Course : Vettel tire les marrons du feu

Sebastian Vettel course Monaco 2017
Favorisé par Ferrari, Sebastian Vettel décroche à Monaco la 45ème victoire de sa carrière.
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Avantagé stratégiquement par une Scuderia Ferrari qui n’en est plus à son premier coup d’essai, Sebastian Vettel a remporté le Grand Prix de Monaco, sixième épreuve de la saison 2017 de Formule 1. Impressionnant d’aisance une fois libéré de son coéquipier, l’Allemand conquiert en Principauté sa troisième victoire de l’année et accentue encore davantage son avance au championnat sur Lewis Hamilton seulement septième. Privé par son équipe d’un probant succès, Kimi Räikkönen offre à l’écurie italienne son premier doublé depuis sept ans et précède la Red Bull de Daniel Ricciardo.

25 juillet 2010. Près d’un an jour pour jour après son terrible accident de Budapest (le Brésilien a été percuté à la tête par un ressort provenant de la Brawn de son compatriote Rubens Barrichello lors des qualifications du Grand Prix de Hongrie), Felipe Massa a enfin l’occasion de redonner de l’élan à une carrière qui a sérieusement tendance à s’essouffler du côté de Maranello. Dépossédé de son statut de petit chouchou de la Scuderia par le nouveau venu Fernando Alonso, le vice-champion du monde 2008 peut prouver à ses (nombreux) détracteurs que l’épisode douloureux de Budapest n’a en rien entravé sa soif de vaincre. Solide leader du Grand Prix d’Allemagne depuis le départ, le Pauliste va pourtant voir ses aspirations brisées sans états d’âme par une Scuderia coutumière du fait. Alors qu’une douzième victoire en carrière lui tend les bras, Massa reçoit au 48ème tour un message pour le moins explicite. « Fernando is faster than you. »

La signification des mots prononcés par son ingénieur Rob Smedley ne laisse aucune place au doute. Le Brésilien va devoir s’effacer. Une boucle plus tard Massa s’exécute, offrant sur un plateau une victoire qui aurait logiquement dû lui revenir de droit. Sept ans plus tard le scénario d’Hockenheim a bégayé lors du Grand Prix le plus prestigieux de l’année à Monaco. Si cette fois la mythique Scuderia n’a pas eu besoin de passer par des ordres radios plus ou moins déguisés, elle n’en a pas moins chamboulé le scénario d’une course longtemps promise à Kimi Räikkönen. En arrêtant le Finlandais dès le 35ème tour alors que rien ne l’imposait, l’écurie la plus titré de l’histoire a non seulement privé le champion du monde 2007 d’un succès amplement mérité en terre monégasque, mais a ouvertement affiché sa préférence à l’égard de son autre pilote Sebastian Vettel. Maintenu en piste cinq boucles de plus qu’« Ice-Man », l’Allemand a ainsi pu se construire une avance suffisante pour repartir en tête à l’issue de son propre pit-stop au 40ème passage.

Ferrari sacrifie Räikkönen

Transcendé par sa prise de pouvoir, le quadruple champion du monde va dès lors se montrer intouchable dans les rues de la Principauté, décrochant avec maestria sa troisième victoire de l’année, la 45ème de sa carrière en F1. « C’est une victoire incroyable, savoure le pilote flanqué du numéro 5. J’espérais prendre le meilleur sur Kimi au départ, mais je n’y suis pas parvenu. J’ai donc dû me montrer patient. Les gommes ont un peu glissé sur la fin du premier relais ce qui a permis à Bottas et Verstappen de revenir sur nous. Heureusement, j’ai pu attaquer davantage après l’arrêt de Kimi. J’ai poussé autant que possible afin de me construire un gros écart et j’avoue avoir été surpris de repartir devant lui. J’ai ensuite pu contrôler la course et conclure en beauté ce fantastique week-end pour Ferrari. » Positionné sur la première place de la grille de départ après avoir signé la veille une somptueuse pole position, Räikkönen tire avantage de son emplacement préférentiel pour virer en tête dans le goulot de Sainte-Dévote.

Si les huit premiers ont tous gardé leur position au départ, Kevin Magnussen et Lewis Hamilton ont réussi à gratter quelques places lors de l’extinction des feux. Respectivement neuvième et douzième à l’issue de la 1ère boucle, les deux hommes vont connaître un dimanche après-midi bien plus fructueux que ne le fut leur journée du samedi. Parti depuis les stands après avoir écopé d’une pénalité de quinze places sur la grille pour changement de son groupe propulseur, Jenson Button ne peut pas en dire autant. Passé par les boxes dès l’entame du 2ème tour afin de chausser les supertendres, l’Anglais voit son audacieux pari de ne plus s’arrêter ruiné par la sortie (très limite) devant lui de la Sauber de Pascal Wehrlein. Coincé derrière l’Allemand, le champion du monde 2009 s’apprête à vivre un Grand Prix de Monaco particulièrement pénible. Devant, les hommes de Maurizio Arrivabene n’ont pas tout fait les mêmes préoccupations. Intouchables en ce début de course, Räikkönen et Vettel se livrent un duel à distance de toute beauté qui repousse la concurrence au rang de simple figurant.

Triste anniversaire pour Renault

Au 15ème passage, Valtteri Bottas accuse déjà 7,3 secondes de retard sur son compatriote et leader de l’épreuve « Ice-Man ». Son coéquipier chez Mercedes Lewis Hamilton n’est pas beaucoup mieux loti. Bloqué depuis le départ derrière la Toro Rosso de Daniil Kvyat, le triple champion du monde est relégué à plus de trente secondes des Ferrari. Un véritable affront pour l’écurie dominatrice ces trois dernières saisons. Mais la firme à l’étoile peut se consoler : elle n’est pas la seule à déchanter dans les rues sinueuses de la Principauté. Alors que la marque au losange célèbre en grande pompe le quarantième anniversaire de son arrivée dans la catégorie reine du sport automobile, Nico Hulkenberg range un tour plus tard sa Renault au Portier après qu’un épais panache de fumée ait trahi une rupture de sa boîte de vitesse. Dans le genre contrepublicité, le constructeur français ne pouvait pas faire bien pire. L’abandon de l’Allemand a, au moins, le mérite de redistribuer les cartes au cœur du peloton d’autant qu’au 17ème tour Sergio Perez, victime de l’affaissement de l’une des attaches de son aileron, est contraint à un arrêt au stand anticipé.

Cet incident permet aux deux Haas de Romain Grosjean et de Kevin Magnussen de grimper d’un rang, mais surtout à Hamilton d’entrer dans les points à la dixième position. On croit alors cette sixième manche de la saison enfin lancée. Il n’en sera rien. Le soporifique défilé à haute vitesse emmené par les Ferrari se poursuit jusqu’à que Max Verstappen ne vienne bouleverser la donne. En stoppant dans le 33ème tour, le Néerlandais ignore qu’il va profondément modifier la physionomie de ce Grand Prix. Si sa tentative « d’undercut » sur Bottas se solde par un échec, le Finlandais couvrant la stratégie du pilote Red Bull en s’arrêtant une boucle plus tard, elle va pousser Ferrari à sacrifier Räikkönen. Appelé à son box au 35ème passage alors qu’aucune menace directe ne pèse sur lui, Bottas étant rejeté à plus de 25 secondes de son compatriote, le champion du monde 2007 vient de voir ses rêves de victoire s’envoler.

Wehrlein en apesanteur

« Ce n’est pas moi qui ai demandé à rentrer au stand, confie après l’arrivée le pilote Ferrari. J’ai été appelé par l’équipe. Il y a sans doute des raisons pour ça. Reste que nous avions les deux voitures en tête et que j’ai obtenu le moins bon résultat des deux au final. » Promu en tête de la course par l’arrêt au stand de son coéquipier, Vettel va alors s’en donner à cœur joie. Conscient qu’il tient là une chance unique de venir à bout du coriace Finlandais, « Baby-Schumi » aligne les records du tour en alternance avec Daniel Ricciardo, l’autre gros bras ayant choisi de miser sur « l’overcut ». Magnifiée par sa majesté Michael Schumacher à la fin des années 90 et au début des années 2000, cette option stratégique s’avère payante puisque les deux anciens équipiers chez Red Bull vont en profiter pour grimper dans la hiérarchie. Passé par les boxes au 39ème passage, l’Australien gagne deux places d’un coup, éliminant l’autre monoplace autrichienne de Verstappen et la Mercedes de Bottas. Rentré opérer son changement de gommes une boucle plus tard, Vettel prend, lui, le meilleur sur Räikkönen et scelle le sort de ce sixième Grand Prix de la saison.

Démotivé par ce coup de passe-passe savamment orchestré par les hommes de la Scuderia, le champion du monde 2007 lâche prise, laissant Vettel s’envoler vers sa deuxième victoire en Principauté. Si en tête de course plus rien ne changera, derrière plusieurs incidents viendront bouleverser la fin du Grand Prix. À commencer au 60ème tour par l’impression vol plané de Pascal Wehrlein envoyé dans les airs par un Jenson Button un peu trop optimiste dans sa tentative de dépassement au Portier. Restés sur le carreau, les deux belligérants sont bientôt rejoints par Marcus Ericsson dans la 65ème boucle et Stoffel Vandoorne au 67ème passage, chacun étant parti s’encastrer dans les Tecpro de Sainte-Dévote suite à une faute de pilotage grossière. La liste des abandons gonflera encore au 72ème tour après que Daniil Kvyat ait été victime d’une attaque suicide d’un Perez frustré à la Rascasse. Bon dernier à l’issue d’une nouvelle course cauchemardesque, Lance Stroll rangera un tour plus tard sa Williams dans son stand, réduisant le contingent de voitures franchissant la ligne d’arrivée à seulement treize unités.

Andrea Noviello

Daniel Ricciardo course Monaco 2017
En repoussant son pit-stop, Ricciardo a réussi à chiper la troisième place à Bottas et Verstappen.
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