Sous le feu des critiques après sa bourde en Chine, Valtteri Bottas a adressé un joli pied de nez à ses détracteurs en coiffant le chrono le plus rapide des qualifications du Grand Prix de Bahreïn. Parvenu à souffler la pole position à son coéquipier Lewis Hamilton lors de son ultime tentative, le Finlandais devance le triple champion du monde de 23 millièmes et la Ferrari de Sebastian Vettel de près d’une demi-seconde.
Manquée par des caméras de la FOM trop focalisées sur la Mercedes en tête de son coéquipier Lewis Hamilton, la bourde de Valtteri Bottas derrière la voiture de sécurité en Chine n’est pas pour autant passée inaperçue à l’intérieur de la communauté de la Formule 1. Pointé du doigt pour son erreur grossière, le Finlandais a vu ses détracteurs prendre un malin plaisir à rappeler qu’au volant de la même monoplace le triple champion du monde s’était offert une véritable promenade de santé à Shanghai. Soutenu par ses employeurs après son Grand Prix difficile, le natif de Nastola savait néanmoins qu’un nouveau pas à Sakhir pourrait très vite compromettre son avenir du côté de la firme à l’étoile. Droit dans ses bottes, le protégé de Didier Coton a très rapidement su effacer son mauvais pas en rappelant qu’en plus de sa force de caractère, le champion 2011 de GP3 détenait également une sacrée pointe de vitesse.
Déjà en net progrès dans l’exercice du tour chronométré une semaine plus tôt à Shanghai, Bottas a encore franchi un palier à Bahreïn. Devancé par Hamilton en Q1 et en Q2, le Finlandais est parvenu à damer le pion au Britannique à l’issue d’une ultime tentative magistrale où il coiffa le triple champion du monde sur le poteau pour 23 millièmes de seconde. « Je suis très heureux d’enfin décrocher ma première pole position, commente le pilote flanqué du numéro 77. Il a fallu attendre ma cinquième saison avant de pouvoir la conquérir, mais j’espère qu’il s’agit de la première d’une très longue série. Je tiens à remercier l’équipe pour m’avoir fourni une aussi bonne voiture. Je suis fier d’avoir atteint un tel niveau en si peu de temps. Cela ne sert toutefois à rien de rêver. On verra demain si l’on peut concrétiser en course. Une chose est certaine, je donnerai tout en espérant que l’on puisse réussir le doublé. »
Ferrari en retrait
Auteur du chrono le plus rapide en 1’28’’769, Bottas explose le précédent record de la piste de plus de sept dixièmes et devient le 98ème pilote différent de l’histoire à s’octroyer une pole position en F1. Particulièrement discret en essais libres où il se sera surtout signaler par ses nombreuses fautes, Lewis Hamilton semblait tout proche de rééditer son coup de Shanghai où le Britannique avait attendu la toute fin des qualifications pour montrer son réel niveau de compétitivité. Si le triple champion du monde se révéla, cette fois, dominateur en Q1 et en Q2, il n’aura pas su concrétiser en Q3, la faute à une nouvelle petite erreur lors de sa deuxième tentative. Battu pour 23 minuscules millièmes de seconde par son dauphin chez Mercedes, Hamilton s’élancera demain du côté sale de la piste, une donnée qui pourrait avoir son importance en course d’autant que derrière le Britannique, Sebastian Vettel pointe de nouveau le bout du museau de sa Ferrari.
Troisième chrono du jour à près d’une demi-seconde du chrono réalisé par Bottas, « Baby-Schumi » compte bien profiter d’une SF70H nettement plus à son avantage en rythme de course pour venir troubler la quiétude des flèches d’argent. « Quand j’ai vu les écarts, j’étais tout simplement dégouté de me retrouver aussi loin, admet le quadruple champion du monde. Je ne m’y attendais vraiment pas. J’ai un peu trop forcé dans mon deuxième tour, mais cela n’a pas fonctionné. J’espère que les choses se passeront mieux demain. » Larguée par les deux grandes puissances du championnat une semaine plus tôt en Chine, Red Bull a retrouvé des couleurs dans le désert de Sakhir en plaçant ses monoplaces autour de la seconde Ferrari de Kimi Räikkönen (5ème). Toujours aussi efficace sur un tour chrono, Daniel Ricciardo (4ème) devance son coéquipier Max Verstappen (6ème) et la Renault d’un Nico Hulkenberg (7ème) encore une fois brillant dans l’exercice du tour chronométré.
Retour gagnant pour Wehrlein
Cristallisée par le bon dixième temps de Jolyon Palmer, la montée en puissance de la marque au losange vient d’ailleurs quelque peu éclipser la deuxième entrée en Q3 du Français Romain Grosjean. En proie à de nombreux soucis de freins lors de la dernière séance libre du week-end en matinée, le natif de Genève a bien redresser la situation en s’offrant le neuvième temps des qualifications juste derrière l’inexorable Felipe Massa (8ème). Visiblement requinqué par les performances de ces nouvelles F1, le Pauliste inflige une seconde pleine à son coéquipier Lance Stroll (12ème) et confirme l’ascendant pris cette année par les pilotes expérimentés sur leurs jeunes équipiers. Symbole de cette nouvelle génération en souffrance face à ses glorieux aînés, Stoffel Vandoorne (17ème) échoue une troisième fois consécutivement derrière son voisin de garage Fernando Alonso (15ème) tandis que Kevin Magnussen vingtième et bon dernier se retrouve relégué à plus de deux secondes du chrono de Grosjean.
Trahi tout comme son compatriote Alonso par sa mécanique lors de cette séance qualificative, Carlos Sainz (16ème) perd logiquement son face-à-face avec son coéquipier Daniil Kvyat (11ème) à l’inverse d’un Sergio Perez (18ème) étonnement en retrait vis-à-vis d’Esteban Ocon (14ème). Mais la plus grosse claque entre pilotes d’une même écurie est à mettre au crédit de Marcus Ericsson (19ème). Avant-dernier chrono, le Suédois a subi de plein fouet l’éclatant retour à la compétition de son coéquipier Pascal Wehrlein. Privé de roulage depuis le début de la saison après sa pirouette lors de la Course des Champions, l’Allemand s’est octroyé un superbe treizième chrono, démontrant au passage qu’il n’avait rien perdu de son (immense) talent. « Je suis vraiment content de ma treizième place, confie tout sourire le protégé de Mercedes. J’ai pu m’améliorer de séance en séance donc dans l’ensemble nous pouvons être satisfaits du résultat aujourd’hui. Je suis maintenant curieux de voir comment se passera ma première course au volant de la Sauber. »
Andrea Noviello
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