Billet d’humeur : Sans limites !

Billet d'humeur USA 2017
La propagation des run-off a fortement contribué à la dénaturation des circuits de Formule 1.
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Fin ruban de bitume entouré d’arbres, de ravins, de poteaux électriques ou autres habitations du temps des gladiateurs, les circuits de Formule 1 ont subi au fils des décennies une mutation proportionnellement inverse à la performance des machines. Quand les monoplaces lancées en piste n’ont jamais cessé d’étaler au grand jour des innovations censées les rendre toujours plus extrêmes, les tracés du calendrier ont à l’inverse vu leur démesure et leur caractère dépecé à mesure que les accidents mortels se sont multipliés. Conscient de ne plus pouvoir se contenter d’évoquer la fatalité quand de simples mesures de sécurité auraient pu éviter moult tragédies, les propriétaires de ces « aires de jeu » pour fous du volant ont alors pris le taureau par les cornes et mis fin à l’ère de l’amateurisme. Fini les circuits empruntant des routes ouvertes (Charade), fini les pistes non dépourvues de rails (Nürburgring) et surtout fini le temps où se sont les pilotes eux-mêmes qui venaient au secours d’un des leurs faute de commissaires présents sur les lieux de l’incident (Spa 1966). Les disparitions s’estompant au fur et à mesure que les règles encadrant la sécurité autour des circuits se durcirent, on aurait pu alors croire que cette course à l’anéantissement du danger aller progressivement se refréner pour laisser place à quelques ajustements ponctuels. Il n’en fut rien. Les drames d’Imola 1994 et de Suzuka 2014 vingt ans plus tard venant (douloureusement) rappeler à tous que le risque zéro n’existera jamais en sport automobile, la Fédération Internationale de l’Automobile a poursuivi son dur labeur, contraignant les promoteurs à respecter des mesures toujours plus draconiennes. Après la castration de toutes les grandes courbes du championnat, la multiplication des chicanes, l’autorité régulatrice s’est attaquée à l’aube des années 2000 aux zones de dégagement en leur retirant tout aspect dissuasif. La démocratisation des run-off, astroturfs et autres triples couches de vibreurs est venue totalement chambouler les repères de ceux qui autrefois bravaient le danger à chaque virage et qui aujourd’hui s’amusent à en redessiner les contours. Sans limites !

Andrea Noviello

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