Entré discrètement dans son week-end, Sebastian Vettel a progressivement monté le curseur pour aller chercher le meilleur temps des qualifications du Grand Prix du Mexique. Parvenu à tout mettre bout à bout lors de son ultime tentative, le quadruple champion du monde a décroché la 50ème pole position de sa carrière en Formule 1. Battu sur le fil par le pilote Ferrari après avoir longtemps fait figure de favori, Max Verstappen enlève le deuxième chrono du jour devant la Mercedes d’un Lewis Hamilton nettement moins saignant qu’à Austin.
Le coup fut rude. La défaite cinglante. Les conséquences lourdes au championnat. En laissant Lewis Hamilton triompher une semaine plus tôt aux États-Unis, Sebastian Vettel a très certainement dit adieu à ses dernières chances de conquérir une première couronne mondiale en rouge. L’écart avec le Britannique (66 points) étant désormais quasiment irrattrapable, le fer de lance de la Scuderia a dû se résoudre à vivre une quatrième saison consécutive vierge de titre. Ce constat, certes douloureux pour un quadruple champion du monde, n’a pourtant en rien altéré le désir de vaincre de « Baby-Schumi ». Bien au contraire. Quitte à devoir s’incliner face au pilote Mercedes, le natif d’Heppenheim entend tomber avec les honneurs en menant jusqu’au bout la vie dure à celui qui sera bientôt son égal au palmarès. Un précepte que le leader de Ferrari a appliqué à la lettre à l’occasion de la dix-huitième séance qualificative de cet exercice 2017.
Effacé lors de la journée de vendredi, il ne signe que les 5ème et 4ème temps des deux premières séances libres, Vettel s’est également longtemps montré discret le samedi (3ème chrono des libres 3) avant de subitement enclencher la vitesse supérieure dans son exercice favori des qualifications. Volontairement en retrait lors de la Q1, l’Allemand a attendu la toute fin de Q3 pour sortir un tour dont il a le secret et coiffer sur le poteau un Max Verstappen dépité de se voir ainsi souffler sur le fil une pole que le pilote Red Bull avait pris pour acquise après sa démonstration de force de Q2. « Quel tour, je suis vraiment très content, s’enthousiasme le quadruple champion du monde. Je me suis fait une petite frayeur dans le virage 6, mais cela ne m’a heureusement rien coûté en termes de temps. Je savais que si je réalisais un tour propre, je pouvais décrocher la pole. J’y suis parvenu. La journée d’hier fut délicate, mais nous avons bien progressé. Tous les changements apportés sur la voiture se sont révélés positifs. Je ne pourrai hélas rien contrôler demain. Tout dépendra du résultat de Lewis. De notre côté, on va s’atteler à signer un bon résultat. Ensuite nous verrons bien. »
Hamilton impuissant
Nouveau détenteur du record de la piste de Mexico en 1’16’’488, Vettel pulvérise non seulement la précédente marque (fixée par Hamilton en 2016) de plus de deux secondes, mais empoche surtout la 50ème pole position de sa carrière, la quatrième cette saison après Sotchi, Budapest et Marina Bay. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, l’Allemand sera accompagné sur la première ligne de la grille par un autre pilote susceptible de prendre des points à son rival Hamilton en course en la personne du trublion Max Verstappen (2ème). Époustouflant lors de la deuxième partie de la séance, il signe le meilleur temps avec trois gros dixièmes de marge sur ce même Vettel, le prodigue néerlandais n’est finalement pas parvenu à rééditer sa performance en Q3, la faute à une mauvaise mise en température de ses gommes. « J’avais nettement moins d’adhérence qu’en Q2, déplore le pilote Red Bull. Je crois pourtant que mon tour était meilleur. Deuxième n’est pas une catastrophe en soi, mais cela m’embête vraiment d’avoir manqué la pole. Je la voulais vraiment aujourd’hui. »
Sous le coup d’une enquête des commissaires pour avoir, volontairement ou non, gêné la Mercedes de Valtteri Bottas (4ème) en Q3, Verstappen a logiquement été blanchi par la FIA et s’élancera donc de facto devant le leader du championnat Lewis Hamilton (3ème). Étonnement hors du coup après avoir pourtant connu l’un de ses « meilleurs vendredi de l’année », le pilote Mercedes n’aura fait illusion qu’en Q1 avant de rentrer dans les rangs et de subir son premier revers dans l’exercice du tour chronométré depuis Singapour. « Ces deux-là étaient trop rapides pour nous, confesse objectivement le natif de Stevenage. J’aurais pu rouler un poil plus vite lors de mon ultime tentative. Cela n’aurait de toute façon pas été suffisant pour les battre. On reste malgré tout dans le coup pour la victoire demain. » Résolument optimiste sur ses chances de briller en course, Hamilton pourra compter sur le précieux soutien de son coéquipier Bottas si les choses venaient à mal tourner pour lui. Une aide dont ne pourront se targuer ni Vettel ni Verstappen, leurs voisins de garage respectifs ayant encore une fois déçu en qualification.
Bérézina chez Haas
Si Kimi Räikkönen s’en tire à moindre mal avec le cinquième chrono du jour, il n’en va en revanche pas de même pour Daniel Ricciardo décevant septième de la séance et auquel il faudra ajouter 20 places de pénalité sur la grille (il s’élancera donc depuis le 16ème rang) pour le changement du turbocompresseur, du MGU-H et du moteur à combustion interne. Déjà très en verve il y a une semaine du côté d’Austin, Esteban Ocon (6ème) a confirmé son excellente forme du moment en s’adjugeant, celle devient une bonne habitude, le titre de meilleurs des autres devant le duo de chez Renault Nico Hulkenberg (8ème) – Carlos Sainz (9ème) et la monoplace sœur de Sergio Perez (10ème). Lui aussi particulièrement à son avantage dans l’exercice de la vitesse pure depuis de longues semaines, Felipe Massa (11ème) a, comme aux États-Unis, échoué de justesse aux portes de la Q3, mais partira avec l’avantage de pouvoir choisir sa monte pneumatique avant le départ. Le vice-champion du monde 2008 s’est également offert un autre plaisir en collant une seconde pleine à son coéquipier chez Williams Lance Stroll (12ème).
Victime du même mal qui a touché la Toro Rosso sœur de Pierre Gasly (20ème sans le moindre chrono) lors des libres 3, le néophyte Brendon Hartley (13ème) reculera lui aussi sur la grille après voir dû changer moult pièces sur son défaillant V6 hybride Renault. Sidérant cinquième temps de la Q1, ce qui vaudra au châssis McLaren un concert de louanges de la part de l’Espagnol, Fernando Alonso (14ème) a, tout comme son coéquipier Stoffel Vandoorne (15ème), décidé de ne pas aller titiller le chronomètre en Q2, les multiples pénalités dont il fait l’objet le contraignant de toute façon à s’élancer du fond de la grille. Une semaine après avoir déjà dominé son coéquipier Pascal Wehrlein (17ème) dans l’exercice du tour chronométré au Texas, Marcus Ericsson (16ème) a de nouveau damé le pion au protégé de Mercedes sur l’Autodrome Hermanos Rodriguez en dépit d’une légère approximation à la chicane. Finalement autorisé à prendre le volant après avoir souffert de maux d’estomac le vendredi, Kevin Magnussen (18ème) précède l’autre Haas d’un Romain Grosjean (19ème) fataliste, mais lucide sur le niveau de performance de sa monoplace ce week-end. « On n’a pas d’excuse, ronchonne le Français. Notre moteur est plus puissant que celui des Sauber. À nous de travailler pour rendre cette voiture plus rapide. »
Andrea Noviello
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