Les Tops du Grand Prix de Russie

Valtteri Bottas

Critiqué pour sa partition en demi-teinte lors du dernier Grand Prix de Bahreïn, Valtteri Bottas a offert la plus belle des réponses à Sotchi. En coiffant d’une main de maître sa toute première victoire en Formule 1 au terme de sa quatrième course au volant d’une flèche d’argent, le Finlandais a cloué le bec à tous ses détracteurs et s’est par la même occasion offert une nouvelle stature dans le paddock. Annoncé depuis l’ouverture du championnat comme une proie trop docile pour l’ogre Hamilton, le natif de Nastola a démontré en Russie qu’il était bien plus qu’un simple numéro 2. De nouveau très en verve en qualification, il décroche le troisième chrono à seulement 95 millièmes du poleman Vettel, le pilote Mercedes a, cette fois, réussi à convertir en course ses bonnes dispositions du samedi après-midi. Positionné juste derrière Vettel sur la grille, le protégé de Didier Coton exécute un superbe envol qui lui permet de griller la politesse aux deux Ferrari dans le virage 1. Parfait lors du restart au 4^ème tour, l’ancien pilote Williams réalise un premier relais de très bonne facture où il se bâtit une confortable avance de cinq secondes sur son dauphin Vettel. Moins à l’aise que l’Allemand dans la gestion du trafic, le Nordique voit la Ferrari revenir dangereusement sur ses talons ce qui le conduit à s’arrêter à son box dans la 27^ème boucle. Désormais chaussé en super-tendres, l’ancien poulain de Toto Wolff récupère logiquement la tête lorsque Vettel stoppe à son tour au 34^ème passage. Coupable d’une petite faute cinq boucles plus tard dans le virage 13, le pilote flanqué du numéro 77 va alors subir une terrible pression de la part du natif d’Heppenheim, mais ne flanche pas. Maître de ses nerfs dans les derniers tours, Bottas enlève en Russie un succès fondamental le jour où son coéquipier Hamilton a complètement disparu de la circulation et permet à Mercedes de conserver sa mainmise en terre russe. Costaud.

Sebastian Vettel

En arrachant samedi la 47^ème pole position de sa carrière, Sebastian Vettel avait mis toutes les chances de son côté pour enfin mettre un terme à l’hégémonie de Mercedes en territoire russe. Malheureusement pour lui, un envol moins bien négocié que Bottas, pourtant troisième sur la grille, allait sceller ses chances de victoire dès le premier virage.  Dépassé par le Finlandais à l’amorce de la chicane, « Baby-Schumi » n’a ensuite jamais pu reprendre son bien au natif de Nastola. Dominé par la flèche d’argent dans le premier relais en dépit de quelques meilleurs tours, le pilote Ferrari parvient néanmoins à recoller avant la salve des changements de gommes grâce à une gestion plus opportune du trafic. Satisfait de l’état d’usure de ses ultratendres, le fer de lance de la Scuderia décide en concertation avec son équipe de rester en piste au moment où son adversaire direct Bottas plonge dans la voie des stands au 27^ème passage. Capable de maintenir une cadence semblable à celle du Finlandais malgré des gommes nettement moins fraîches, le quadruple champion du monde se construit une marge de 20 secondes d’avance sur la Mercedes avant d’enfin stopper au 34^ème tour. Logiquement ressorti derrière Bottas, l’ancien protégé d’Helmut Marko va alors infliger une pression terrible au leader de la course. Revenu sous la barre des trois secondes cinq boucles plus tard grâce à une erreur du Nordique dans le virage 13, le natif d’Heppenheim termine son Grand Prix en boulet de canon. Appâté par le parfum de la victoire, le pilote flanqué du numéro 5 grapille dixième après dixième au point de rentrer dans la zone DRS dans le 49^ème tour. Collé aux basques de la flèche d’argent dans les dernières boucles, l’Allemand ne parviendra toutefois pas à faire craquer un Bottas particulièrement solide. Superbe second à Sotchi, Vettel empoche le 90^ème podium de sa carrière en F1 et accroît encore son avance sur Hamilton (13 points) au championnat. Brillant.

Sergio Perez

Le Mexicain n’en finit plus d’amasser des points en ce début de saison. Déjà entré à trois reprises dans le top 10 depuis l’ouverture du championnat à Melbourne, Sergio Perez a ajouté en Russie une très belle sixième place à sa riche collection de places d’honneur. Passé à deux doigts de la correctionnelle en Q1, le pilote Force India s’est finalement invité pour la troisième fois de l’année dans l’ultime partie des qualifications, décrochant le neuvième chrono juste devant son coéquipier Ocon. Positionné du côté le plus sale de la piste, le natif de Guadalajara s’élance pourtant mieux que la Renault d’Hulkenberg devant lui et franchit le premier virage au huitième rang. Propulsé en septième position par l’abandon précoce de la Red Bul de Daniel Ricciardo au 6^ème tour, l’ancien membre de la Ferrari Driver Academy perd progressivement le contact avec la Williams de Massa tout en gardant une marge de manœuvre suffisante sur la Force India sœur d’Ocon pour ne pas être inquiété. Appelé à son box une boucle après le Tricolore au 27^ème passage, « Checo » reprend la piste en pneus supertendre pour un second relais aussi tranquille que le premier. Toujours positionné entre Massa et Ocon, l’ex-pilote McLaren va voir de surcroît la réussite l’accompagner en fin de Grand Prix. L’arrêt tardif d’Hulkenberg et la crevaison de Massa lui offre en l’espace de deux tours une sixième place qu’il prendra un plaisir à conserver jusqu’au drapeau à damier. Encore une fois redoutable d’efficacité dans les rues du parc olympique de Sotchi, Perez empoche huit nouveaux points au championnat qui lui permettent de rejoindre Ricciardo avec 22 unités chacun au compteur et de renforcer sa côte sur le marché des transferts en vue d’un départ chez un top team en 2018. Du bon boulot.

Esteban Ocon

Abonné à la dixième place depuis son arrivée dans l’écurie indienne, Esteban Ocon a encore franchi un palier à Sotchi en conquérant une superbe septième place. Justement récompensé de ses efforts en qualification, il signe sa première Q3 de l’année avec le dixième chrono, le Français a confirmé en course qu’il n’avait rien à envier à son pourtant très solide coéquipier Perez. Pas particulièrement flamboyant au départ, il tombe au douzième rang après être resté scotché sur la grille, le protégé de Mercedes se rachète aussitôt en dépassant la Haas de Magnussen dans la chicane. Profitant de la cohue régnant dans les premiers virages, il élimine consécutivement Hulkenberg et Stroll pour pointer en neuvième position à la fin du premier tour. Bombardé à la huitième place par le retrait de Ricciardo au 6^ème passage, le Tricolore prend rapidement ses aises vis-à-vis de la Renault d’Hulkenberg derrière lui. Pas suffisamment véloce pour endiguer la fuite en avant de son voisin de garage Perez, le natif d’Evreux se contente de gérer la dégradation de ses gommes jusqu’à son pit-stop dans la 26^ème boucle. Ressorti chaussé d’un train de pneus supertendres, le champion 2015 de GP3 reprend sa course en solitaire derrière la monoplace sœur de Perez. Remonté en huitième position après l’arrêt d’Hulkenberg au 40^ème passage, le pilote Force India gagne une autre place dans la foulée suite à la crevaison de la Williams de Massa. Mis sous pression en fin d’épreuve par le retour d’Hulkenberg, le Français tient bon jusqu’au bout et empoche six points d’un coup qui consolident la quatrième place au championnat constructeurs de Force India. En constante progression, Ocon se rapproche week-end après week-end de son coéquipier Perez et justifie son statut de grand espoir de la discipline. De bon augure pour la suite.

Andrea Noviello