Lewis Hamilton
Sur un nuage depuis le retour de la trêve estivale, le Britannique a prolongé son état de grâce lors d’un Grand Prix du Japon qu’il aura dominé de la tête et des épaules. Rassuré dès ses premiers tours de roue par la performance de sa machine sur le juge de paix de Suzuka, Lewis Hamilton a frappé fort lors des qualifications, décrochant une 71ème pole position en carrière magistrale et explosant au passage le précédent record détenu depuis 2006 par Michael Schumacher. Favori désigné de la course malgré une hausse sensible des températures entre les journées de samedi et de dimanche, le triple champion du monde a tenu son rang, affichant une maîtrise totale tout au long des 53 tours de cette seizième manche de la saison. Moins bien parti que Vettel à l’extinction des feux, le pilote Mercedes a rapidement éteint les velléités de son adversaire dans la course au titre en fermant la porte à la Ferrari au départ et en virant en tête dans le premier virage. Capable de se mettre à l’abri de son nouveau dauphin Verstappen dès la relance, l’Anglais gère l’écart (aux alentours des 5 secondes) avec le prodigue de Red Bull pendant tout le premier relais avant de sacrifier à son unique changement de gommes dans le 23ème tour. Moins à l’aise une fois chaussé de pneus tendres, le natif de Stevenage voit la menace Verstappen progressivement grossir dans ses rétros au point de contraindre Mercedes à se servir de Bottas comme tampon. Laissé passer par son voisin de garage à la fin de la 28ème boucle, l’ancien protégé de Ron Dennis reprend provisoirement le large sur la Red Bull avant que la seconde neutralisation sous régime de voiture de sécurité et les dépassements des retardataires dans les derniers tours ne le remettent à la merci du Batave. Troublé par les vibrations de son moteur, le fer de lance de la firme à l’étoile parvient finalement à se maintenir aux commandes de l’épreuve grâce à l’aide indirecte d’Alonso et de Massa. Vainqueur pour la huitième fois en 2017, Hamilton accroît encore davantage son avance (59 points) au championnat sur Vettel et se dirige tout droit vers une quatrième couronne mondiale. Chapeau bas.
Max Verstappen
Boosté par son succès malais, le Néerlandais a enchaîné une deuxième prestation de haute volée sur le tracé de ses premiers tours de roue au volant d’une Formule 1. Moins saignant qu’à l’accoutumée en qualification (5ème), il a volontairement décidé de sacrifier son résultat brut en optant pour des réglages course, Max Verstappen a en revanche de nouveau brillé le dimanche après-midi, s’érigeant même comme la seule force d’opposition face à l’imperturbable Hamilton. Comme toujours agressif lors de sa mise en action, le pilote Red Bull grille d’entrée la politesse à son coéquipier Ricciardo au premier virage avant de prendre quelques kilomètres plus loin l’avantage sur la Ferrari amoindrie (bougie) de Vettel. Déjà installé en deuxième position à la fin du 1er tour, le Batave ne va alors plus quitter d’une semelle la Mercedes en tête du triple champion du monde. Moins véloce que le Britannique en gommes supertendres, il concède plus de quatre secondes à Hamilton en l’espace de quinze boucles, le protégé d’Helmut Marko choisit de bousculer l’ordre des choses en s’arrêtant à son box avant le fer de lance de la firme à l’étoile au 21ème passage. Un choix qui va se révéler opportun. Immédiatement plus menaçant, le champion du monde 2013 de karting recolle aussitôt sur Hamilton, mais se heurte à la politique d’équipe de l’écurie germanique. Bloqué pendant trois tours par l’autre flèche d’argent de Bottas, le fils de Jos perd le contact avec l’Anglais ce qui ne l’empêche pas de se lancer dans un étourdissant rush final. Galvanisé par la possibilité d’accrocher une troisième victoire à son palmarès, le Hollandais grignote dixième après dixième au point de revenir à moins d’une seconde de son adversaire au 52ème passage. Gêné consécutivement par Alonso et Massa, le jeune prodigue doit finalement de contenter d’une magnifique deuxième place à l’arrivée. Reste qu’en inscrivant 43 points en l’espace de deux Grand Prix, soit autant qu’entre la Russie et Singapour, Verstappen (111 points) revient dans la course à une cinquième place peut-être un peu trop rapidement promise à Räikkönen (148 points). Il a le vent en poupe.
Esteban Ocon
Dommage que la (nouvelle) bourde d’Ericsson soit venu gâcher l’excellent début de course du Français sans quoi la révélation de ce championnat 2017 aurait peut-être pu disputer plus longtemps la troisième marche du podium au duo Ricciardo-Bottas. S’il a en fin de compte dû se contenter d’une autre sixième place cette saison (la quatrième depuis le début de l’année), Esteban Ocon peut amplement se satisfaire de son week-end japonais. Meilleur des autres dans l’exercice du tour chronométré, il signe le septième temps deux dixièmes devant son coéquipier Perez, le pilote Force India a conservé son rang en course malgré la pression incessante du Mexicain. Bombardé sur la cinquième place de la grille grâce aux pénalités infligées à Bottas et Räikkönen, le Tricolore exécute un bon envol qui lui permet de s’infiltrer entre les Red Bull dans les esses de Senna. Bombardé en troisième position par les soucis moteur de Vettel à l’entame de la 2ème boucle, le protégé de Mercedes se maintient facilement derrière le duo de tête jusqu’à que la sortie de piste d’Ericsson dans Degner et la neutralisation sous régime de virtual safety-car ne viennent le remettre à la portée de Ricciardo. Mangé par l’Australien dès le restart au 11ème passage, l’ex-pilote Manor doit également s’incliner un tour plus tard face à la Mercedes de Bottas, tombant ainsi en cinquième position. Plus dans le rythme des hommes de tête, le champion 2015 de GP3 stoppe changer de pneus dans la 21ème boucle et ressort chaussé de gommes tendres. Facilement venu à bout de la McLaren d’Alonso, le natif d’Evreux dépasse dans la foulée Palmer avant de finalement récupérer sa sixième place dans le 39ème tour grâce à l’arrêt de l’autre Renault d’Hulkenberg. Harcelé en fin d’épreuve par son voisin de garage Perez, Ocon ne sourcille pas et s’en va quérir huit nouveaux points supplémentaires qui lui permettent d’espérer encore pouvoir ravir à « Checo » la septième place du championnat. Un modèle de régularité.
Haas
L’écurie américaine ne pouvait pas rêver meilleur timing à deux semaines de son Grand Prix à domicile. En classant ses deux voitures dans les points (une première depuis Monaco) sur l’utra-sélectif tracé de Suzuka, Haas a non seulement chipé la septième place du classement constructeurs à Renault, mais s’est surtout offert la plus belle des publicités avant de se rendre sur ses terres à Austin. Repartis bredouille de leur déplacement malais, les hommes de Günther Steiner ont brillement redressé la tête lors de ce rendez-vous nippon malgré des qualifications ratées. Parvenu à s’extraire de la Q1, il décroche le 13ème temps de la séance, Kevin Magnussen a réalisé une course (relativement) propre et méthodique qu’il a su bonifier sur la fin en se jouant au forceps (comment pouvait-il en être autrement ?) de la Williams plus lente de Massa dans le premier virage. Audacieuse bien que pas totalement maîtrisée, le Danois allant légèrement heurter la monoplace du vice-champion du monde 2008 dans son dépassement, la manœuvre du pilote Haas s’est soldée par une convaincante huitième place finale devant l’autre représentant du team américain Romain Grosjean. Parti à la faute en qualification, il se contente d’un modeste seizième chrono, le Français s’est bien rattrapé le dimanche, bien aidé il est vrai par la cascade de pénalités touchant ses adversaires directs (Sainz, Palmer, Alonso) et les malheurs de Vettel. Resté prudent au départ, l’ancien poulain d’Éric Boullier n’a effectué qu’un seul vrai dépassement, sur Gasy dans le 1er tour, avant de passer tout son Grand Prix dans les échappements de son coéquipier. C’est d’ailleurs grâce à ce même Magnussen qu’il réussira à faire sauter le bouchon Massa dans le 42ème tour pour glaner une neuvième position à l’arrivée. Désormais créditée de 43 points au championnat, Haas est quasiment assurée de faire aussi bien qu’en 2016 (8ème) et peut même encore recoller à Toro Rosso (52 unités) à condition toutefois de répéter ce type de performance lors des quatre dernières épreuves du calendrier. Une bonne surprise.
Andrea Noviello
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