Pas encore parvenu à entrer dans les points en 2022, le pilote Haas veut profiter des prochaines courses pour enfin ouvrir son compteur et définitivement lancer une saison qui tarde à décoller.
Sa première saison au plus haut niveau lui avait permis de se forger une réputation de pilote fiable. Passé sous le drapeau à damier à dix-neuf reprises (sur vingt-deux Grand Prix. Ndlr) pour sa grande découverte de la Formule 1, Mick Schumacher avait ainsi fait taire toutes les mauvaises langues qui, à plusieurs occasions, s’étaient permises de remettre en cause le bienfondé de sa promotion en catégorie reine. Régulier à défaut d’être réellement transcendant, l’Allemand s’était facilement offert le scalp du très limité Nikita Mazepin (19 à 3 en qualification et 16 à 5 en course. Ndlr), s’imposant de facto comme le leader naturel de la moribonde équipe Haas. Déchu de son statut d’homme fort du team américain avec l’arrivée du très expérimenté Kevin Magnussen pendant l’hiver, le champion 2020 de Formule 2 a également entamé une grande partie du crédit qu’il s’était construit l’an dernier en accumulant les (violentes) sorties de piste en ce très décevant début de championnat 2022. Victime de deux crashs monstrueux à Djeddah (en qualification. Ndlr) et à Monaco (en course. Ndlr), le pilote de 23 ans a non seulement porté un méchant coup aux finances déjà très limitées de l’écurie US, mais a surtout perdu l’indulgence de ceux qui le prédestinaient déjà à un avenir en rouge du côté de Maranello. Incapable d’inscrire le moindre point quand dans le même temps son coéquipier Magnussen en a marqué quinze depuis Sakhir, « MSC » sait qu’il va désormais lui falloir sérieusement inverser la tendance pour espérer conserver la confiance de ses employeurs et d’un milieu pas vraiment réputé pour sa grande mansuétude.
En huit courses disputées cette saison, vous n’avez pas encore réussi à débloquer votre compteur de points. Comment l’expliquez-vous ?
Je dirais que l’on a été malchanceux quelquefois. On n’a pas forcément toujours adopté la meilleure stratégie non plus. Barcelone a, sans doute, été la course où l’on a connu le moins de réussite cette année. On avait pris un bon départ puisqu’on était remonté jusqu’à la sixième position. La suite du Grand Prix n’a, malheureusement, pas tourné à notre avantage (il se classe finalement 14ème en Espagne. Ndlr). On n’a pas eu beaucoup de chance depuis l’ouverture de la saison, mais il n’y a rien d’insurmontable pour autant. Je suis convaincu que l’on obtiendra un bon résultat très bientôt.
Vous avez, très certainement, laissé filer votre meilleure opportunité d’entrer dans les points à Miami lors de votre accrochage avec votre compatriote Sebastian Vettel. Avec le recul, ne pensez-vous pas que votre manœuvre de dépassement était trop optimiste ?
Je l’ignore. Dans ce type de situation vous devez tenter le coup. Alors bien sûr, vous devez regarder ce que vous faites, mais aussi surveiller ce que les autres pilotes font. Encore une fois, ce sont des circonstances de course qui conduisent à ce genre d’incident. Il ne faut pas oublier ce qu’il s’est passé juste avant (le Grand Prix a été neutralisé pendant six tours à la suite de l’accrochage entre Gasly et Norris. Ndlr). On s’est retrouvé dans cette situation à cause d’un autre pilote. Cela s’est, malheureusement, mal terminé et j’ai ensuite dû batailler jusqu’à l’arrivée. Mais d’un autre côté, si on n’avait pas essayé de repasser immédiatement devant Sebastian (Vettel. Ndlr), on aurait certainement terminé la course à la onzième position. Or, je n’étais pas disposé à me contenter d’une nouvelle onzième place.
« Ce vibreur (celui de Djeddah. Ndlr) n’est peut-être pas le mieux adapté à la nouvelle génération de voiture. Les autos sont beaucoup plus basses aujourd’hui et avec ce genre de vibreur agressif il peut se produire ce à quoi on a assisté en Arabie Saoudite. Deux autres pilotes ont failli se faire piéger à cet endroit-là »
Vous entretenez une relation très particulière avec Sebastian Vettel. En quoi son immense expérience de la Formule 1 vous aide-t-elle à progresser en tant que pilote ?
Seb (Vettel. Ndlr) et moi partageons effectivement une relation assez rare dans le monde du sport automobile. Je ne dirais pas nécessairement que j’apprends de lui en tant que pilote. On discute et on se réconforte aussi. On a, sans aucun doute, un lien spécial. Maintenant, on ne parle pas forcément de course, mais plutôt de tout ce qui se passe autour. La plupart du temps, on n’évoque pas du tout la Formule 1. Nos discussions ne tournent pas seulement autour du sport automobile.
Votre très spectaculaire crash lors des qualifications du Grand Prix d’Arabie Saoudite a été l’un des faits marquants de votre début de championnat. Sur le coup, avez-vous eu le temps d’avoir peur ?
En aucun cas. Je n’éprouve pas plus de crainte aujourd’hui qu’avant mon accident de Djeddah. Je crois que si vous avez peur dans ce sport alors c’est que vous n’avez probablement pas choisi le bon.
Beaucoup de vos collègues pilotes ont pointé du doigt le circuit de Djeddah pour sa trop grande dangerosité. Pensez-vous, comme eux, que ce tracé n’est pas suffisamment sûr pour accueillir une course de Formule 1 ?
Certains points doivent, effectivement, être étudiés. Ce vibreur (celui sur lequel il a perdu le contrôle de sa Haas avant de violemment percuter le mur. Ndlr) n’est peut-être pas le mieux adapté à la nouvelle génération de voiture. Les autos sont beaucoup plus basses aujourd’hui et avec ce genre de vibreur agressif il peut se produire ce à quoi on a assisté en Arabie Saoudite. Deux autres pilotes ont failli se faire piéger à cet endroit-là. Les instances ont probablement déjà pris en compte toutes ces considérations. On n’avait, par exemple, pas ce type de vibreur à Miami donc il y a forcément eu une réflexion à la suite de mon accident.
« Barcelone constitue une bonne référence et un bon point de départ dans cet exercice (des qualifications) d’autant que la voiture n’était pas parfaitement réglée après les libres 3. Avoir réussi à survivre jusqu’à la Q3 est vraiment positif. On va, maintenant, s’appuyer sur cette base pour continuer à avancer »
Après vingt-six tentatives infructueuses depuis vos débuts dans la discipline en 2021, vous avez décroché à Barcelone votre toute première accession en Q3. Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un nouveau palier dans l’exercice des qualifications ?
Je crois que dans l’ensemble mes performances en qualification ont été plutôt solides. Je suis probablement le seul, dans mon équipe tout du moins, à m’être constamment qualifié en Q2 (sauf à Bakou où il a été éliminé dès la Q1. Ndlr). Ce qui constitue déjà une bonne chose en soit. On a, également, prouvé que l’on était capable de réaliser un bon tour chrono même quand on n’avait pas forcément un très gros rythme. La qualification c’est réussir à réunir toutes les pièces du puzzle ensemble pour extraire le maximum de l’auto. Jusque-là, on n’était pas vraiment parvenu à le faire. Barcelone constitue donc une bonne référence et un bon point de départ dans cet exercice d’autant que la voiture n’était pas parfaitement réglée après les libres 3. Avoir réussi à survivre jusqu’à la Q3 est vraiment positif. On va, maintenant, s’appuyer sur cette base pour continuer à avancer.
Votre boss Günther Steiner a déclaré en amont du Grand Prix de Miami qu’avec l’arrivée de Magnussen à vos côtés, « vous disposiez désormais d’une référence et qu’il vous fallait maintenant vous élever au niveau de Kevin. » Dans quel domaine disposez-vous de la plus grande marge de progression ?
Je pense que pour plusieurs raisons on ne peut pas réellement considérer la saison dernière comme une vraie première année. Avec la nouvelle réglementation technique, je dois un petit peu tout réapprendre. Kevin (Magnussen. Ndlr) a non seulement de nombreuses années de course automobile derrière lui, mais il dispose aussi une très grande expérience de la F1. Cela joue forcément un rôle important dans ses performances. Maintenant, je l’ai déjà battu en qualification ou sur certaines courses. J’ai connu deux très bon Grand Prix à Miami et à Barcelone par exemple. C’est juste une question de tout mettre dans le bon ordre, d’être au bon endroit au bon moment et d’adopter la bonne stratégie pour tirer le maximum de notre potentiel.
L’an dernier, vous faisiez office de leader naturel de l’équipe. Avec la venue de Kevin Magnussen dans l’écurie, vous ne disposez dorénavant plus du même statut en interne. Qu’est-ce que concrètement cela change pour vous ?
La saison est très longue vous savez. L’histoire n’a pas encore été écrite et il y a beaucoup à venir. Certaines fois, Kevin sera devant moi et d’autres fois, c’est moi qui le devancerai. Je me répète, mais c’est juste une question d’être au bon endroit au bon moment.
Propos recueillis par Andrea Noviello
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