Lewis Hamilton
Les dix petits points récoltés par l’Anglais dans les rues de Bakou sont loin de refléter la performance du triple champion du monde lors de ce premier Grand Prix d’Azerbaïdjan de l’histoire. Car Lewis Hamilton n’a pas simplement dominé cette huitième manche de la saison. Il l’a écrasé. Effacé pendant toutes les séances libres, le pilote Mercedes a, tout d’abord, sorti un tour d’anthologie lors de son ultime tentative en qualification pour s’offrir la 66ème pole position de sa carrière en F1. Sa course sera du même tonneau. Parfait au départ, le Britannique prend rapidement ses distances avec son dauphin et rival Vettel. Appelé une première fois à son stand dans le 13ème tour afin de monter les pneus tendres, le natif de Stevenage gère habillement la relance en redémarrant très tôt en sortie de la vieille ville. Forcé de couper presque aussitôt son effort suite à une seconde intervention de la voiture de sécurité, l’ancien protégé de Ron Dennis opte pour une approche différente lors du second restart. En enchaînant les phases d’accélération-freinage et en retardant au maximum sa relance, le fer de lance de la firme à l’étoile pousse Vettel à commettre l’irréparable (en le percutant par l’arrière d’abord puis en le télescopant volontairement ensuite). Toujours solidement installé (2,2 secondes d’avance sur la Ferrari) au commandement après l’interruption du Grand Prix sous drapeau rouge, le pilote flanqué du numéro 44 est victime du détachement de son appui-tête au 29ème passage. Contraint de stopper à son box trois boucles plus tard afin de remplacer la pièce défaillante, le Britannique tombe en neuvième position derrière la Toro Rosso de Sainz. Furieux de voir Vettel repartir devant lui après son Stop-and-Go, Hamilton s’arrache en fin de course pour éliminer l’Espagnol, Alonso, Magnussen et terminer en cinquième position dans les roues de son principal adversaire au championnat. Un guerrier.
Lance Stroll
Cible, à juste titre, de nombreuses critiques depuis son arrivée en Formule 1, Lance Stroll a enfin justifié sa place parmi l’élite des pilotes mondiaux à l’occasion de ce Grand Prix d’Azerbaïdjan. Si sa neuvième place de Montréal devait plus aux circonstances de course qu’à une réelle performance de sa part, sa superbe troisième position de Bakou vient, en revanche, confirmer le réel pas en avant effectué par le jeune Canadien ces dernières semaines. Dans le rythme dès les qualifications, il devance pour la première fois de la saison son expérimenté coéquipier Massa en réalisant le huitième chrono du jour, le champion en titre de F3 a signé en course sa prestation la plus aboutie de l’année. Là où nombre de pilotes se sont laissés piégés par les rues traîtresses de la capitale, le pilote Williams n’a pas commis la moindre faute en dépit de trois neutralisations et d’une interruption sous drapeau rouge. Prudent au moment de s’extraire de son emplacement lors de l’extinction des feux, le natif de Montréal perd une place vis-à-vis de son voisin de garage avant de la récupérer à la faveur des ennuis de Bottas. Huitième pendant tout le début de course, le fils de Lawrence Stroll grimpe d’un rang à la faveur de l’abandon de Verstappen au 12ème tour. Rentré à son stand avec un tour de retard sur le reste du plateau lors de la première neutralisation, le rookie profite de la lenteur de la safety-car pour se maintenir en septième position devant la Renault d’Hulkenberg. Bombardé à la quatrième place par l’accrochage Ocon-Perez et la crevaison de Räikkönen au 17ème passage, l’ancien membre de la Ferrari Driver Academy poursuit sa méthodique remontée vers le haut du peloton grâce aux malheurs du leader Hamilton et à la pénalité infligée à Vettel. Encore nanti d’une confortable avance de 11 secondes sur Bottas dans la 42ème boucle, Stroll voit son pécule fondre comme neige au soleil au fil des tours pour finalement s’incliner sur le fil face au Finlandais. Rageant.
Daniel Ricciardo
Sous le joug de Verstappen cette saison en performance pure, l’Australien continue pourtant de dominer le prodige néerlandais au championnat grâce à sa plus grande régularité. Épargné par les ennuis techniques à Bakou, quand son coéquipier les a encore accumulés, Daniel Ricciardo a parfaitement su tirer parti d’une course complètement folle pour épingler son cinquième succès en F1. Parti à la faute au plus mauvais moment des qualifications en Q3, il enregistre un modeste dixième temps, le pilote Red Bull va en revanche se montrer irréprochable le dimanche après-midi en course. Auteur d’un envol moyen, le natif de Perth gagne une place dans le 1er tour à la faveur de l’accrochage entre Bottas et Räikkönen. Contraint de s’arrêter à son stand dès l’entame de la 6ème boucle afin de nettoyer ses écopes de freins obstruées par des débris, le vice-champion 2010 de F3.5 tombe en dix-septième position derrière la Renault de Palmer. Facilement venu à bout de l’Anglais au 8ème passage, « Smiling » efface dans la foulée Wehrlein en fin de ligne droite des stands. Déchaîné, le protégé d’Helmut Marko use à merveille de son aileron arrière mobile et du phénomène d’aspiration pour se débarrasser coup sur coup d’Ericsson et de Sainz. Dixième au moment de la première neutralisation, l’ex-pilote HRT surprend Magnussen lors du restart et remonte à la neuvième place. Repassé en gommes supertendres à l’occasion l’interruption de la course, « Ricci » répète son audacieuse manœuvre au 24ème tour en prenant le meilleur sur les deux Williams de Stroll et de Massa ainsi que sur la Renault d’Hulkenberg. Propulsé dix boucles plus tard en tête du Grand Prix par les soucis de repose-tête d’Hamilton et la pénalité de Vettel, l’Australien se détache aisément du néophyte Stroll et s’en va chercher son premier succès en 2017. Encore une fois magnifique d’audace à Bakou, Ricciardo met fin à une disette de huit mois et grimpe à la quatrième place du classement pilotes. Monsieur « opportunisme ».
Fernando Alonso
Déjà privé à trois reprises (Melbourne, Shanghai, Montréal) des points par sa mécanique, Fernando Alonso a enfin réussi à débloquer son compteur en Azerbaïdjan. Monstrueux d’abnégation, l’Espagnol est allé chercher à la force du poignet une neuvième place qui aurait très bien pu se transformer en podium sans la médiocrité du bloc Honda (plus de 20 km/h rendus aux meilleurs moteurs dans la ligne droite des stands). Resté bloqué aux portes de la Q2 en qualification, il décroche le seizième temps après avoir été gêné dans sa meilleure tentative par Ricciardo, le pilote McLaren va brillamment effacer son (lourd) handicap de la grille (il part avant-dernier après avoir subi 40 places de pénalité) en réussissant un sans-faute sur les bords de la Mer Caspienne. Crédité, une fois n’est pas coutume, d’un envol terne, le « Taureau des Asturies » grimpe toutefois d’une position grâce au tête-à-queue de son compatriote Sainz dans le virage 1. Venu à bout dans la foulée de la Renault de Palmer, le double champion du monde se débarrasse ensuite de la Sauber de Wehrlein pour le gain de la quinzième place. Propulsé un rang plus haut par l’arrêt anticipé de son coéquipier Vandoorne, le natif d’Oviedo bute quelques tours derrière Ericsson avant de finalement se défaire du Suédois au 9ème passage. Passé en pneus tendres lors de la première neutralisation de course, le poulain de Flavio Briatore poursuit sa folle remontée dans la hiérarchie à la faveur des différents incidents qui émaillent le Grand Prix. Huitième avant une interruption qu’il a appelé de ses vœux par radio interposée à Charlie Whiting, « Nando » grimpe même jusqu’à la cinquième place après les arrêts d’Hamilton et de Vettel. Malheureusement pour lui, le manque de vitesse de pointe de sa machine le met à la merci de ses adversaires. Successivement doublé par Ocon, Bottas, Vettel (non sans une farouche résistance), Hamilton, Magnussen et Sainz, Alonso achève son valeureux Grand Prix à près d’une minute du vainqueur du jour, mais avec la satisfaction d’inscrire les deux premiers points du binôme McLaren-Honda. Vivement qu’on lui donne une vraie F1 !
Andrea Noviello
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