Dépossédé de la tête au départ par Vettel, Lewis Hamilton a rapidement repris son bien avant de s’offrir un nouveau cavalier seul lors du Grand Prix des États-Unis, dix-septième étape de la saison 2017 de Formule 1. Sur un nuage à Austin, le Britannique conquiert la 62ème victoire de sa carrière et effectue un pas décisif vers son quatrième sacre mondial. Impuissant devant la supériorité de son adversaire, Sebastian Vettel repousse néanmoins l’échéance en décrochant la deuxième place devant son coéquipier chez Ferrari Kimi Räikkönen.
Le suspense n’aura duré que six petits tours. Soit à peine plus de dix minutes ou 33 minuscules kilomètres pour s’enthousiasmer et espérer que le retournement de situation du départ puisse perdurer lors de ce dix-septième rendez-vous de la saison. Hélas pour les amoureux de spectacle et d’incertitude, Lewis Hamilton a décrété qu’en ce championnat 2017 de suspense il n’y aurait pas. L’Anglais a eu beau (légèrement) rater son envol à Austin, il n’a pas pour autant renoncer à prolonger sa formidable série de succès (quatre en cinq courses) actuelle. Preuve de cette farouche détermination à rapidement couper court aux ambitions de son adversaire et rival dans la course au titre Sebastian Vettel, le pilote Mercedes a déployé les grands moyens dès la 3ème boucle, enchaînant les meilleurs tours les uns derrières les autres. Revenu à moins d’une seconde de la Ferrari de l’Allemand à l’amorce du 6ème passage, le triple champion n’a alors eu que pour seul défi de bien négocier sa sortie du virage 11, la courbe qui conduit à la plus longue ligne droite du circuit.
Une tâche d’une embarrassante facilité pour un pilote de la trempe d’Hamilton et qui allait définitivement sceller le sort de ce Grand Prix des États-Unis. Catapulté dans les échappements de la SF70-H par l’activation de son DRS (aileron arrière mobile), le fer de lance de la firme à l’étoile ne s’est alors pas fait prier pour piquer la Ferrari de Vettel au freinage suivant et prendre les rênes d’une course qu’il va dominer d’une main de maître. La suite ne sera dès lors plus qu’une simple formalité pour celui qui n’a trébuché qu’à une seule reprise (2013) sur le tracé texan. Excepté son dépassement sur Verstappen au 23ème passage, l’Anglais n’aura jamais à forcer son talent pour empocher le 62ème succès de sa carrière en Formule 1, la cinquième en six participations à Austin. « Encore une victoire pour moi ici, se délecte le leader du championnat. Après avoir perdu ma première place au départ, je ne pensais pas pouvoir tenir le rythme de Sebastian. Mais la voiture a tout bonnement été fantastique. Le titre constructeur est désormais acquis. Je tiens à féliciter tous les hommes et femmes qui ont fait de Mercedes la meilleure équipe cette année encore. »
Vettel le feu de paille
Placé sur la première ligne de la grille pour la 117ème fois de sa carrière, Hamilton exécute une bonne mise en action à l’extinction des feux, mais se fait aussitôt déborder par la Ferrari encore mieux partie de Vettel. Parfait dans le chef du leader de la Scuderia, le départ se révèle autrement moins satisfaisant pour l’autre pilote de Maranello Kimi Räikkönen. Surpris par la Force India d’Esteban Ocon avant l’enchaînement des esses, le champion du monde 2007 tombe au sixième rang et met d’entrée à mal son plan de venir épauler son chef de file. Si devant Vettel creuse rapidement un écart sur la Mercedes d’Hamilton (1,3 secondes), la seconde flèche d’argent de Valtteri Bottas est encore plus mal lotie. Attaqué par la Red Bull d’un Daniel Ricciardo particulièrement incisif dès la 2ème boucle, le Finlandais parvient difficilement à repousser les assauts de l’Australien. Tout aussi agressif en ce début de Grand Prix, il a déjà éliminé trois voitures au départ avant de se défaire de la Haas de Grosjean et de la Toro Rosso de Kvyat, l’autre représentant de l’écurie autrichienne Max Verstappen se débarrasse de Perez un tour plus tard pour le gain de la dixième position.
Amputée de la Renault de Nico Hulkenberg au 4ème passage, l’Allemand enregistrant son troisième abandon en quatre courses, l’épreuve américaine voit l’identité du leader changer deux boucles plus tard lorsque Hamilton élimine Vettel sur un freinage d’école au virage 12. De retour aux commandes du Grand Prix, l’Anglais peut alors sereinement dérouler son plan de marche. Vettel ne le reverra plus. « Nous n’avions pas le rythme aujourd’hui, concède le quadruple champion du monde. Je pensais pouvoir rivaliser plus longtemps avec Lewis, mais je me suis vite rendu compte que je n’en avais pas les moyens. La Mercedes était simplement plus rapide que nous ici. » Rejeté à plus de deux secondes du natif de Stevenage à l’attaque du 10ème tour, le fer de lance de la Scuderia comprend qu’il n’a désormais plus la moindre chance de vaincre. Venu à bout de la McLaren de Fernando Alonso au 7ème passage, Verstappen poursuit de son côté sa folle remontée vers le haut de la hiérarchie. Aidé par des gommes supertendres moins fragiles que les ultratendres de la concurrence, le prodigue néerlandais force la cadence et se joue dans la foulée du Français Esteban Ocon.
Alonso maudit aux États-Unis
Revenu en sixième position, le pilote Red Bull gagne encore un rang dans la 13ème boucle lorsque son coéquipier Ricciardo rentre à son stand changer de pneus. En difficulté depuis plusieurs tours avec des gommes, l’Australien tente ainsi un coup de poker pour faire sauter le bouchon Bottas. Malheureusement pour lui, « Smiling » n’aura pas le temps de tirer les bénéficies de son arrêt anticipé. Trahi de manière soudaine par son moteur en sortie du virage 12, « Ricci » doit la mort dans l’âme ranger sa RB13 dans l’herbe au 15ème passage. Bien que délesté de l’un de ses principaux animateurs, ce dix-septième rendez-vous de la saison connaît un léger emballement avec l’arrêt au stand de la Ferrari de Vettel. Lui aussi en délicatesse avec ses gommes ultratendres, « Baby-Schumi » a opté en faveur de pneus tendres dans le 17ème tour, un choix qui va lui permettre de rattraper la quasi-totalité de son retard sur Hamilton. En deux boucles, l’Allemand reprend plus de quatre secondes à la flèche d’argent et il faut l’excellence des mécaniciens Mercedes pour empêcher le pilote Ferrari de ravir la tête du Grand Prix à Hamilton au moment où celui-ci sort des boxes au 20ème passage.
Propulsé en tête de la course par les arrêts successifs des leaders, Verstappen repousse son changement de gommes le plus tard possible avant de finalement s’y résoudre quatre boucles plus tard une fois dépassé par la Mercedes d’Hamilton. Héroïque jusque-là, seul le Batave étant parvenu à prendre le meilleur sur lui en piste, Alonso voit son moteur le trahir dans ce même 24ème tour alors qu’il occupé une superbe huitième position. « Cela s’est passé comme à Indianapolis et avec le même résultat, regrette le champion du monde espagnol. Cette place personne ne nous l’avait donné. On avait été la chercher. Nous la méritions. C’est encore une belle occasion de gâcher. » Remonté sur les talons de son coéquipier Ocon à la faveur de l’abandon du « Taureau des Asturies », Perez réclame alors à son équipe d’ordonner au Français d’accélérer sa cadence ou de s’effacer. Restée sourd aux doléances du Mexicain, Force India incite plutôt « Checo » à prendre, tout comme son voisin de garage, davantage soin de ses pneus d’autant que derrière la menace Carlos Sainz se précise.
La colère de Verstappen
Épatant pour sa grande première chez Renault, le fils du double champion du monde des rallyes opère la jonction sur le duo de l’écurie indienne au 33ème tour et parvient aussitôt à prendre le dessus sur le natif de Guadalajara malgré la défense, encore une fois, inacceptable de ce dernier. Définitivement largué par le leader Hamilton, il accuse près de 6,5 secondes de retard sur la Mercedes, Vettel voit également l’autre flèche d’argent de Bottas dangereusement se rapprocher à mesure que ses gommes tendres perdent en performance. Conscient qu’il n’a désormais plus d’autre choix s’il veut sauver ses chances de podiums, l’Allemand repasse à son stand monter des supertendres dans la 39ème boucle, soit un tour après que Verstappen ait décidé d’en faire de même. Risquée, l’option prise par les deux hommes va toutefois se révéler payante, Vettel comme Verstappen tirant à merveille parti de leurs gommes fraîches en fin de Grand Prix pour rattraper le terrain perdu au stand.
Si la figure de proue de la Scuderia ne met que douze tours pour retrouver sa seconde position, Räikkönen s’étant logiquement effacé une fois Vettel débarrassé de Bottas, le crack néerlandais doit lui sortir le grand jeu pour venir à bout de la Mercedes du Finlandais au 52ème passage. Cet obstacle franchi, le protégé d’Helmut Marko peut alors s’attaquer à la troisième place de Räikkönen. Au prix d’une attaque de tous les instants, Verstappen recolle au natif d’Espoo à l’amorce du dernier tour. Pas parvenu à menacer « Ice-Man » dans la zone DRS, le pilote Red Bull use alors d’un stratagème malicieux pour surprendre le champion du monde 2007. Collé aux échappements de la Ferrari à l’entrée du virage 15, Verstappen se jette à l’intérieur du vibreur et subtilise sur le fil le podium au vétéran du plateau. Sa joie sera hélas de courte durée. Le dépassement du Hollandais ayant été opéré en dehors des limites de la piste, la FIA inflige cinq secondes de pénalité au Batave, rétrocédant ainsi la troisième marche du podium à Räikkönen. « Cette décision stupide tue le sport, s’emporte le fils de Jos. Tout le monde a abusé des limites de la piste ce week-end. Nous avions réalisé une course fantastique et ce genre de sanction donne une image déplorable de notre sport. »
Andrea Noviello
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