Perez et la Williams de Felipe Massa, le Français Esteban Ocon accroche involontairement le Pauliste, s’occasionnant au passage une crevaison. Passé au travers des embûches d’un départ toujours périlleux en queue de peloton, Vettel pointe déjà en treizième position à la fin du 1er tour après avoir pris le meilleur sur Palmer, Sainz, Gasly, Wehrlein, Ericsson et Grosjean. Déchaîné, le quadruple champion du monde se joue de l’autre Renault de Nico Hulkenberg dès la boucle suivante alors que dans le même temps son successeur chez Red Bull Verstappen lorgne de plus en plus sur la position du leader Hamilton. Visiblement plus véloce que son adversaire, le Néerlandais pique la Mercedes au freinage du virage 1 et s’empare logiquement de la tête du Grand Prix. Plus personne ne le reverra.
Le fantôme de Bottas
Transcendé par sa prise de pouvoir, le Batave colle 1,6 seconde à Hamilton en l’espace d’un seul tour. Son coéquipier Ricciardo est, lui, nettement moins à la fête. Bloqué derrière un Bottas complètement à côté de la plaque, le Finlandais accusant déjà huit secondes de retard sur son propre équipier, l’Australien s’échine vainement pendant huit tours derrière la flèche d’argent avant de finalement trouver l’ouverture à l’entame du 9ème passage. Resté, lui aussi, coincé un moment derrière la McLaren de Fernando Alonso, Vettel se débarrasse coup sur coup de l’Espagnol et de la Haas de Kevin Magnussen pour grimper au neuvième rang. D’abord lente et méthodique, la remontée de « Baby-Schumi » va alors gagner en intensité avec le lancement de valse des changements de pneus. Initiée par Ocon dès la 3ème boucle, cette salve d’arrêts permet au fer de lance de la Scuderia de gagner trois places en trois tours sans avoir à effectuer le moindre dépassement en piste.
Régulièrement plus rapide que son rival dans la course au titre Hamilton, Vettel poursuit sa folle ascension vers le haut de la hiérarchie en ramarrant la Force India de Perez puis en doublant « Checo » au 21ème tour. Désormais cinquième derrière l’inamovible quatuor de tête Verstappen-Hamilton-Ricciardo-Bottas, le pilote Ferrari peut ouvertement briguer une place sur le podium d’autant que devant lui « Smiling » a été largué par l’Anglais et que Bottas continue de souffrir le martyre au volant de la seconde W08. Si la bataille s’intensifie pour les places d’honneur, elle ne cesse pas pour autant de faire rage au cœur du peloton comme en témoigne la virile empoignade entre Ocon et Sainz. En lutte depuis quelques tours avec l’Espagnol, le pilote Force India tente une manœuvre audacieuse par l’extérieur sur « Carlito » dans le premier virage. Comme toujours particulièrement rude en phase défensive, Magnussen est pas mal aussi dans le style, le Madrilène touche la monoplace du Tricolore, envoyant le malheureux Ocon en tête-à-queue.
Vettel à la force du poignet
« Je ne sais pas ce qu’il a fait, fulmine le Tricolore. Il a juste bloqué ses pneus et a percuté ma voiture. Sans ma crevaison du départ, je n’aurais pas eu à me battre avec lui. C’est une course à oublier pour moi. » Rejeté au douzième rang par sa pirouette du virage 1, Ocon parviendra tout de même à limiter les dégâts en inscrivant le point de la dixième place après avoir notamment bénéficié de l’abandon de son bourreau Sainz (électrique) au 30ème passage. Irrémédiablement distancé par le leader de la course Verstappen, il accuse alors près de neuf secondes de retard sur la Red Bull, Hamilton décide d’opérer son unique changement de pneus au 27ème tour. Imité une boucle plus tard par le Batave, le triple champion du monde reprend sa chevauchée solitaire tandis que derrière Vettel profite d’un arrêt anticipé pour enfin prendre le meilleur sur la Mercedes à l’agonie de Bottas. Le baroud d’honneur du natif d’Heppenheim peut alors commencer. Éclipsé un court instant par la très musclée bataille entre Alonso et Magnussen, ce rush final voit l’Allemand reprendre une seconde au tour à la Red Bull de Ricciardo.
Légèrement freiné par un morceau de carrosserie baladeur sous sa RB13, l’Australien ne parvient pas à endiguer le retour de son ancien coéquipier malgré un rythme sensiblement identique à celui d’Hamilton. Parvenu à effacer un retard de onze secondes entre le 34ème et le 46ème tour, Vettel verra sa seule chance de dépasser « Smiling » tuée dans l’œuf par un Alonso pas très coopératif au moment de laisser son successeur à Maranello lui prendre un tour. Contraint de réduire sensiblement sa cadence dans les dernières boucles après une alerte au niveau des freins, l’Allemand ralliera l’arrivée à une très belle quatrième place, non sans s’occasionner une dernière contrariété lors de son tour d’honneur. « J’étais sur la trajectoire extérieure afin de ramasser de la gomme et je crois que Lance (Stroll) ne regardait pas autour de lui, précise le quadruple champion du monde. Il voulait probablement faire la même chose que moi et nous nous sommes touchés. C’était parfaitement évitable. Je crois qu’il n’a tout simplement pas regardé ses rétroviseurs. »
Andrea Noviello
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