Qualification : Hamilton en terrain conquis

Deux semaines après son week-end sans à Monaco, Lewis Hamilton a remis les pendules à l’heure à l’occasion des qualifications du Grand Prix du Canada. Époustouflant lors de ses deux tentatives en Q3, l’Anglais s’offre la 65^ème pole position de sa carrière en Formule 1, égalant son idole de toujours Ayrton Senna. Le pilote Mercedes s’élancera dimanche devant la Ferrari de Sebastian Vettel et son équipier au sein de la firme à l’étoile Valtteri Bottas.

Jusqu’ici le doute était encore permis. Si Lewis Hamilton s’était rapidement mis dans le rythme en signant le meilleur chrono des essais libres 1, il avait en revanche dû s’incliner lors des deux séances suivantes face à ses rivaux de chez Ferrari. Le vendredi après-midi, Kimi Räikkönen l’avait d’abord empêché d’occuper le sommet de la feuille de temps avant que l’autre pilote de la Scuderia, Sebastian Vettel, ne fasse de même le samedi matin en libres 3. Bien que jamais au-delà du top 3, l’Anglais n’avait pas complètement rassuré les plus sceptiques sur son état de forme, et celle de sa Mercedes par la même occasion, après son douloureux week-end monégasque. Mais l’Anglais n’est vraiment pas du genre à se laisser abattre par une déconvenue aussi importante soit elle. Obnubilé à l’idée d’effacer au plus vite son faux-pas en Principauté, le pilote Mercedes a apporté la plus cinglante des réponses lors des qualifications du Grand Prix du Canada.

Toujours aussi à son aise sur un tracé où il avait réalisé dix ans plus tôt la première pole position de sa carrière, le natif de Stevenage a frappé un grand coup dès sa première tentative en Q3, explosant au passage le précédent record de la piste montréalaise (1’12’’275). Boosté par cette entrée en matière supersonique et par le temps canon de Vettel, Hamilton a encore baissé sa marque lors de son second run, décrochant avec plus de trois dixièmes d’avance sur le quadruple champion du monde sa quatrième pole position de la saison. « Montréal a constamment été un circuit sympa pour moi, affirme tout sourire le fer de lance de la firme à l’étoile. Je voulais vraiment cette pole. J’étais à fond, j’ai poussé et mon dernier tour a été plutôt sexy. J’ai du mal à imaginer que tout se soit si bien passé. Le premier secteur a été fantastique et j’ai également réussi à améliorer dans les deux autres. Égaler Ayrton ici est très symbolique. »

Des Red Bull discrètes

Désormais détenteur du nouveau record de la piste montréalaise en 1’11’’459, Hamilton enlève sa sixième pole en terre canadienne, la 65^ème de sa carrière en Formule 1 ce qui fait de lui l’égal de son idole Ayrton Senna. Si le triple champion du monde s’annonce une nouvelle fois redoutable sur l’Ile-Notre-Dame, il devra toute de même se méfier de la menace venue d’Italie, à commencer par celle d’un Sebastian Vettel (2^ème) particulièrement à son aise le vendredi lors de ses longs relais. « Je crois que nous avons le rythme pour gagner demain, prévient le pilote Ferrari. Aujourd’hui, j’ai probablement trop attaqué et j’ai commis des erreurs dans les deux premiers virages. Je ne suis pas pleinement satisfait de mon dernier run, mais cela reste une bonne qualification. » Dans une autre dimension lors de ces qualifications canadiennes, les deux hommes forts du championnat ont littéralement éclipsé leurs coéquipiers respectifs sur le circuit Gilles-Villeneuve.

Relégué à sept dixièmes de son coéquipier Hamilton, Valtteri Bottas (3^ème) précède d’un souffle un Kimi Räikkönen (4^ème) particulièrement agacé par le comportement de ses pneumatiques sur un tour chrono. Parti embrasser un peu trop vigoureusement le mur en Q1, le champion du monde 2007 s’en est finalement tiré à bon compte à l’inverse d’un Daniil Kvyat (11^ème) nettement moins chanceux (destruction de la roue arrière droite) lors de son smack avec le mur en sortie du virage 9. Comme toujours coincées entre les deux mastodontes du plateau et le reste du peloton, les Red Bull de Max Verstappen (5^ème) et de Daniel Ricciardo (6^ème) monopolisent la troisième ligne de la grille, mais avec un débours d’une seconde pleine sur le meilleur temps. Nettement plus en verve qu’à Monaco sur un tracé mettant pleinement en lumière les qualités de sa Williams, Felipe Massa empoche le septième chrono du jour au nez et à la barbe des deux Force India de Sergio Perez (8^ème) et d’Esteban Ocon (9^ème).

Alonso se sublime

Plus véloce tout le week-end que « Checo », le Français a finalement dû s’incliner dans l’exercice du tour chronométré, perdant ainsi son sixième face-à-face avec le Mexicain en sept séances qualificatives. Autrement plus à son avantage dans le rapport de force interne avec son coéquipier en qualification, Nico Hulkenberg clôt le top dix et inflige à son voisin de garage Jolyon Palmer (15^ème) son septième revers consécutif. Parvenu à hisser sa poussive McLaren-Honda en Q2 malgré une pointe de vitesse toujours aussi ridicule (312 km/h pour les MCL32 contre 328 km/h aux Mercedes), Fernando Alonso soigne son retour après son exil américain en conquérant le douzième temps et en infligeant une nouvelle déculottée à son coéquipier Stoffel Vandoorne (16^ème) malgré une perte de puissance très handicapante dans la deuxième partie de la session.

« Atteindre la Q3 avec ce moteur n’aurait pas reflété la réalité de notre situation, confie lucide le double champion du monde espagnol. Compte-tenu de notre déficit de puissance, ce n’est en fin de compte pas un si mauvais résultat. La consommation sera critique en course et nous devrons gérer au mieux ce paramètre, car nous n’excellons pas dans ce domaine non plus. » Passé tout près de la correctionnelle au premier virage après avoir freiné sur l’herbe, Carlos Sainz (13^ème) se classe juste derrière son glorieux compatriote. Plombé par un manque de grip sur sa Haas, un mal qui a aussi affecté la monoplace sœur de Kevin Magnussen (18^ème), Romain Grosjean se contente lui du quatorzième temps du jour tandis que le héros local Lance Stroll (17^ème) n’est pas beaucoup mieux loti. Coupable d’une erreur de débutant en Q1, l’Allemand a lui aussi freiné sur l’herbe avant de partir s’encastrer dans le mur au premier virage, Pascal Wehrlein s’élancera bon dernier aux côtés de l’autre Sauber de Marcus Ericsson (19^ème).

Andrea Noviello