Intouchable depuis les essais libres, Lewis Hamilton a survolé la séance qualificative du Grand Prix des États-Unis. Époustouflant d’aisance dans son jardin d’Austin, le Britannique a enlevé la 72ème pole position de sa carrière, devançant de deux dixièmes la Ferrari de son rival au championnat Sebastian Vettel et de près d’une demi-seconde la Mercedes sœur de Valtteri Bottas.
En grand fan des États-Unis qu’il est, Lewis Hamilton a pris l’habitude de rendre chaque déplacement outre-Atlantique particulier. En 2007, l’année de ses débuts en Formule 1, le jeune pilote McLaren s’était offert le luxe de tenir tête à son encombrant coéquipier Fernando Alonso en course, repoussant un à un tous les assauts d’un double champion particulièrement irrité de voir un nouvel arrivant lui voler aussi ostensiblement la vedette. En 2012, celui qui avait depuis conquis sa première couronne mondiale avait réussi à damer le pion à la Red Bull de Sebastian Vettel pour ce qui restera comme le dernier succès du Britannique au volant d’une McLaren. En 2015 enfin, le désormais pilote Mercedes avait su profiter d’une bourde de son coéquipier Nico Rosberg en course pour coiffer sa troisième couronne mondiale à trois manches de la fin du championnat. De ces trois dates ô combien symboliques, le fer de lance de la firme à l’étoile en a surtout gardé une affection toute particulière pour le pays de l’Oncle Sam. Et une faculté à se sublimer à chaque fois qu’il pose les pieds sur le sol américain.
Son bilan y est d’ailleurs éloquent : en six participations Hamilton compte cinq victoires, seule l’édition 2013 lui ayant échappé au moment de son arrivée chez Mercedes. Depuis, le natif de Stevenage a tout raflé sur son passage, récoltant les trois dernières victoires en jeu entre 2014 et 2016. Si sa supériorité en terre US ne fait pas l’objet du moindre doute le dimanche après-midi, elle n’affiche toutefois pas le même éclat le samedi dans l’exercice des qualifications. Car à l’exception de son coup d’éclat d’Indianapolis en 2007, le triple champion du monde ne pouvait se targuer que d’une seule pole à Austin : celle décrochée l’an dernier. Une anomalie que le pilote Mercedes a pris le grand soin de corriger en 2017. Surfant sur l’élan de son excellent début de week-end, Hamilton a démoli la concurrence dans son jardin américain, décrochant, outre le record de la piste, la 72ème pole position de sa carrière. « J’adore ce circuit, atteste Lewis. Les rafales de vent ne nous ont pas facilité la tâche, mais je me suis senti à l’aise tout au long de la séance. Demain il faudra bien gérer la dégradation des gommes. Je vise la victoire en course et rien d’autre. »
Vettel toujours vivant
Détenteur du meilleur chrono du jour en 1’33’’108, Hamilton a assommé l’adversité dès sa première tentative en Q3 après avoir déjà dominé les deux premières parties des qualifications. Plus lent lors de son ultime run, il signe tout de même un temps qui lui aurait permis de s’élancer depuis la première place sur la grille, le pilote Mercedes s’est offert avec une belle marge (2 dixièmes) sa onzième pole de l’année, la troisième aux États-Unis. Constamment collé aux basques de son rival au championnat ce week-end, Sebastian Vettel a dû s’employer pour arracher dans les ultimes instants de la séance une seconde place synonyme d’espoir en vue de la course de demain. Dos au mur après sa succession de contreperformances lors de la tournée asiatique, l’Allemand sait qu’il n’aura pas le droit à l’erreur s’il veut maintenir en vie ses chances de sacre. Totalement absent depuis la reprise des hostilités à Spa-Francorchamps, Valtteri Bottas (3ème) a confirmé ses difficultés du moment en concédant quatre gros dixièmes de retard à son chef de file Hamilton. Le Finlandais devance la Red Bull de Daniel Ricciardo (4ème) et la seconde Ferrari de Kimi Räikkönen (5ème).
Assuré de reculer de quinze places sur la grille en raison de son changement de moteur, Max Verstappen (6ème) a, lui aussi, souffert à Austin, enchaînant les approximations et sorties au large lors de ses tentatives chronométrées. Autrement plus convaincant au volant d’une Force India qu’il cerne de mieux en mieux, Esteban Ocon (7ème) a de nouveau décroché le statut de meilleur des autres au prix d’un effort éreintant, lui qui souffre d’un virus depuis son arrivée sur le sol américain. « Je ne me sentais vraiment pas bien au moment d’aborder cette séance qualificative, dévoile le Français. J’ai eu un très gros mal de tête et des problèmes d’estomac. Je suis donc heureux de terminer cette journée avec un aussi bon résultat. Je vais tâcher de m’économiser un maximum pour être prêt demain. » Bombardé dans le baquet de la Renault en lieu et place du décevant Jolyon Palmer, Carlos Sainz a, quant à lui, signé une première qualification en jaune de toute beauté, le Madrilène empochant le huitième chrono du jour deux dixièmes seulement derrière Ocon.
Le bide Magnussen
Longtemps dans l’expectative quant à la suite à donner à sa carrière en Formule 1, Fernando Alonso (8ème) a célébré en grand pompe sa prolongation de contrat chez McLaren en se hissant en Q3 et en collant surtout sept dixièmes à son coéquipier à Woking Stoffel Vandoorne (13ème). Battu pour la quatrième fois en cinq Grand Prix par son coéquipier dans l’exercice du tour chronométré, Sergio Perez clôt le top dix de cette dix-septième séance qualificative de l’année. Habitué à briller ces dernières semaines en qualification, Felipe Massa (11ème) a de nouveau réussi à tirer son épingle du jeu à Austin en échouant de justesse aux portes de la Q3. Quasiment condamné à quitter Toro Rosso une fois Pierre Gasly revenu de son exil japonais, Daniil Kvyat (12ème) a rappelé à ses nombreux détracteurs qu’il n’avait pas complètement dilapidé sa pointe de vitesse malgré deux saisons d’errance dans l’écurie basée à Faenza. Parti à la faute lors des libres 3, Romain Grosjean s’est, lui, quelque peu racheté en décrochant le quatorzième chrono de l’après-midi non sans s’occasionner une belle frayeur derrière Stroll lors de son premier run en Q1.
Sanctionné de 20 places pour avoir monté la dernière évolution de son moteur Renault, Nico Hulkenberg (15ème) s’est contenté de franchir le cap de la première partie des qualifications avant de volontairement rester cloîtrer à son box lors de la Q2. Toujours dans le doute quant à son futur en F1, Marcus Ericsson (16ème) s’est permis de devancer à la régulière la Williams de Lance Stroll (17ème) et la Toro Rosso du débutant Brendon Hartley (18ème). Le Suédois relègue également son coéquipier Pascal Wehrlein (19ème) à trois dixièmes de son temps, un écart loin d’être anodin au moment où les deux hommes se disputent les derniers baquets disponibles pour la saison 2018. Complètement à côté de ses pompes ce week-end à Austin, il s’est déjà signalé en essais en partant à la faute avant de se fendre d’un geste d’humeur bien inutile sur son propre équipier Grosjean, Kevin Magnussen a signé un piteux vingtième et dernière chrono à 1,5 secondes du chrono réalisé par le Tricolore. Comble de l’humiliation : le Danois s’est vu infliger un recul de trois positions sur la grille pour avoir délibérément bloqué la Force India de Perez en Q1. Une sanction qui a également touché Stroll pour un geste identique au détriment de la Haas de Grosjean.
Andrea Noviello
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