Max Verstappen
Resté dans l’ombre il y a deux semaines du côté de l’Albert Park, Max Verstappen a recouvert ses habits de lumière à l’occasion de cette deuxième manche de la saison. Et quel festival ! Plombé la veille en qualification par des soucis de cartographie moteur qui l’ont contraint à rouler sur quatre cylindres, le Néerlandais n’a pas mis bien longtemps pour effacer son lourd handicap. Seizième sur le grille, le pilote Red Bull réalise un 1er tour démoniaque dans lequel il efface, excusez du peu, Sainz, Magnussen, Ericsson, Vandoorne, Perez, Stroll, Alonso et Massa. Propulsé en quatrième position dès le 3ème passage par les arrêts anticipés d’Hulkenberg, Kvyat et Vettel, le champion du monde 2013 de karting attend sagement l’entrée en piste de la safety-car une boucle plus tard pour monter les supertendres. Rapidement venu à bout de Räikkönen lors du restart grâce à un dépassement d’école dans le virage 6, le jeune prodigue efface au même endroit la Red Bull sœur de Ricciardo pour grimper au deuxième rang à la fin du 11ème tour. Lancé aux trousses du leader Hamilton, le protégé d’Helmut Marko tient, un court instant, la comparaison avec la flèche d’argent avant de voir le triple champion du monde irrémédiablement s’envoler. Repassé par la case box au 29ème passage après avoir dû s’incliner face à la Ferrari de Vettel, le Batave tombe en sixième position. Facilement débarrassé de Bottas, le natif d’Hasselt récupère au jeu des arrêts au stand une troisième place qu’il ne quittera plus jusqu’à l’arrivée malgré l’intense pression de son coéquipier Ricciardo dans les derniers tours. De nouveau splendide de panache dans des conditions mixtes mieux adaptées au potentiel actuel de sa RB13, Verstappen décroche 15 points qui l’installent sur la troisième marche du championnat pilotes derrière le duo Vettel-Hamilton. Géant.
Lewis Hamilton
Battu par Vettel deux semaines plus tôt en Australie, Lewis Hamilton a répondu à l’Allemand en s’offrant un week-end en tout point parfait dans son jardin chinois. Imprenable dans son exercice favori des qualifications, il signe sa sixième pole position consécutive, l’Anglais a affiché la même aisance le lendemain en course, démontrant au passage que le petit couac stratégique de Melbourne ne l’avait en rien affecté. Parfait au moment de s’élancer, le pilote Mercedes a fait montre d’un sang-froid infaillible lorsque la virtual safety-car a été activée par la direction de course. Resté prudemment en piste, à l’inverse de son rival Vettel, le triple champion du monde a attendu l’arrivée de la vraie safety-car au 4ème tour pour troquer ses gommes intermédiaires contre des pneus tendres. Relativement prudent lors des premières boucles ayant suivi la relance de la course, le natif de Stevenage a ensuite progressivement haussé son niveau de jeu au point de se bâtir une confortable marge de 3,1 secondes sur son dauphin Verstappen dès le 18ème passage. Bien aidé par la lente déliquescence de pneumatiques du Néerlandais, le fils d’Anthony s’envole et ne sera plus jamais inquiété. Appelé une seconde fois à son stand au 36ème tour afin de monter un train de pneus tendres neuf, l’ancien protégé de Ron Dennis ressort sans même avoir lâché les rênes de la course. Vettel ayant perdu trop de temps dans la première moitié de Grand Prix pour espérer venir le menacer à la régulière, le pilote flanqué du numéro 44 se contente de gérer la dizaine de secondes d’avance qu’il compte sur « Baby-Schumi » pour quérir son 54ème succès en Formule 1, le cinquième sur le circuit de Shanghai. Intouchable en Chine, Hamilton reprend, à égalité de points avec Vettel, la tête du championnat et lance définitivement son opération reconquête du titre mondial. Brillant.
Sebastian Vettel
Sans la bourde du débutant Giovinazzi et l’entrée en piste de la voiture de sécurité qui en découla, Vettel aurait peut-être pu rééditer son coup de Melbourne tant le rythme affiché par l’enfant d’Heppenheim fut bon à Shanghai. Si le pilote Ferrari a finalement dû se contenter d’une jolie deuxième place au terme d’une course pleine de panache, il a également envoyé un message fort à ceux qui avaient émis des réserves suite à sa victoire australienne. Non son succès dans les rues de l’Albert Park n’était pas un leurre et oui l’Allemand est bien de retour au sommet de son art en ce début de saison 2017. Étincelant en qualification, il souffle le deuxième chrono à Bottas pour un minuscule millième, le fer de lance de la Scuderia a également brillé par son agressivité et sa prise de risques en course. Preuve de sa confiance retrouvée, il enfreint délibérément le règlement au départ en optant pour une position très décalée au moment de s’élancer. Parvenu à résister à un Bottas pourtant mieux parti que lui au départ, l’ancien protégé de Red Bull tente un coup de poker en montant les slicks dès le 2ème tour lors de la neutralisation sous virtual safety-car. Pas récompensé de son audace, le quadruple champion du monde se voit rejeter en cinquième position derrière l’autre monoplace rouge de Räikkönen. Bloqué un long moment par le Finlandais, « Baby-Schumi » trouve finalement l’ouverture sur son coéquipier au 20ème passage au prix d’une somptueuse manœuvre dans le virage 6. Conscient qu’il n’a désormais plus de temps à perdre, le pilote flanqué du numéro 5 s’offre le scalp de Ricciardo deux boucles plus tard avant de pousser à la faute la seconde Red Bull de Verstappen au 28ème tour. L’écart avec le leader Hamilton étant déjà rédhibitoire, 11,6 secondes au 31ème passage, l’Allemand se contente alors d’assurer sa deuxième place même si plusieurs meilleurs tours en course prouve qu’il avait les moyens de venir se frotter au Britannique. Du bon boulot.
Carlos Sainz
On savait l’Espagnol téméraire, mais de là à le voir s’élancer en pneus slicks sur une piste encore assez largement détrempée quand même le triple champion du monde Lewis Hamilton s’y était refusé, il fallait oser. Si l’option stratégique gonflée du pilote Toro Rosso aurait pu tourner à la catastrophe après un 1er tour cauchemardesque et un violent contact avec le mur de pneus dans l’escargot, Carlos Sainz a brillement tourné cette prise de risques à son avantage pour aller chercher une sensationnelle septième place à l’arrivée. Dominé par son coéquipier Kvyat en qualification, il reste coincé aux portes de la Q3 avec le onzième chrono, l’Ibère a brillement inversé la tendance en course même si l’abandon prématuré du Russe nous prive d’une vraie comparaison entre les deux pilotes de l’écurie italo-autrichienne. Scotché sur la grille de départ lors de l’extinction des feux, le natif de Madrid voit tous ses concurrents lui passer devant en seulement quelques mètres. Fort heureusement, son calvaire est rapidement interrompu par les entrées successives de la virtual safety-car et de la voiture de sécurité. Bombardé en septième position par les arrêts au stand de ses adversaires, le fils du double champion du monde des rallyes grimpe encore d’une place au 8ème passage après avoir pris le meilleur sur son compatriote Alonso à l’épingle. Aidé par des gommes bien montées en température, le protégé d’Helmut Marko se maintient au sixième rang jusqu’à son unique passage par les box dans la 28ème boucle. Reparti chaussé en pneus tendre, le champion 2014 de F3.5 s’offre un somptueux chassé-croisé avec Alonso au 34ème tour dont il sortira finalement vainqueur. Obligé de s’incliner devant la Mercedes bien plus rapide de Bottas onze boucles plus tard, Sainz termine dans le sillage du Finlandais et empoche six points qui le place à seulement deux longueurs de Ricciardo au championnat. Bluffant.
Andrea Noviello
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