Mick Schumacher : « Montrer ce dont je suis capable » (2/2)

Mick Schumacher Azerbaïdjan 2022 F1
Schumacher ne veut pas blâmer la FIA pour les problèmes de "marsouinage" apparus sur les F1 version 2022.
Facebooktwitter

Pas encore parvenu à entrer dans les points en 2022, le pilote Haas veut profiter des prochaines courses pour enfin ouvrir son compteur et définitivement lancer une saison qui tarde à décoller.

Sa première saison au plus haut niveau lui avait permis de se forger une réputation de pilote fiable. Passé sous le drapeau à damier à dix-neuf reprises (sur vingt-deux Grand Prix. Ndlr) pour sa grande découverte de la Formule 1, Mick Schumacher avait ainsi fait taire toutes les mauvaises langues qui, à plusieurs occasions, s’étaient permises de remettre en cause le bienfondé de sa promotion en catégorie reine. Régulier à défaut d’être réellement transcendant, l’Allemand s’était facilement offert le scalp du très limité Nikita Mazepin (19 à 3 en qualification et 16 à 5 en course. Ndlr), s’imposant de facto comme le leader naturel de la moribonde équipe Haas. Déchu de son statut d’homme fort du team américain avec l’arrivée du très expérimenté Kevin Magnussen pendant l’hiver, le champion 2020 de Formule 2 a également entamé une grande partie du crédit qu’il s’était construit l’an dernier en accumulant les (violentes) sorties de piste en ce très décevant début de championnat 2022. Victime de deux crashs monstrueux à Djeddah (en qualification. Ndlr) et à Monaco (en course. Ndlr), le pilote de 23 ans a non seulement porté un méchant coup aux finances déjà très limitées de l’écurie US, mais a surtout perdu l’indulgence de ceux qui le prédestinaient déjà à un avenir en rouge du côté de Maranello. Incapable d’inscrire le moindre point quand dans le même temps son coéquipier Magnussen en a marqué quinze depuis Sakhir, « MSC » sait qu’il va désormais lui falloir sérieusement inverser la tendance pour espérer conserver la confiance de ses employeurs et d’un milieu pas vraiment réputé pour sa grande mansuétude.

Le manque de performance de la Haas vous condamnait à lutter en queue de peloton la saison dernière. Comment vivez-vous le fait de disposer, désormais, d’une voiture compétitive ?

C’est toujours bon de rouler dans une meilleure voiture. On est, clairement, plus proche cette année que l’on ne pouvait l’être dans le passé. Il y a moins d’écart que la saison dernière ce qui est aussi une bonne chose pour le sport. Je suis heureux de me retrouver dans cette position. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir apprendre à me battre. Je vais donc saisir cette opportunité pour montrer ce dont je suis capable lorsque j’évolue un peu plus haut dans le peloton.

Vous n’avez couru qu’un an à bord de l’ancienne génération de F1. Bien que ces autos soient très différentes l’une de l’autre, existe-t-il tout de même quelques similitudes avec les monoplaces version 2022 ?

Elles sont assez différentes l’une de l’autre, même si à la fin ce sont toujours des voitures rapides. Vous devez, simplement, rouler aussi vite que possible. En termes de style de pilotage, cela n’a pas trop de sens de rentrer dans les détails aujourd’hui. Une chose est sûre toutefois, les autos sont différentes de celles de l’an dernier.

L’un des effets les plus inattendus de cette nouvelle réglementation technique est l’apparition du « marsouinage ». La FIA et les équipes auraient-elles dû mieux anticiper ce phénomène ?

Je ne crois pas que quelqu’un soit à blâmer dans ce cas précis. Il était très difficile de prévoir que cela pourrait poser problème pour la simple et bonne raison qu’on ne peut pas reproduire ce phénomène en soufflerie ou dans le simulateur.

« Ce sport est, de tout façon, dur pour les pilotes. Si ce ne sont pas les rebonds, ce sont les forces G et tous ces genres de choses. Je crois que le karting est bien pire pour le corps des pilotes. Et on a tous couru en karting étant enfant » 

Voir les Formule 1 tressauter de la sorte en ligne droite est assez dérangeant de l’extérieur. Qu’en est-il à bord de la monoplace ?

Je mentirais si je répondais que c’était confortable, mais si la voiture est rapide alors je m’en accommode bien volontiers.

George Russell a ouvertement affiché ses inquiétudes quant aux effets néfastes du « marsouinage » sur l’état de santé des pilotes. Pensez-vous, comme lui, que ce phénomène pourrait s’avérer dangereux à moyen terme ?

Je ne sais pas. Ce sport est, de tout façon, dur pour les pilotes. Si ce ne sont pas les rebonds, ce sont les forces G et tous ces genres de choses. Je crois que le karting est bien pire pour le corps des pilotes. Et on a tous couru en karting étant enfant. Je ne sais franchement pas lequel de deux est pire. Piloter en karting quand on est encore gamin ou alors souffrir d’un peu de marsouinage pour être rapide au volant d’une F1.

Malgré les plaintes ouvertement émises par plusieurs membres d’équipe, le calendrier de la F1 va continuer sa folle expansion en 2023 avec l’apparition d’un nouveau Grand Prix à Las Vegas. On parle, également, de plus en plus d’un retour de l’Afrique du Sud dès la saison prochaine. Ne dépasse-t-on pas les limites du raisonnable selon-vous ?

Cela commence à faire beaucoup en effet, mais je crois qu’il est surtout question de construire le calendrier de manière plus rationnelle. Il faut placer les courses dans le bon ordre et ne plus organiser trois Grand Prix consécutifs sur trois continents différents. Aujourd’hui, on part d’un côté de la planète pour ensuite aller totalement à l’opposé et finalement se retrouver derrière à un endroit encore différent. Au lieu de constamment bouger de gauche à droite, il serait peut-être plus judicieux d’harmoniser les déplacements.

« Quand on est pilote, on court simplement là où on nous demande de courir. Alors bien sûr, j’adorerais revoir de pistes comme le Nürburgring ou Hockenheim au calendrier de la F1. Mais ce n’est pas à moi d’en décider » 

Ces dernières années, la Formule 1 a vu apparaître de très nombreux nouveaux circuits urbains à l’instar de Bakou, Djeddah ou encore Miami. La discipline ne fait-elle pas fausse route en privilégiant des tracés en ville à des pistes old-school nettement plus exigeante d’un point de vue pilotage ?

Je pense que les anciens circuits sont aussi importants que les nouveaux. C’est juste une question d’ondes positives et de ce qu’un tracé peut apporter en termes d’excitation. Quand on est pilote, on court simplement là où on nous demande de courir. Alors bien sûr, j’adorerais revoir de pistes comme le Nürburgring ou Hockenheim au calendrier de la F1. Mais ce n’est pas à moi d’en décider.

Prenez-vous réellement du plaisir à courir sur ces nouveaux tracés très artificiels et sans âme ?

Ces nouveaux tracés offrent surtout l’opportunité de découvrir de nouvelles destinations. Je n’avais, par exemple, jamais été à Miami avant d’y courir cette année. Avoir pu m’y rendre pour la course et expérimenter ce nouveau circuit fut assez plaisant en fin de compte. Ce que la Formule 1 est en train de réaliser sur le marché américain est vraiment intéressant. Encore une fois, ce n’est pas à moi de décider où l’on doit courir. Je n’ai pas, non plus, à dire si j’éprouve plus ou moins de plaisir à courir sur telle ou telle piste. Je ne m’en préoccupe absolument pas pour être honnête. Mon seul objectif est de m’assoir de ma voiture et de courir.

Il y a trois ans de cela, vous aviez eu la chance de pouvoir piloter la Ferrari F2004 de votre père Michael. Qu’en avez-vous pensé ?

C’était vraiment une belle expérience. Je n’ai pas seulement conduit la F2004 vous savez. J’ai également eu la chance d’essayer la Ferrari de 2002, la Jordan de 1991 ou encore la Benetton de 1994. J’ai ainsi pu rouler à bord d’une très grande variété de F1 ce qui m’a permis de constater les bénéfices du développement de ces machines avec les années. J’ai, clairement, pris beaucoup de plaisir à découvrir ces autos. C’était très sympa.

Propos recueillis par Andrea Noviello

Mick Schumacher Ferrari F2004
« MSC » a particulièrement apprécié son roulage à bord de la Ferrari F2004 de son père Michael.
Facebooktwitter

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*