Opportuniste au moment du départ, Sebastian Vettel a de nouveau misé sur une stratégie décalée pour remporter le Grand Prix de Bahreïn, troisième étape de la saison 2017 de Formule 1. Étincelant dans la nuit de Sakhir, le pilote Ferrari décroche la 44ème victoire de sa carrière en F1 et reprend seul les commandes du championnat. Pénalisé de cinq secondes pour avoir volontairement freiné Daniel Ricciardo avant son premier pit-stop, Lewis Hamilton empoche la deuxième place devant l’autre Mercedes de Valtteri Bottas.
Radieux à son arrivée Bahreïn, Sebastian Vettel avait subitement perdu le sourire à l’issue d’une séance qualificative où il s’était vu infliger près d’une demi-seconde par les deux Mercedes de Valtteri Bottas et de Lewis Hamilton. Surpris de se retrouver aussi loin des flèches d’argent, le pilote Ferrari peinait à cacher sa déception lui qui entendait profiter de ce troisième rendez-vous de la saison pour définitivement s’affirmer comme le principal empêcheur de tourner en rond de la firme à l’étoile. Conscient de la (nette) supériorité des W08 dans l’exercice du tour chronométré, le natif d’Heppenheim a, toutefois, rapidement focalisé son attention sur un Grand Prix forcément plus ouvert que la hiérarchie dessinée par les qualifications ne le laissait présager. Conforté par les chronos prometteurs enregistrés lors de la journée du vendredi, le quadruple champion du monde s’est employé à bien négocier son départ, condition essentielle pour enrayer la stratégie mise en place par Mercedes.
Incisif au moment de l’extinction des feux, il profita d’un freinage prudent d’Hamilton au premier virage pour s’infiltrer derrière Bottas, Vettel a ensuite construit son succès en reprenant les recettes qui lui avaient déjà permis de triompher à Melbourne. En s’arrêtant encore une fois avant les deux flèches d’argent, le fer de lance de la Scuderia a donné une nouvelle leçon de stratégie aux hommes de Toto Wolff et s’est offert par la même occasion une 44ème victoire en carrière lourde d’enseignements pour la suite de la saison. « Cette journée a vraiment été géniale, savoure « Baby-Schumi ». J’ai senti dès le départ que nous étions très rapide. Valtteri ne commettant pas la moindre erreur, nous avons alors tenté de le dépasser à la faveur des ravitaillements et cela a parfaitement fonctionné. Je pensais que l’entrée de la voiture de sécurité allait encore une fois nous nuire, mais cela n’a heureusement pas été le cas. »
Le strike de Sainz sur Stroll
Positionné du côté propre de la piste à l’inverse d’Hamilton, Vettel ne tire cependant pas (immédiatement) un grand profit de son emplacement préférentiel sur la grille de départ. Parti à peine mieux que le Britannique, le natif d’Heppenheim va attendre l’amorce du premier virage pour lancer son offensive et devancer le triple champion du monde au prix d’un freinage très tardif par l’extérieur. Particulièrement observé après avoir signé la veille la première pole position de sa carrière, Valtterri Bottas ne se laisse pas perturber et vire logiquement en tête devant la Ferrari de Vettel et la Mercedes sœur d’Hamilton. Nettement moins à son aise au moment de s’extraire de son emplacement sur la grille, l’autre Finlandais du plateau Kimi Räikkönen connaît une mise en action pour le moins laborieuse dont va immédiatement profiter les Red Bull de Max Verstappen et de Daniel Ricciardo ainsi que la Williams de Felipe Massa.
Rejeté en septième position, le champion du monde 2007 vient de voir tous ses espoirs de podium s’envoler. Du moins le pense-t-il à ce moment-là. Venu enfin à bout du Pauliste dans le 8ème tour, « Ice-Man » va alors tirer parti de la faible cadence imprimée par le leader Bottas pour opérer la jonction sur le groupe de tête. Handicapé par une pression trop haute dans ses pneus arrière, le pilote Mercedes peine à contenir la Ferrari de Vettel, lui-même menacé par la seconde flèche d’argent d’Hamilton et le duo de chez Red Bull. Averti des difficultés rencontrées par le natif de Nastola, Vettel décide, comme à Shanghai une semaine plus tôt, de tenter l’undercut afin de prendre le meilleur sur le Finlandais. Verstappen l’imite un tour plus tard avant de renoncer dans la foulée suite à une rupture de freins. Si l’entrée de la voiture de sécurité avait ruiné les plans de Vettel en Chine, la neutralisation provoquée par l’accrochage entre un Carlos Sainz pas très inspiré sur le coup et le débutant Lance Stroll n’aura, cette fois, aucune conséquence fâcheuse.
Hamilton pris à son propre piège
Lancée en piste au 13ème passage, soit trois tours après le pit-stop de Vettel, la safety-car engendre une certaine confusion dont va directement pâtir les deux Mercedes. Contraint de ralentir pour ne pas perdre trop de temps derrière son coéquipier Bottas, Hamilton bloque ostensiblement Ricciardo avant de procéder à son changement de gommes. Grossière la manœuvre du Britannique est aussitôt rapportée aux commissaires de course qui décident d’infliger cinq secondes de pénalité au natif de Stevenage. Le tournant de la course. Quatrième à sa sortie des box, l’Anglais doit dès lors tenter de rattraper son retard sur le leader Vettel tout en conjuguant avec une sanction qu’il devra automatiquement purger lors de son deuxième passage par les stands. « Cette pénalité, c’est entièrement de ma faute, concède le pilote flanqué du numéro 44. Je tiens d’ailleurs à présenter mes excuses à l’équipe pour ce qu’il s’est passé dans la pit-lane. Cela nous a sans doute coûté un meilleur résultat. »
Si le triple champion du monde n’éprouve pas de grandes difficultés à se débarrasser de la Red Bull de Ricciardo devant lui, l’Australien s’inclinant également devant Massa et Räikkönen, il va en revanche mettre beaucoup plus temps à venir à bout de son coéquipier Bottas. Toujours incapable de suivre la cadence imprimée par Vettel malgré un nouveau train de pneus super-tendres, le Finlandais se voit, dès la 21ème boucle, intimer l’ordre de laisser passer son chef de file. Pas décidé à faciliter la tâche à Hamilton, Bottas se maintient au deuxième rang tandis que derrière Räikkönen se joue une seconde fois de la Williams de Massa pour le gain de la quatrième place. Lourdement handicapé par la faiblesse de son moteur Honda, Fernando Alonso commence, de son côté, à perdre patience. Successivement doublé par Jolyon Palmer et Daniil Kvyat, le pilote McLaren crie son désarroi à la radio. « Je n’ai jamais couru avec si peu de puissance dans toute ma carrière. » Le message est fort, mais il n’empêchera pas le double champion du monde de mettre pied à terre à deux tours du but pour la troisième fois en trois Grand Prix.
McLaren toujours dans la galère
Devant, la lutte pour la victoire bat son plein. Vettel prenant la poudre d’escampette en tête, Mercedes pousse Bottas à s’effacer au profit d’Hamilton. Un temps sourd aux injections de son team, le protégé de Didier Coton s’exécute finalement au 27ème passage, laissant les deux hommes forts de ce début de saison s’expliquer à distance. Nanti d’une confortable avance de 6,2 secondes sur l’Anglais, Vettel peut voir venir d’autant que le triple champion du monde doit encore exécuter sa pénalité. Mais le fils d’Anthony ne s’avoue pas encore vaincu. Hamilton grappille dixième après dixième au point de recoller à 4,3 secondes de « Baby-Schumi » au 33ème tour. Alertée par la menace et par l’état d’usure des gommes de son pilote, la Scuderia Ferrari rappelle une boucle plus tard Vettel à son box afin de monter les pneus tendres. Sans doute inspiré par la stratégie qui avait permis à l’Allemand de lui souffler la tête en Australie, Hamilton prolonge un maximum son second relais dans l’espoir de s’emparer des rênes de la course.
Malheureusement pour lui, le rythme de Vettel est nettement meilleur que le sien. De 17 secondes au 35ème passage, l’écart entre les deux hommes tombe en-dessous de la barre des dix secondes en l’espace de cinq boucles. Hamilton opère son deuxième pit-stop au 41ème tour et ressort à plus de 20 secondes du leader Vettel. Cette fois la messe est dite. Malgré un rythme d’enfer en fin de Grand Prix, jamais le Britannique ne parviendra à combler son retard sur la Ferrari du quadruple champion du monde. Ni la gestion compliquée du trafic ni l’abandon de la Sauber de Marcus Ericsson dans la 52ème boucle en raison d’une boîte de vitesse récalcitrante ne viendront entraver la marche triomphale de Vettel à Bahreïn. Impérial sous les projecteurs de Sakhir, Vettel enlève sa deuxième victoire en trois courses et récupère seul les commandes du championnat avec 68 points. Clairement de retour après une saison d’errance, Ferrari envoie un signal très fort à Mercedes et se pose comme une rivale redoutable dans la quête d’un titre mondial qui s’annonce plus disputé que jamais.
Andrea Noviello
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