Coiffée sur le poteau par Haas au jeu des sorties, Williams a révélé à son tour les premiers clichés de sa toute nouvelle machine. Fruit du travail combiné du duo Paddy Lowe-Dirk de Beer, la FW41 marque une nette rupture avec la philosophie prônée jusque-là par l’écurie aux neuf couronnes mondiales.
De toutes les écuries du plateau elle était celle à avoir su, avec Mercedes bien entendu, le mieux profité du passage de la Formule 1 à la motorisation hybride. Troisième du championnat constructeurs à deux reprises en 2014 et en 2015, Williams avait ensuite vu son net regain de vitalité s’infléchir sérieusement à mesure que la concurrence (Ferrari et Red Bull en tête) rattrapait progressivement son retard en termes de motorisation. Trop pénalisée par une philosophie globale réductrice (une faible traînée afin de favoriser une excellente vitesse de pointe) pour pouvoir ancrer sur la durée sa position dans les hautes sphères de la hiérarchie, l’écurie basée à Grove a décidé d’opérer un changement de cap radical cette saison en concentrant toutes ses forces sur la principale faiblesse de ses précédentes machines : l’aérodynamique.
« Extérieurement, l’équipe a suivi un concept très différent de celui employé ces dernières années, étaye le responsable du département technique, Paddy Lowe. Cela nous a permis d’effectuer des progrès significatifs sur la performance aérodynamique. Toutes les F1 sont des évolutions, mais la FW41 comprend un certain nombre de nouvelles pistes. On a misé sur une nouvelle approche dans la collaboration entre l’aérodynamisme et le design afin de réussir un travail optimal. » Cette volonté de rupture avec le passé se vérifie d’ailleurs dès le premier coup d’œil, la création du duo Paddy Lowe-Dirk de Beer affichant ouvertement sa différence avec son aînée. Là où sa devancière avait misé sur la simplicité et la fluidité de ses courbes, la FW41 arbore une ribambelle de nouveaux éléments afin d’accroître de manière significative sa charge aérodynamique.
Le diable est dans les détails
Reculées et précédées d’une double barre profilée comme on a déjà pu le voir sur la Haas VF-18, les entrées d’air voient leur taille encore réduite par rapport à la saison passée afin d’optimiser le flux d’air en direction des flancs et de l’arrière de la monoplace. Autre nouveauté : l’apparition d’un panneau trapézoïdal à la base du déflecteur afin de mieux protéger les pontons des turbulences générées par la rotation des roues. Unique par le passé, le pilier de soutien de l’aileron arrière se double d’un second support sur la dernière création des ateliers de Grove, une innovation déjà entrevue sur la Ferrari l’an dernier et qui porte clairement l’empreinte de l’ancien chef aéro de la Scuderia. Si elle doit nombre de solutions au designer Britannique, la FW41 tire également son inspiration de la machine référence du dernier exercice : la Mercedes W08.
Les ailettes installées de part et d’autre des flancs de la monocoque, l’extracteur à la forme de diffuseur niché en-dessous du museau ou encore les déflecteurs latéraux dentelés viennent également rappeler le lien de parenté entre les deux monoplaces : Paddy Lowe. Arrivé trop tardivement la saison passée pour réellement influer sur le dessin de la FW40, le directeur technique a cette fois pu largement apposer sa patte sur la nouvelle Williams. Et il n’a pas lésiné sur les détails à l’instar d’un S-duct mieux intégré sous le capot, d’un aileron avant plus travaillé (il compte désormais six volets) ou encore d’un diffuseur aux découpes moins sommaires que par le passé. « Nous espérons que cette voiture nous permettra de progresser dans la hiérarchie par rapport à 2017, clame le responsable du département technique. L’ensemble de l’équipe technique voue une confiance totale à notre talentueuse paire de pilotes. »
Un line-up sujet à question
Privée de l’inestimable expérience de celui, Felipe Massa, qui aura été son point de référence pendant quatre ans, Williams s’appuiera sur un duo inédit en 2018, le Russe et néophyte Sergey Sirotkin supplantant le Pauliste aux côtés du très brouillon et encore un peu tendre Lance Stroll. « Lance a réalisé quelques performances très impressionnantes l’an dernier pour ses grands débuts en Formule 1, tente de rassurer la patronne du team britannique, Claire Williams. Il est le seul pilote en dehors des trois tops teams à avoir réussi à grimper sur un podium. On compte bien capitaliser dessus cette saison. » Si de nombreux doutes restent en suspens quant à la complémentarité et surtout l’efficacité d’un line-up très décrié, Williams pourra néanmoins compter sur un atout inchangé cette saison : le Power Unit Mercedes.
Modèle de sobriété et de fiabilité l’an passé, le V6 turbo allemand ne devrait de surcroît pas pâtir d’une réglementation encore plus contraignante (chacun des trois moteurs alloués sur l’année devant désormais couvrir sept Grand Prix contre cinq en 2017) en termes de longévité puisque selon plusieurs sources concordantes le groupe propulseur développé dans l’usine de Brackley pourrait même atteindre la barre symbolique des 1000 chevaux d’ici la seconde moitié de saison. Un gage de réussite certain à condition toutefois que la descendante de la décevante FW40 parvienne enfin à surmonter les difficultés chroniques de ses aînées sur les tracés en ville et que le très juvénile duo Stroll-Sirotkin réussisse de son côté à éviter le trop nombreuses erreurs qui ont si souvent plombé l’écurie chère à Frank Williams dans un passé récent.
Andrea Noviello
Poster un Commentaire