Malmené par les Ferrari dans la matinée, Lewis Hamilton a répondu de la plus belle des manières en arrachant le meilleur temps des qualifications du Grand Prix de Chine. Parvenu à tout mettre bout à bout lors de son ultime tentative en Q3, l’Anglais coiffe la 63ème pole position de sa carrière, devançant pour moins de deux dixièmes la Ferrari de Sebastian Vettel et l’autre Mercedes de son coéquipier Valtteri Bottas.
Particulièrement serein depuis son arrivée sur un tracé où il a toujours su performer (4 victoires, 5 pole position) depuis sa monumentale bourde l’année de ses débuts dans la catégorie reine en 2007, Lewis Hamilton n’affiche pourtant pas un optimisme béat à l’heure d’attaquer sa deuxième séance qualificative de la saison. Privé, comme tous ses petits camarades de jeu, de roulage la veille en raison des mauvaises conditions météos (le brouillard empêchant l’hélicoptère médical de décoller en cas d’accident grave), le Britannique peine à déterminer avec précision le potentiel réel de sa monoplace face à l’épouvantail Ferrari. Devancé par les deux pilotes de Maranello lors de l’ultime répétition du week-end, le natif de Stevenage commettant une erreur à l’épingle dans son ultime tentative, le triple champion du monde se sait toutefois attendu dans un exercice où il n’a plus trébuché depuis le Grand Prix des États-Unis 2016.
Favori désigné de ces qualifications chinoises, l’Anglais a pleinement assumé son statut à Shanghai bien qu’il lui ait fallu sortir le grand jeu pour contrer la menace d’un Sebastian Vettel de nouveau au sommet de son art. Resté tranquillement tapis dans l’ombre en Q1 et en Q2, Hamilton a attendu la toute dernière partie de la séance pour signer un tour d’anthologie lors de sa dernière tentative en Q3 et empocher la 63ème pole position de sa carrière en F1. « Il a fallu se battre aujourd’hui, concède le pilote flanqué du numéro 44. Les Ferrari se sont montrées très rapides ce matin et on savait que les écarts seraient très serrés en qualification. J’ai réussi un tour solide en fin de séance, même si j’étais un peu nerveux en attendant le chrono des Ferrari. La bataille avec eux nous pousse à donner le meilleur et cela rend les choses plus excitantes que jamais. Demain, on sera dans l’inconnu s’il pleut, car nous n’avons aucune expérience des nouvelles gommes pluies. Ce devrait donc être amusant. »
Le club des 4 toujours au pouvoir
Crédité du tour le plus rapide en 1’31’678, Hamilton conquiert sa sixième pole à Shanghai et pulvérise de près de quatre secondes le chrono réalisé l’an dernier par son ex-coéquipier chez Mercedes Nico Rosberg (1’35’’402). Autre de motif de satisfaction pour le fils d’Anthony : sa position de pointe sur la grille de départ lui offrira un très net avantage en termes de visibilité sur ses adversaires si d’aventure la pluie devait, comme attendue, venir se mêler à la fête ce dimanche. Cantonné aux premiers rôles depuis la matinée, Sebastian Vettel a longtemps cru être celui qui priverait Hamilton d’une nouvelle pole dans l’exercice du tour chronométré. Plus véloce que l’Anglais en Q1 et en Q2, le pilote Ferrari a finalement, de nouveau, échoué au deuxième rang même si l’écart avec le chef de file de la firme à l’étoile, 186 millièmes, s’est réduit par rapport à Melbourne. « Je me suis vraiment amusé lors de ces qualifications, relate le quadruple champion du monde. Nous avons une voiture très forte quelles que soient les conditions. Dommage de ne pas avoir pu aller chercher Lewis. J’ai sans doute freiné un peu trop tôt dans le dernier virage. »
Troisième meilleur performeur du jour comme il y a deux semaines en Australie, l’autre pilote Mercedes Valtteri Bottas a lui aussi réduit l’écart avec son coéquipier puisque le Finlandais n’accuse que 187 millièmes de retard sur le temps d’Hamilton. Légèrement plus en retrait au volant de la seconde Ferrari, près d’une demi-seconde, Kimi Räikkönen clôt le club de quatre avec pour seule satisfaction de pouvoir compter sur une SF17H redoutable en condition de course. Parti à la faute lors de son rendez-vous australien, Daniel Ricciardo n’a cette fois-ci pas tremblé pour s’offrir le cinquième chrono du jour loin devant son coéquipier Max Verstappen (19ème). Handicapé par des soucis de cartographie moteur, le Néerlandais a vu sa séance qualificative s’achever dès la Q1 à l’instar de Romain Grosjean (17ème) et d’Esteban Ocon (20ème) piégés, quant à eux, par la sortie du drapeau jaune consécutive au violent crash du débutant Antonio Giovinazzi (15ème) dans le dernier virage.
Giovinazzi bourreau des Français
Encore une fois dans le coup après sa belle performance de l’Albert Park, Felipe Massa s’adjuge le sixième temps de ces qualifications chinoises et assoit un peu plus sa mainmise au sein de l’écurie Williams face à un Lance Stroll certes en progrès, le jeune canadien décrochant un bon dixième chrono, mais encore un peu tendre pour espérer venir jouer à la table des grands. Une table à laquelle s’est par ailleurs invité l’épatant Nico Hulkenberg crédité d’un septième temps porteur d’espoir pour la marque au losange. Nettement moins en verve que le vainqueur 2015 des 24 Heures du Mans, l’autre représentant de Renault, Jolyon Palmer échoue pour sa part au 18ème rang après avoir été victime de l’accident du néophyte Giovinazzi en fin de Q1. La confrontation interne a également très largement tourné à l’avantage de Sergio Perez chez Force India puisque le Mexicain s’est offert un convaincant huitième chrono, devançant de justesse la Toro Rosso de Daniil Kvyat (9ème).
S’il a, une fois n’est pas coutume, dû s’incliner face à son voisin de garage russe dans l’exercice du tour chronométré, l’Espagnol empochant le 11ème temps du jour, Carlos Sainz aura néanmoins toute la latitude de définir sa stratégie pneumatique avant le départ, un avantage dont bénéficiera également Kevin Magnussen (12ème). Passé à quelques centièmes d’accrocher la Q3, Fernando Alonso signe une nouvelle performance majuscule en qualification en conquérant un treizième temps aussi inespéré que cruel pour son jeune coéquipier Stoffel Vandoorne seulement seizième. « Comme en Australie, j’ai réussi l’un des meilleurs tours de ma vie, avoue carrément le pilote McLaren. J’ai de bonnes sensations au volant de l’auto et je suis capable de la pousser à ses limites. Cependant, je nous voyais plus batailler avec les Sauber donc cette treizième place est un cadeau tombé du ciel. » Bien aidé par les malheurs de ses adversaires, Marcus Ericsson empoche, lui, le quatorzième temps d’une séance qui aura tenu toutes ses promesses jusqu’au drapeau à damier final.
Andrea Noviello
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