Fidèle du Grand Prix de Monaco Historique depuis la deuxième édition, Yves Saguato a de nouveau enfilé le casque lors de cette cuvée 2018. À défaut de pouvoir afficher de réelles ambitions, le Monégasque s’est évertué à prendre du plaisir trois jours durant au volant de sa Shadow DN3.
Dans un paddock à très forte connotation anglophone, il fait un peu figure d’exception. Non pas que le sémillant retraité détonne parmi ses camarades de jeu, mais contrairement à bon nombre d’entre eux, lui n’a pas eu besoin de couvrir des milliers de kilomètres pour rejoindre la Principauté. Il y vit depuis son enfance. Grand amateur de voitures, Yves Saguato est d’ailleurs passé par toutes les cases initiatiques avant de se lancer à l’assaut du Grand Prix de Monaco Historique dans la peau d’un pilote. Son permis de conduire en poche, le Monégasque s’attaque dans un premier temps au Rallye Monte-Carlo Junior.
L’expérience se révélant concluante, ce passionné de course intègre alors le corps des commissaires du Grand Prix de Formule 1. L’occasion pour lui de vivre de l’intérieur l’événement automobile le plus médiatique au monde et de côtoyer au plus près les meilleurs pilotes de la planète. Promu ensuite en tant que commissaire technique de la F1, cet ancien rénovateur d’appartements apprend à l’aube des années 2000 la future création d’une épreuve historique en Principauté. « Au début, je n’osais pas vraiment y croire, atteste le pilote de la Shadow DN3. En tant que commissaire, j’avais déjà la chance de voir les voitures passer sous mes yeux, mais jamais ne je pensais un jour pouvoir me retrouver à mon tour sur la grille de départ. C’était comme vivre un rêve. »
« Le niveau n’est plus le même »
Le rêve devient pourtant réalité lors de la deuxième édition en 2000. Yves Saguato y pilote une Matra MS 120C de sa collection personnelle. Pendant quatre Grand Prix, le Monégasque s’installera d’ailleurs à bord de la F1 française et franchira avec toujours autant d’émerveillement le virage du Mirabeau où se tenait jadis l’ancien magasin de sa mère. Au fil des ans, l’ancien rénovateur de cuisines commence pourtant à se lasser de la monoplace dessinée à l’époque par Gérard Ducarouge. En cause ? Un moteur V12 aussi mélodieux que complexe à faire fonctionner. Privilégiant la simplicité d’utilisation, le propriétaire de la société éponyme se rabat alors sur une Shadow DN3 à moteur Cosworth.
« En prenant la Shadow, j’ai choisi la facilité, confirme celui qui évolue au sein de la Série F, celle regroupant les voitures de Grand Prix F1 entre 1973 et 1976. Mais ce qui me plaît le plus dans cette auto c’est qu’elle est belle. » Si le gentleman driver s’est fixé un seul mot d’ordre, le plaisir, pour sa dixième participation au Grand Prix de Monaco Historique, il ne compte tout de même pas rouler le coude à la portière quand bien même le niveau de ses adversaires ne lui laisse guère d’espoirs de briller à domicile. « Je suis vieux maintenant, je ne peux plus rivaliser, plaisante à peine le retraité. Les premières années, j’essayais de réaliser le meilleur travail possible face à d’autres gentleman drivers. Aujourd’hui, on tend vers le professionnalisme. Le niveau n’est plus le même. »
Andrea Noviello
Fière d’avoir un père pilote de F1