Buenos Aires 1998 : la riposte

Michael Schumacher Argentine 1998
Michael Schumacher dépasse Jackie Stewart en raflant à Buenos Aires la 28ème victoire de sa carrière.
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Au pied du mur après une entame de championnat des plus compliquées, Michael Schumacher réagit de la plus belles des manières lors du Grand Prix d’Argentine 1998. Parvenu à se glisser entre les McLaren en qualification, l’Allemand domine également les flèches d’argent en course grâce à une stratégie parfaite et une maestria retrouvée.

Reparti de Melbourne sans le moindre point au compteur, Michael Schumacher attend beaucoup de la deuxième manche de la saison 1998 disputée au Brésil. Si le pilote Ferrari ne se fait guère d’illusion sur ses chances de pouvoir battre à la régulière les impressionnantes McLaren-Mercedes, il espère tout de même que la nouvelle version du 047 lui permettra de tenir la dragée haute aux Williams et Benetton. Autre motif d’espoir du côté de Maranello : la Fédération Internationale de l’Automobile a donné raison à la Scuderia au sujet de sa réclamation contre le révolutionnaire système de freinage bidirectionnel utilisé en Australie par l’écurie de Ron Dennis, mais aussi par Williams et Jordan. Jugé illégal par l’instance dirigeante, ce dispositif est banni dès le samedi matin à la plus grande joie de « Schumi » et de son clan. Bien que purement symbolique, cette victoire sur le terrain politique offre à Ferrari et son double champion du monde de nouvelles perspectives. Du moins le pensent-ils. Car même dépourvues de cet artifice, les McLaren écrasent le rendez-vous brésilien.

Seulement quatrième des qualifications, le natif d’Hürt-Hermülheim connaît une course des plus chaotiques (mauvais départ, calage lors de son deuxième pit-stop). Malgré une stratégie agressive à deux arrêts et une attaque de tous les instants, le protégé de Willi Weber doit se contenter d’une lointaine troisième place à plus d’une minute du vainqueur Mika Hakkinen. Le coup est rude pour le fer de lance de la Scuderia d’autant que son retard sur le Finlandais au championnat se chiffre désormais à 16 points. Pas vraiment du genre à s’avouer aussi tôt vaincu, le « Kaiser » met à profit les deux semaines séparant l’épreuve pauliste du Grand Prix d’Argentine pour tester un large éventail de nouveautés sur sa F300. Outre de nombreuses petites améliorations apportées directement sur sa monoplace, l’ancien poulain de Flavio Briatore expérimente à Barcelone un pneu avant plus large. Le ressenti est positif. De quoi redonner de l’appétit à l’ogre de Kerpen. Les bonnes sensations du « Baron Rouge » se confirment d’ailleurs dès les qualifications. Pour la première fois de l’année, le pilote de 29 ans s’intercale entre les deux McLaren, échouant à seulement quatre dixièmes de Coulthard.

Un dépassement au chausse pied

Conscient que sa F300 ne lui permettra pas à la régulière de battre les flèches d’argent, le champion du monde 1995 mise de nouveau sur une stratégie à deux arrêts. Mais pour que son plan fonctionne, l’Allemand doit vite se défaire de son rival Écossais. Malheureusement comme ce fut le cas deux semaines plus tôt au Brésil, « le petit Mozart de la F1 » rate son envol et se laisse déborder par l’autre machine grise d’Hakkinen. Déterminé à effacer cet accro le plus rapidement possible, « Schumi » se débarrasse du Finlandais dès le deuxième tour à la suite d’une manœuvre imparable par l’extérieur dans Viborita. Lancé aux trousses du leader Coulthard, le protégé de Willi Weber ramarre le pilote McLaren en l’espace de deux boucles avant de profiter d’une légère faute de l’Écossais au 5ème tour pour porter une attaque dans l’épingle Reutemann. Audacieuse, la manœuvre du double champion du monde se solde par un accrochage entre les deux hommes. Si Coulthard vient de dire adieu à ses chances de victoire en terre argentine, le pilote Ferrari s’ouvre lui le chemin d’un premier succès en 1998.

Sa plus grande menace écartée, l’ancien poulain de Flavio Briatore peut s’en donner à cœur joie ce dont il ne se prive pas. Le « Baron Rouge » accumule les meilleurs tours et se bâtit une substantielle avance de 11 secondes sur son plus proche poursuivant Hakkinen en à peine dix boucles. Appelé une première fois à son stand au 28ème passage, le « Kaiser » abandonne provisoirement les rênes du Grand Prix au leader du championnat avant de les récupérer dans la 42ème boucle suite à l’arrêt du Finlandais. Le fer de lance de la Scuderia reprend alors son travail de sape et tourne régulièrement une seconde au tour plus rapide que la McLaren derrière lui. Avec près de 20 secondes de marge la cause semble entendue. Logiquement ressorti en tête de son second ravitaillement au 53ème passage, le prodigue de Kerpen n’est pourtant pas à l’abri des caprices de la météo. Piégé par l’apparition de quelques gouttes de pluie au 67ème tour, le champion du monde 1994 sort de la piste dans Horquilla, mais parvient à regagner le bitume avec maestria. Cette frayeur évacuée, Schumacher empoche sa première victoire de la saison et relance complètement un championnat peut-être un peu trop rapidement promis aux McLaren-Mercedes.

Andrea Noviello

Michael Schumacher Buenos Aires 1998
En mettant fin à l’hégémonie des McLaren, Schumacher et Ferrari lancent enfin leur saison 1998.
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