Course : Vettel le rouge est mis

Sebastian Vettel course Australie 2017
Sebastian Vettel enlève à Melbourne sa quatrième victoire au volant d'une Ferrari.
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Seul pilote en mesure de contrer la fuite en avant de Lewis Hamilton, Sebastian Vettel a parfaitement tiré profit de la bévue stratégique de Mercedes pour remporter le Grand Prix d’Australie, manche d’ouverture de la saison 2017. Bien secondé par une Scuderia Ferrari enfin revenue au premier plan, l’Allemand empoche dans les rues de Melbourne son 43ème succès en Formule 1 devant les deux flèches d’argent d’Hamilton et de Valtteri Bottas.

« La vie est un éternel recommencement, seule l’acceptation de la défaite signifie la fin de tout. Tant et aussi longtemps que l’on sait recommencer, rien n’est totalement perdu. » Si Sebastian Vettel ignore sans doute tout de l’identité de Fleurette Levesque, le pilote Ferrari ne contredira certainement pas le bien-fondé des mots prononcés par l’écrivain française dans son œuvre intitulée « Pourquoi ? », lui qui est passé en seulement un an de la désillusion d’une victoire avortée à l’ivresse d’un succès brillamment conquis dans les rues de l’Albert Park. Présenté comme l’adversaire numéro un des Mercedes à l’heure de se rendre en Australie la saison passée, l’Allemand s’était injustement vu priver d’un second succès aux antipodes en raison d’une bévue stratégie de la Scuderia.

Bêtement piégés par la sortie du drapeau rouge, les stratèges de l’écurie italienne avaient équipé la monoplace de « Baby-Schumi » de gommes super-tendres obligeant ce dernier à un second pit-stop rédhibitoire dans sa quête du succès. Douze mois plus tard, le scénario s’est répété à Melbourne à la différence près qu’il a cette fois tourné en faveur du quadruple champion du monde. Bombardé en tête par l’arrêt au stand précipité du leader Lewis Hamilton à la fin 17ème tour, Vettel n’a pas laissé passer l’occasion de prendre sa revanche sur le destin et d’empocher plus d’un an et demi après son dernier succès à Singapour, sa 43ème victoire au plus haut niveau du sport automobile. « Quelle course incroyable, savoure le natif d’Heppenheim. Je tiens à remercier l’équipe pour son travail sensationnel. La voiture est géniale à piloter. Mon départ n’a pas été parfait. J’ai un peu patiné, mais j’ai pu contenir Valtteri derrière moi. J’ai ensuite attaqué pour montrer à Lewis que j’étais présent derrière lui. J’ai été chanceux qu’il ressorte dans le trafic. »

La bourde stratégique de Mercedes

Positionné entre les deux Mercedes sur la grille de départ à la faveur de sa bonne qualification de la veille, Vettel ne répète pourtant pas le superbe envol qui lui avait permis un an plus tôt de griller la politesse aux deux flèches d’agent. Victime d’un peu trop de patinage, l’Allemand passe même tout près de se voir souffler la deuxième place par un Valtteri Bottas particulièrement réactif au moment de l’extinction des feux. Crédité d’une mise en action toute aussi efficace, le poleman Lewis Hamilton prend d’entrée le commandement des opérations, emmenant dans son sillage la Ferrari de l’Allemand. Régulièrement propice aux incidents, le 1er tour de ce Grand Prix d’Australie ne faillit pas à sa réputation puisque Kevin Magnussen vient emboutir la Sauber du pauvre Marcus Ericsson dans le virage 3 sur un freinage très mal négocié. Sanctionné par un arrêt au stand anticipé afin de changer son aileron avant cassé dans le choc, le Danois va végéter tout le reste de la course dans les bas-fonds du classement avant de finalement renoncer au 50ème passage à la suite d’un problème de suspension.

Pas beaucoup plus en réussite, même si à la différence du fils de Jan lui occupait une prometteuse septième place au moment de son abandon, Romain Grosjean est le premier à mettre pied à terre dans les rues de l’Albert Park, le moteur Ferrari de sa Haas rendant l’âme dès la 15ème boucle. Handicapé par de curieux problèmes de freins dans le virage Ascari, Jolyon Palmer ne survit que deux tours de plus à cette première manche de la saison, le moment choisi par Mercedes pour appeler le leader de la course Hamilton à son box. Visiblement gêné par une surchauffe de ses gommes, l’Anglais troque ses ultra-tendres contre des pneus tendres, laissant ainsi le champ libre à un Vettel que n’espérait sans doute pas un si beau cadeau de la firme à l’étoile. « Je n’avais plus d’adhérence dans mes pneus, explique le triple champion du monde. Je n’aurais de toute façon pas pu couvrir autant de tour que Seb. J’ai exécuté la stratégie prévue à un tour près. Nous devrons probablement revoir nos réglages, mais nous attentons la Chine car Melbourne est toujours une course particulière. »

Le calvaire de Ricciardo

Débarrassé de son plus sérieux rival, le fer de lance de la Scuderia hausse sensiblement sa cadence tandis que derrière Hamilton éprouve toutes les peines du monde à se défaire de la Red Bull du trublion Max Verstappen. Incapable de prendre l’avantage sur le jeune prodige en piste, le natif de Stevenage doit attendre le pit-stop du Néerlandais au 25ème passage pour enfin retrouver un rythme plus décent. Trop tard, le mal est fait. Appelé à son box deux boucles plus tôt après avoir allongé au maximum son premier relais, le leader Vettel ressort facilement sous le nez du Batave, prenant ainsi définitivement les rênes d’un Grand Prix qu’il ne lâchera plus. Très certainement frustré de laisser filer une course qui à la régulière n’aurait jamais dû lui échapper, Hamilton se montre dès lors incapable de suivre la cadence imprimée par le natif d’Heppenheim. Relativement discret jusque-là, son coéquipier Bottas parvient même à recoller progressivement à mesure que les tours s’égrènent tandis que juste derrière Kimi Räikkönen voit, lui, la menace Verstappen s’amplifier.

Boosté par des gommes nettement plus performantes que celles du Finlandais, le petit protégé d’Helmut Marko ayant pris le pari d’équiper sa Red Bull de super-tendres contre des tendres au champion du monde 2007, le fils de Jos ramarre rapidement la Ferrari, redonnant ainsi du baume au cœur à une écurie autrichienne marqué par le Grand Prix cauchemardesque de son autre pilote Daniel Ricciardo. Parti avec deux tours de retard sur tout le peloton en raison d’une boîte de vitesse récalcitrante, l’Australien a vu son épreuve à domicile tourné court dès le 35ème passage après la coupure soudaine de son moteur Renault. « La journée a été longue et je suis heureux de passer à autre chose, confie dépité le pilote flanqué du numéro 3. La pénalité de cinq places constituait déjà une mauvaise chose et nous avons rencontré un autre problème aujourd’hui. Le moteur s’est coupé et je ne pouvais rien faire pour continuer. Je suis vraiment triste pour tous les fans qui sont venus me soutenir et qui auraient aimé me voir combattre pour un bon résultat. »

Ocon à l’arrachée

Fidèle à sa réputation d’attaquant, le voisin de garage du héros local élève sensiblement son niveau de jeu afin de venir déposséder Räikkönen de sa quatrième place. Hélas, son pilotage agressif le dessert au plus mauvais moment alors que l’écart entre les deux hommes était redescendu sous la barre des trois secondes. Contraint de ralentir la cadence en raison de pneus à la performance dégradée derrière les perturbations aérodynamiques générées par la monoplace d’« Ice-Man », Verstappen doit refréner ses ardeurs là où, à l’inverse, Esteban Ocon tente par tous les moyens de se défaire de la McLaren de Fernando Alonso. Cramponné à sa dixième place depuis l’abandon de Grosjean, le « Taureau des Asturies » repousse inlassablement les attaques du Tricolore malgré un déficit de vitesse de pointe criant en ligne droite. Menacé à son tour par la Renault de Nico Hulkenberg, le protégé de Mercedes comprend qu’il n’a désormais plus d’autres choix que de faire sauter le bouchon espagnol s’il souhaite maintenir intactes ses chances de décrocher le dernier point mis en jeu en Australie.

Après avoir vainement tenté l’extérieur sur le double champion du monde dans l’avant-dernier virage, Ocon se joue d’Alonso au 52ème passage à la faveur d’une meilleure réaccélération et de son DRS. « Je suis heureux de terminer la course sur une bonne note, souligne le pilote Force India. J’ai perdu beaucoup de temps derrière Alonso en début de Grand Prix. Heureusement, je suis finalement parvenu à le dépasser en vue de l’arrivée. Septième est le meilleur résultat que l’on pouvait obtenir aujourd’hui. » Auteur d’une course méritante à défaut d’être flamboyante, Alonso abandonnera un tour plus tard sur rupture de suspension, laissant ainsi définitivement la lumière à celui qui l’avait succédé chez Ferrari à son départ de Maranello en 2015. Éblouissant comme à ses plus belles heures dans les rues de Melbourne, Vettel empoche son deuxième succès australien et tourne définitivement la page d’un exercice 2016 décevant où ses excès de nervosité auront trop largement pris le pas sur ses (trop rares) coups d’éclats.

Andrea Noviello

Esteban Ocon course Australie 2017
Esteban Ocon arrache son premier point en Formule 1 dans les rues de l’Albert Park.
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