En délicatesse depuis vendredi avec une Mercedes rétive, Lewis Hamilton s’est sublimé pour aller chercher le meilleur temps des qualifications du Grand Prix de Malaisie. Parvenu à se mettre à l’abri de la concurrence dès son premier run en Q3, l’Anglais coiffe sa quatrième pole position consécutive à Kuala Lumpur et porte son impressionnant total à 70. Battu d’extrême justesse par le pilote Mercedes, Kimi Räikkönen coiffe le deuxième chrono devant la Red Bull du trublion Max Verstappen. Trahi par son moteur, Sebastian Vettel partira, lui, depuis la dernière place sur la grille.
Son vendredi avait été tout bonnement abominable. Sa matinée du samedi à peine meilleure. Troublé par le comportement erratique de sa flèche d’argent, Lewis Hamilton éprouvait toutes les peines du monde à suivre la folle cadence imprimée par les Ferrari et les Red Bull. Auteur de fautes inhabituelles (libres 1), l’Anglais ne parvenait également pas à définir avec justesse les réglages qui lui permettraient de corriger les problèmes de sa W08 sur le très exigeant tracé de Sepang. Continuellement obligé de se battre avec sa Mercedes, le triple champion du monde s’apprêtait à vivre une nouvelle séance qualificative compliquée après celle déjà pénible de Singapour. D’autant que dans le même temps, son principal rival pour le titre mondial Sebastian Vettel entendait, lui, capitaliser sur la nouvelle version de son moteur Ferrari pour définitivement asseoir son emprise sur ce week-end malais. Mais comme c’est souvent le cas au moment d’affronter la dernière ligne droite du championnat, la mécanique est venue chambouler les certitudes des uns et des autres.
Déjà victime d’une défaillance électronique dans la matinée lors des libres 3, l’Allemand a vu tous ses espoirs de rafler une seconde pole position consécutive tombés à l’eau dès l’entame de la Q1, la faute cette fois au turbo de son moteur dernière version. Privé de roulage, le pilote Ferrari a ainsi bien involontairement déroulé le tapis rouge à un Hamilton qui ne s’attendait certainement pas à recevoir un deuxième cadeau de la part de la Scuderia après le strike du départ de Marina Bay. Transcendé par l’offrande, le fer de lance de la firme à l’étoile n’a dès lors laissé à personne le loisir de venir lui gâcher la fête. Monté progressivement en puissance tout au long de la séance, le pilote Mercedes s’est mis à l’abri de la concurrence dès son premier run en Q3 grâce un énième tour d’anthologie. « Je ne savais honnêtement pas quoi espérer de cette journée, affirme Lewis. Hier fut tellement difficile pour nous. Se battre avec les gars de devant constitue donc une vraie surprise. L’équipe a encore réalisé un travail formidable pour nous ramener au premier plan. Avec les soucis de Seb, je me retrouve dans une situation parfaite. »
Red Bull en arbitre
Crédité de la 70ème pole position de sa carrière en 1’30’’076, Hamilton pulvérise le précédent record de la piste de plus de deux secondes (1’32’’582 par Alonso en 2005) et conforte son statut de roi des qualifications, lui qui n’a trébuché qu’à six reprises dans cette exercice si particulier depuis le début de saison en Australie. Tout proche de ravir le chrono de référence au Britannique en fin de qualification, le Finlandais réalisant les deux meilleurs premiers secteurs avant d’échouer dans le dernier partiel pour 45 millièmes, Kimi Räikkönen accompagnera le pilote Mercedes sur la première ligne de la grille demain en course. Très à l’aise depuis l’entame du week-end, le champion du monde 2007 aura la lourde tâche de marquer l’Anglais à la culotte en attendant un éventuel retour aux avant-postes de son coéquipier Sebastian Vettel (20ème). « Le premier virage est loin du départ et on pourrait donc en tirer parti à condition de bien s’élancer, déclare malicieusement Kimi. Il s’y passe souvent des choses, à nous d’en profiter. J’espère juste que l’on franchira les 100 premiers mètres cette fois. »
Autre victime collatérale du départ de Singapour, Max Verstappen (3ème) va, lui aussi, tenter d’effacer rapidement ce mauvais souvenir en réussissant enfin une course pleine demain. Constamment dans le coup à Sepang, le Néerlandais sait qu’il aura une belle carte à jouer avec l’absence de Vettel et la petite forme affichée par Valtteri Bottas (5ème). Le prodigue de Red Bull devra tout de même se méfier d’un Daniel Ricciardo (4ème) particulièrement véloce lors des longs relais du vendredi et toujours dangereux sur une piste où l’Australien reste sur un brillant succès en 2016. Boosté par l’apport des dernières évolutions sur sa Force India, Esteban Ocon s’est octroyé un brillant sixième temps, collant au passage près de deux dixièmes à son voisin de garage Sergio Perez (9ème). « Je suis très satisfait de ma performance aujourd’hui, révèle le pilote tricolore. Le travail entrepris depuis Singapour a porté ses fruits ici. Toutes les petites modifications effectuées sur la voiture ont fait la différence. Cela nous met en très bonne position en vue de la course. »
Vettel la tuile
Pas attendues à pareille fête sur un tracé pourtant censé mettre en lumière leur déficit de puissance moteur, les McLaren ont créé la sensation en s’invitant toutes les deux dans la dernière partie de cette séance qualificative. Si Fernando Alonso a logiquement clôturé le top 10, l’autre représentant de l’écurie de Woking, Stoffel Vandoorne, a réussi une petite prouesse en hissant sa MCL32 au septième rang juste devant la Renault de Nico Hulkenberg (8ème). Bloqué aux portes de la Q3 pour seulement 24 petits millièmes, Felipe Massa arrache un onzième chrono annonciateur d’un regain de vitalité des Williams dans l’exercice du tour chronométré après cinq qualifications particulièrement difficiles depuis l’Autriche. Bien que de nouveau dominé par son coéquipier en vitesse pure, Jolyon Palmer (12ème) confirme lui aussi son redressement en repoussant derrière lui la seconde Williams de Lance Stroll (13ème) et la Toro Rosso de Carlos Sainz (14ème). Bombardé dans le baquet de Daniil Kvyat deux jours seulement avant le début de ce week-end malais, Pierre Gasly a réussi une première qualification très honorable en décrochant le quinzième temps à seulement un dixième et demi de son voisin de garage.
« Ce fut une journée positive et j’en suis heureux, apprécie le débutant. J’ai essayé de faire de mon mieux. Je me suis senti à l’aise d’entrée et j’ai ensuite poursuivi mon apprentissage en donnant tout ce que j’avais. J’ai maintenant hâte d’être à demain pour ma première course au volant d’une F1. Je vais enfin pouvoir assouvir mon rêve de gosse. » Surpris vendredi par le soulèvement d’une plaque d’égout alors qu’il abordait à pleine vitesse l’enchaînement du virage 12-13, Romain Grosjean a, quant à lui, vécu une nouvelle journée galère après sa sortie de piste de la veille. Entre son éternel manque de feeling au freinage et les piètres performances de sa Haas dans la chaleur de Kuala Lumpur, le Français a dû se contenter d’un bien modeste seizième temps à plus de trois secondes du poleman Hamilton. Guère plus à son avantage au volant de l’autre VF-17, Kevin Magnussen (17ème) se contente de devancer les deux Sauber de Pascal Wehrlein (18ème) et de Marcus Ericsson (19ème). Faute d’avoir pu réaliser le moindre chrono, Sebastian Vettel s’élancera depuis la dernière place sur la grille avec l’espoir que la pluie vienne, une nouvelle fois, brouiller les cartes en course.
Andrea Noviello
Vettel utilisait l’évo 3 moteur, pas la dernière qui est la 4
Massa n’a pas in meilleur résultat qu’habituellement ces derniers temps, il bénéficie seulement de la non qualif de Vettel et des difficultés des deux Haas … rien de bien exceptionnel. Auto sans appuis comme le démontre l’exception des qualifs de Monza … 4 pour Stroll et 9 pour Massa ..