Légèrement en retrait lors de la dernière séance libre du matin, Lewis Hamilton a brillement corrigé le tir en conquérant le meilleur temps des qualifications du Grand Prix d’Australie. Impérial dans les rues de l’Albert Park, le Britannique s’est adjugé la 62ème pole position de sa carrière devant la Ferrari de Sebastian Vettel et l’autre Mercedes de son nouvel équipier Valtteri Bottas.
Son sourire carnassier et sa pique acidulée envers le motoriste de son ancien coéquipier chez McLaren Fernando Alonso lors de la conférence de presse du jeudi n’avaient guère laissé de doutes sur l’état de confiance qui animait Lewis Hamilton à l’aube de cet exercice 2017. Si le Britannique, toujours aussi à l’aise devant le micro, tentait vainement de rejeter la pression sur Ferrari, prétextant que les meilleurs chronos réalisés par l’écurie basée à Maranello à l’occasion des tests hivernaux de Barcelone faisaient d’elle le favori logique du championnat, sa mine étincelante prouvait, au contraire, que le triple champion du monde n’était pas totalement honnête dans son plaidoyer. Intouchable lors de la journée inaugurale du vendredi, le pilote Mercedes avait pourtant volontairement (ou pas) laissé la vedette à Sebastian Vettel lors de l’ultime répétition du samedi matin.
Troisième chrono des libres 3 à près d’une demi-seconde de « Baby-Schumi », le natif de Stevenage s’attendait à devoir sortir le grand jeu pour barrer la riposte menée par les monoplaces rouges. Bien que particulièrement animée et indécise, cette première qualification de l’année n’aura toutefois pas permis de briser la suprématie d’un Lewis Hamilton encore une fois magistral de virtuosité sur un tour chrono. Clairement un ton au-dessus de tous ses adversaires, y compris de son nouvel équipier chez Mercedes Valtteri Bottas troisième chrono à plus de deux dixièmes, l’Anglais s’est offert à Melbourne sa première pole position de l’année, la sixième aux antipodes égalant ainsi le record de son idole Ayrton Senna. « Jusqu’ici, mon week-end se déroule de manière fantastique, savoure le pilote flanqué du numéro 44. Je suis très fier de mon équipe aujourd’hui. Les gars ont énormément bossé sur ces nouvelles règles et je suis heureux de pouvoir représenter leur travail de cette façon. J’attends maintenant la course avec impatience. Cela s’annonce particulièrement serré avec Vettel notamment. »
Une bataille Mercedes-Ferrari en perspective
Auréolée du (très) honorifique titre de champion du monde de l’hiver, la Scuderia Ferrari a confirmé les promesses entrevues lors de la double session de tests barcelonaise. Si les hommes de Maurizio Arrivabene n’auront pas su contrecarrer l’hégémonie de la Mercedes d’Hamilton en qualification, ils sont tout de même parvenus à priver la firme à l’étoile d’une première ligne 100% grise argentée. Tombeur du record de la piste en matinée, Sebastian Vettel s’est invité aux côtés du Britannique dans les ultimes instants de la séance à la suite d’un dernier run de toute beauté bien que pas totalement parfait. « Je n’en suis pas complètement satisfait, confie le natif d’Heppenheim. J’ai concédé trop de temps dans les premiers virages. Toutefois, je ne pense pas que la pole était à ma portée. Nous sommes très motivés pour demain, car nous estimons pouvoir réaliser quelque chose de bien en course. Il faudra saisir la moindre opportunité dès le départ. »
Moins en vue que l’Allemand dans les rues de l’Albert Park, la faute à un train arrière particulièrement baladeur qui ne lui sied guère, l’autre pilote de la Scuderia Kimi Räikkönen a, pour sa part, enchaîné les petites erreurs, mais s’en tire à moindre mal en décrochant le quatrième chrono du jour juste derrière la seconde flèche d’argent de son compatriote Bottas (3ème). Grande bénéficiaire de la (petite) redistribution des cartes offerte par la nouvelle réglementation technique en vigueur, Ferrari se pose ainsi d’entrée comme le rival numéro un de Mercedes, un statut longtemps privatisé par Red Bull l’an dernier. Freinée par un moteur Renault encore assez loin du compte en performance pure et par un châssis pas parfaitement au point, la firme autrichienne a, quant à elle, dû se contenter des accessits, Max Verstappen empochant le cinquième chrono avec 1,2 seconde de retard sur la pole position d’Hamilton. Encore moins bien lotie que le prodigue néerlandais, l’idole locale Daniel Ricciardo partira depuis la dixième position sur la grille en raison d’une sortie de piste en Q3 dans Stewart.
Grosjean la belle surprise
Victime du décrochage aussi violent que soudain de son train arrière, l’Australien constituera sans doute l’un des principaux animateurs de ce premier Grand Prix de la saison 2017, un rôle que devrait également endosser Romain Grosjean épatant sixième temps au volant de sa Haas. « En arrivant ici, je ne savais vraiment pas situer ma voiture dans la hiérarchie, concède le Français. Mes sensations au volant n’étaient pas très bonnes pendant l’hiver, mais les gars ont fourni un travail incroyable afin de m’offrir une auto qui correspond nettement mieux à mon style de pilotage. » Non content de se placer comme le meilleur des autres, le natif de Genève a également surclassé son nouvel équipier Kevin Magnussen (17ème) en infligeant près de trois secondes au Danois. Un véritable camouflet que ni les débutants Stoffel Vandoorne (18ème) et Lance Stroll (19ème) ni l’à peine plus chevronné Jolyon Palmer (20ème) n’ont pu éviter face à des pilotes aussi expérimentés et compétitifs que ne le sont Felipe Massa (7ème), Nico Hulkenberg (12ème) ou encore Fernando Alonso (13ème).
Pénalisée pendant l’hiver par de nombreux déboires mécaniques, l’écurie Toro Rosso a levé une partie des doutes qui pesaient sur la performance de sa très élégante STR12 en sécurisant les huitièmes et neuvièmes positions sur la grille, Carlos Sainz précédant de justesse son voisin de garage Daniil Kvyat. Resté coincé aux portes de la Q3, Sergio Perez (11ème) devance, lui, assez largement l’autre pilote Force India Esteban Ocon (14ème) puisque le Tricolore accuse près d’une demi-seconde de retard sur le chrono du Mexicain. Appelé de dernière minute afin de remplacer au pied levé un Pascal Wehrlein visiblement toujours pas complètement remis de son impressionnante cabriole de la Race of Champions, Antonio Giovinazzi perd lui aussi son face-à-face avec son coéquipier Marcus Ericsson (15ème) dans l’exercice du tour chronométré, mais n’a pas à rougir d’un très honorable 16ème chrono qui place le néophyte italien juste derrière le Suédois sur la grille de cette manche inaugurale en Australie.
Andrea Noviello
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