Quatre jours avant le début des premiers tests hivernaux programmés sur le circuit de Barcelone, l’écurie championne en titre Mercedes a divulgué les clichés de sa toute nouvelle F1. Logiquement inspirée de sa devancière, la W09 s’appuie sur les qualités de la W08 tout en cherchant à en corriger les rares faiblesses.
668 points récoltés côté constructeurs. 363 unités inscrites par le seul Lewis Hamilton. Deux couronnes mondiales décrochées avant le terme de la saison et surtout toujours cette insolente forme de supériorité sur la concurrence. En 2017, Mercedes a de nouveau dicté sa loi en Formule 1 grâce à l’indicible talent de son quadruple champion du monde, mais aussi à l’efficacité d’une équipe rendue intouchable par l’introduction des moteurs hybrides il y a de cela quatre ans. Chahutés par Ferrari en première partie de championnat l’an dernier, les hommes de Toto Wolff ont brillamment su laisser passer l’esquisse d’une tempête avant d’asséner une réponse aussi violente que soudaine aux protégés de Maranello. Réduite à se disputer les miettes laissées en cours de route par l’ogre allemand avec Red Bull, l’équipe italienne n’a dès lors plus jamais été en mesure de contester l’intransigeante domination des flèches d’argent.
Fort de cette nouvelle campagne triomphale et de sa formidable série en cours (huit couronnes décrochées depuis 2014), le team germano-britannique a dévoilé au public les lignes de celle qui sera amenée à remplacer la très performante, mais capricieuse W08. « C’est toujours une période excitante parce que ce sur quoi vous avez travaillé pendant de si nombreux mois prend enfin vie, explique le team principal de l’écurie, Toto Wolff. 1500 personnes ont été impliquées pendant l’hiver sur le développement de cette nouvelle Mercedes. La W08 était la voiture la plus rapide du plateau, on s’est donc évertué à ne pas perdre ses principales forces, mais simplement à surmonter ses faiblesses. » Surnommée la « diva » pour sa faculté à sortir facilement de sa bonne fenêtre d’utilisation, la W08 a accouché d’une nouvelle F1 à la fois très proche de sa génitrice sur le plan purement visuel (si on fait bien évidemment abstraction du halo), mais également différente à bien des égards.
Une version revue et corrigée de la W08
Premier changement notable : les flancs de la W09 ont subi une très visible cure d’amaigrissement dans le but de compenser l’augmentation de poids due au halo et de favoriser un meilleur écoulement de l’air autour des pontons. Autre modification imposée par l’instauration obligatoire du système de sécurité : la prise d’air moteur gagne en angularité tandis que les conduits servant à refroidir les organes internes se chiffrent désormais au nombre de quatre contre trois par le passé. Semblable à celui qui équipait la machine de 2017, le déflecteur latéral s’enrichit de deux canaux bidirectionnels en sa base inférieure afin de mieux orienter le flux d’air vers le fond plat et la zone postérieure de l’auto. Résolument sommaires à l’avant, les évolutions apportées sur la dernière-née des ateliers de Brackley se montrent nettement plus visibles à l’arrière.
Outre l’instauration d’une grosse épine dorsale en lieu et place de l’aileron de requin désormais interdit par le règlement, la W09 se voit greffer deux petites ailettes de part et d’autre du pilier de soutien de l’aileron-arrière, une solution censée compenser la disparition du monkey seat. Rehaussée par rapport à celle de sa devancière, la suspension-arrière s’enrobe, elle, d’un mini-carénage et opte pour une toute nouvelle géométrie dans l’optique d’assurer une meilleure assiette générale à l’auto. Autrefois laissé à l’air libre, le pot d’échappement est désormais recouvert d’un carénage en carbone tandis que les deux tuyaux de la wastegate adoptent une position plus espacée. « Dans l’ensemble, le design se veut plus élégant que l’année dernière, confesse le directeur technique, James Allison. Grâce à la confiance emmagasinée en 2017, on a pu s’engager pleinement dans certains concepts. Nous avons également poussé plusieurs solutions à l’extrême. »
Un moteur sensiblement évolué
Cible de toutes les attentions du côté de Brixworth, le nouveau M09 EQ Power + bénéficie de très nombreux ajustements à l’instar d’une installation revue afin de mieux s’intégrer à la monoplace. Bien que considérablement en avance sur la concurrence dans ce domaine, les ingénieurs de la firme à l’étoile ont également travaillé sur l’efficacité de la combustion et sur la réduction des frottements avec l’aide de leur partenaire Petronas. « Les changements sur le groupe propulseur sont considérables et imposés par un certain nombre d’impératifs, précise le responsable moteur de Mercedes, Andy Cowell. Le plus gros challenge a été d’accroître la durée de vie des pièces puisque la réglementation n’autorise dorénavant que trois Power-Unit par pilote et deux systèmes ERS. Ce qui équivaut à une augmentation de longévité de 40% par rapport à la saison dernière. »
Focalisées sur la durabilité de leur nouveau groupe propulseur, les équipes techniques du département moteur n’en ont pour autant sacrifié la performance puisque d’après plusieurs bruits de couloir, le V6 turbo allemand n’aurait rien à envier à son prédécesseur en termes de cavalerie. Une nouvelle forcément réjouissante pour les hommes de Toto Wolff d’autant que l’écurie aux quatre couronnes mondiales possède avec Lewis Hamilton de l’un des pilotes les plus talentueux de sa génération. Toujours aussi affamé de succès, le Britannique sait qu’il disposera encore avec la W09 d’une auto capable de le maintenir au sommet de la hiérarchie. Seule véritable inconnue à ce jour, le degré de résistance de son coéquipier Valtteri Bottas constituera peut-être l’unique véritable obstacle sur la route qui doit mener le natif de Stevenage vers sa cinquième couronne mondiale en Formule 1.
Andrea Noviello
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