Daniil Kvyat
Empêtré dans une terrible série noire depuis Monaco (trois abandons consécutifs dont deux sur problèmes techniques), Daniil Kvyat n’a pas vraiment réussi à relever la tête en Autriche. Doux euphémisme. Épargné, pour une fois, par sa mécanique, le Russe n’a eu besoin de personne pour plomber son week-end. Il l’a fait seul et comme en grand. En manquant complètement son freinage au virage numéro 1 lors du départ, le pilote Toro Rosso a non seulement mis fin à la course d’Alonso et de Verstappen, mais a surtout complètement ruiné toutes ses chances de briller sur les terres de son employeur. Incapable de rallier la dernière partie des qualifications à l’image de son coéquipier Sainz, il décroche un piteux quatorzième temps, le natif d’Oufa ne va guère se montrer plus transcendant le dimanche après-midi. Contraint de s’immobiliser dès la fin du 1er tour à son stand avant de monter un nouvel aileron-avant après son strike du départ, le champion 2013 de GP3 en profite pour chausser les pneus tendres. Reparti bon dernier, l’ancien petit protégé d’Helmut Marko écope logiquement d’un drive-through au 10ème passage, une sanction qu’il va purger dès la boucle suivante. Rejeté encore un peu plus loin des deux Sauber de Wehrlein et d’Ericsson, le pilote flanqué du numéro 26 végète en queue de peloton tout le reste du Grand Prix et ne remonte dans la hiérarchie qu’à la faveur des différents abandons. Repassé par son stand dans la 58ème boucle afin de troquer ses pneus tendres contre des ultratendres, le Russe achève son long chemin de croix autrichien en seizième et dernière position à trois tours du vainqueur Bottas. Sevré de bons résultats depuis sa neuvième place espagnole, Kvyat repart de Spielberg avec un permis allégé de deux points supplémentaires et un moral sérieusement entamé. Si son avenir au sein de la famille Red Bull ne semble pas (encore) menacé, il va sérieusement devoir hausser son niveau de jeu en deuxième partie de championnat sous peine de connaître le sort de nombre de ses prédécesseurs (Buemi, Alguersuari, Bourdais, Liuzzi, Vergne) chez Toro Rosso. En sursis.
Pirelli
2017 devait être l’année de la rédemption pour le manufacturier transalpin. Fini les polémiques, contestations et autres critiques de la part d’un paddock sérieusement courroucé par la médiocrité du matériel fourni. Place à une gomme plus large, plus dure et surtout plus performante. L’objectif affiché par la marque italienne était ambitieux : redonner aux pilotes le plaisir d’attaquer et d’exploiter le potentiel maximum de leur machine. Si les premiers tours de roue avaient laissé entrevoir de belles promesses, force est de constater que Pirelli s’est une nouvelle fois planté dans les grandes largeurs. Outre des choix toujours aussi ridicules et conservateurs (Barcelone), le fournisseur exclusif de la Formule 1 a de nouveau pondu des pneumatiques à la fenêtre d’exploitation trop étroite et à la compétitivité fluctuante. Principales responsables du piètre spectacle affiché sur les collines verdoyantes de Styrie, les enveloppes milanaises ont rendu chèvre tout le plateau avec leur phénomène de cloques. Visible au bout de seulement quelques boucles parcourues, ce « blistering » a non seulement privé ce neuvième rendez-vous du championnat de toute once de spectacle, mais a surtout démontré, si cela était encore nécessaire, l’incapacité du manufacturier unique à concevoir un produit digne de la catégorie reine du sport automobile. Complètement à côté de la plaque depuis son retour dans la discipline en 2011, Pirelli a manqué une belle occasion de redorer son image à l’heure où la F1 connaît un (léger) regain d’intérêt auprès du public. Si le manufacturier italien dispose d’un contrat d’exclusivité jusqu’en 2019, la fin de l’ère Ecclestone, les envies de changement du groupe Liberty Media et les piteuses prestations fournies par toute la collection des P-Zéro pourraient bien finir par faire vaciller un accord pris sous l’ancienne gouvernance. À bon entendeur !
Kevin Magnussen
Les montagnes russes continuent pour le Danois. Après son beau week-end azerbaïdjanais, Kevin Magnussen est retombé dans ses travers et ses errances en Autriche. Dans le coup en essais libres, il domine son coéquipier Grosjean dans chacune des trois séances, le pilote Haas a comme souvent craqué au moment le plus important. Un peu trop généreux dans l’escalade d’un vibreur en fin de Q1, l’ancien espoir de Ron Dennis a vu sa qualification tourner court alors qu’il avait déjà validé sa place en Q2 à la suite d’une rupture de suspension. Seulement quinzième sur la grille, le champion 2013 de F3.5 exécute un bon départ et gagne d’entrée deux places vis-à-vis de Kvyat et de Vandoorne. Facilement venu à bout de la Renault de Palmer dans le 2ème tour, le Nordique remonte encore d’un rang au 6ème passage après avoir disposé de la Toro Rosso de Sainz pour le gain de la onzième position. Lancé aux trousses de Stroll, l’ex-pilote McLaren ramarre progressivement le Canadien avant de définitivement opérer la jonction sur le débutant dans la 20ème boucle. Particulièrement pressant derrière la Williams du Montréalais, le Danois ne parvient toutefois pas à prendre le meilleur sur le Québécois malgré un rythme sensiblement meilleur. Revenu sous la seconde de Stroll au 30ème tour, le pilote de l’écurie américaine ne va même pas avoir l’opportunité d’activer son aileron arrière mobile, sa boîte de vitesse rendant l’âme en sortant de l’épingle Remus. Rentré au petit trop à son stand, le natif de Roskilde met pied à terre pour la première fois depuis le mois d’avril à Sakhir et rate une occasion en or d’inscrire des points le jour où la VF-17 avait subitement retrouvé de la compétitivité. Pire avec la sixième place de Grosjean au Red Bull Ring, Magnussen retombe derrière le Français au championnat et repart des montagnes autrichiennes avec un retard de sept points sur le Tricolore. Clairement pas dans un bon jour.
Renault
Repartie bredouille d’un Grand Prix d’Azerbaïdjan pourtant riche en opportunités, l’écurie française a encore raté le coche dans les collines verdoyantes de Spielberg. Ni un Nico Hulkenberg étonnement discret en course, ni un Jolyon Palmer toujours aussi limité par ses piètres qualifications ne sont parvenus à ramener le moindre point de leur déplacement autrichien. Passé tout près d’accéder à une nouvelle Q3, il empoche le onzième chrono des qualifications, l’Allemand a brisé toutes ses chances d’accrocher un top 10 en manquant complètement sa mise en action. Resté littéralement scotché à son emplacement au moment de l’extinction des feux, le vainqueur 2015 des 24 Heures du Mans se retrouve même bon dernier suite à la cohue du premier virage. Parvenu à se défaire des deux Sauber de Wehrlein et d’Ericsson, le pilote Renault tente un coup de poker en anticipant son pit-stop au 15ème passage et en montant les gommes tendres. Sans succès. Reparti en dix-septième position devant la seule Toro Rosso de Kvyat, le natif d’Emmerich ne parviendra qu’à reprendre l’avantage sur les Sauber pour terminer à une peu reluisante treizième position. Encore torpillé par son coéquipier dans l’exercice du tour chronométré, il ne récolte qu’un piteux seizième temps à plus de sept dixièmes d’« Hulk », l’Anglais réussit à l’inverse du protégé de Willi Weber un bon envol qui lui permet de grimper de quatre places. Dépassé par Magnussen dans la 2ème boucle, le natif d’Horsham récupère sa douzième position au 6ème passage après l’avoir subtilisé à Sainz. Propulsé à la porte des points par l’abandon du pilote Haas au 30ème tour, le fils de Jonathan recolle à Stroll, mais ne trouvera jamais l’ouverture sur le débutant canadien. Onzième pour la troisième fois en quatre courses, Palmer ne décolle toujours pas au championnat et reste désespérément cantonné à zéro point. La donne n’est pas beaucoup plus glorieuse du côté de la firme au losange puisqu’en enregistrant un cinquième résultat blanc cette année, Renault perd le contact de Haas et met un peu plus en péril ses ambitions de terminer au cinquième rang du classement constructeur. Il va falloir se ressaisir du côté d’Enstone.
Andrea Noviello
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