Ferrari SF-71H : pur-sang ou cheval de trait ?

Ferrari SF-71H
La Ferrari SF-71H abandonne sa prise d'air à trois têtes pour une boîte à air d'école Mercedes.
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Deux heures après la présentation de la nouvelle Mercedes, Ferrari a révélé au grand public sa F1 version 2018. Évolution de la très réussie SF-70H, la SF-71H pousse encore plus loin les concepts développés par sa devancière avec pour mission de ramener la couronne mondiale à Maranello.

La lutte à distance entre les deux ténors de la discipline a déjà commencé. En coulisse tout du moins. Devancée par Mercedes au jeu des présentations, Ferrari n’a pas attendu bien longtemps avant de répliquer à son adversaire germano-britannique. Deux heures seulement après l’apparition au grand jour de la Mercedes W09, la Scuderia a levé le voile sur la 64ème Formule 1 produite dans les ateliers de Maranello, la SF-71H. Contrairement à la tendance actuelle qui veut que les écuries se contentent de divulguer quelques clichés sans âme via internet et les réseaux sociaux, le team le plus titré de l’histoire a pris le soin d’organiser une vraie cérémonie, comme au bon vieux temps, afin d’exhiber sa toute dernière création. Au programme de la poignée d’invités triés sur le volet : mini-film, petite séquence de questions-réponses avec le maître de soirée Marc Gené et enfin une présentation sur scène orchestrée par Maurizio Arrivabene en personne.

Entouré d’une partie de son équipe, de son responsable du développement technique Mattia Binotto et de ses deux pilotes Sebastian Vettel-Kimi Räikkönen, le patron de Ferrari a affiché sa fierté de dévoiler aux yeux du monde entier celle qui doit permettre à la Scuderia de retrouver les titres mondiaux. « L’arrivée d’une nouvelle Ferrari constitue toujours un moment spécial pour le monde automobile, clame le team principal de l’écurie italienne. C’est d’autant plus vrai quand il s’agit d’une Formule 1. Ces gars debout ont construit cette voiture morceau par morceau aussi bien physiquement qu’intellectuellement. Ils ont effectué des heures de recherches et se sont attardés sur le moindre petit détail. Cette auto a été conçue ici, dans notre usine en Italie.  Elle représente l’excellence de notre pays. »

Une ligne agressive

Fortement inspirée de son aînée, la très compétitive SF-70H, la dernière-née des ateliers de Maranello s’en distingue toutefois dès le premier coup d’œil par son élégante robe rouge au ton plus soutenu et la disparition quasi-total de blanc. Autre changement directement perceptible : la SF-71H a gagné en longueur, un choix avant tout dicté par l’introduction obligatoire du halo et la nécessité de mieux répartir les masses autour du système de sécurité prôné par la FIA. Dotée d’un angle d’attaque toujours aussi agressif, la Ferrari version 2018 a également conservé l’un des éléments qui avait fait sa singularité, mais aussi sa force la saison passée : ses pontons. Reprenant le concept de position haute imité depuis par quasiment toutes les équipes du plateau, les entrées d’air de la SF-71H poussent encore plus loin la notion de miniaturisation, leur largeur se voyant quasiment réduite par deux par rapport à la monoplace de 2017.

Si ce choix extrême pose évidemment question quant à la qualité de refroidissement des organes internes de la nouvelle Ferrari, il corrobore toutefois la philosophie adoptée depuis l’an passé par les ingénieurs de la Scuderia : favoriser un meilleur écoulement de l’air autour des flancs de l’auto et réduire au maximum les effets de la traînée. Dans cette volonté d’optimiser le flux d’air vers l’arrière de la monoplace, les hommes de Maurizio Arrivabene se sont montrés particulièrement ingénieux en ouvrant la surface extérieure des rétroviseurs. Grâce à ce procédé inédit, l’air traverse le rétroviseur avant de ressortir tout autour du miroir, générant ainsi un nouveau flux en direction de l’ouverture supérieure du ponton. Autre témoignage de cette volonté exacerbée de peaufiner le moindre morceau de carrosserie, les ingénieurs transalpins ont équipé le halo d’une ailette dans l’optique d’atténuer les turbulences créées par le dispositif en titane.

Course à la fiabilité

« L’attention portée aux détails est tout simplement impressionnante, lance sourire aux lèvres le quadruple champion du monde, Sebastian Vettel. Cette nouvelle voiture marque un vrai pas en avant par rapport à celle de 2017.  Chaque petite partie de l’auto peut faire la différence, mais sa vraie magie se trouve à l’intérieur. Personne, excepté nous, ne peut la voir. » Volontairement discrète sur les évolutions apportées à son nouveau Power-Unit, la Scuderia a néanmoins livré quelques indices sur la stratégie employée par ses équipes techniques en la matière. Si la version 2017 du groupe propulseur made in Maranello avait apporté son lot de satisfaction en termes de performance pure, il s’était en revanche montré nettement moins emballant sur le plan de la fiabilité, notamment en seconde partie de championnat.

Victime de casses à répétition pendant la tournée asiatique, le moteur italien avait presque à lui seul condamné les chances de sacre de Vettel. Pour éviter que le scénario de l’an dernier se répète, les ingénieurs moteur de Ferrari ont donc mis l’accent sur la fiabilisation de leur bloc 2018 baptisé 062 EVO. « Il était primordial de gagner en fiabilité, confesse le responsable du département technique, Mattia Binotto. On s’est nourri de l’expérience acquise la saison dernière et ce d’autant plus que nous devons composer avec la limite de trois moteurs désormais. » Plus étroite, mais aussi plus radicale que son aînée, la SF-71H en reprend les principales forces dans l’espoir de mettre fin à l’hégémonie des Mercedes. Mais pour espérer reconquérir un titre mondial derrière lequel la Scuderia court depuis dix ans, la dernière-née de Maranello devra également se montrer à l’aise sur les circuits rapides, une qualité qui avait cruellement fait défaut à la SF-70H en 2017.

Andrea Noviello

Ferrari SF-71H
La SF-71H s’affine sur l’arrière et adopte un mini T-Wing à la croupe de l’épine dorsale.
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