De nouveau en symbiose parfaite avec sa Mercedes, Lewis Hamilton a largement dominé la séance qualificative du Grand Prix du Japon. Impressionnant de supériorité sur un tracé de Suzuka où il n’avait pourtant encore jamais dicté sa loi dans l’exercice du tour chronométré, le triple champion du monde empoche la 71ème pole position de sa carrière devant l’autre flèche d’argent de Valtteri Bottas et la Ferrari de son rival au championnat Sebastian Vettel.
Marqué par le cinglant revers subi par Mercedes une semaine plus tôt dans la moiteur de Sepang, Lewis Hamilton avait, malicieusement, joué le pilote en proie aux doutes dès son arrivée dans le paddock de Suzuka. Si les températures annoncées pour le week-end nippon n’avaient strictement rien à voir avec les chaleurs malaisiennes, l’Anglais préférait se cacher derrière un (trompeur) statut d’outsider, laissant ainsi volontairement le rang de favori (et toute la pression qui en découle) aux Ferrari et autres Red Bull. Rapidement rassuré sur l’état de forme de sa W08 après les premiers essais libres du vendredi, le natif de Stevenage a toutefois maintenu son discours de façade, assénant à ceux qui doutaient de l’honnêteté de ses propos que jamais encore dans sa carrière il n’avait su dompter les 5,807 km du juge de paix japonais dans l’exercice du tour chronométré. Véridique sur le fond, le Britannique n’ayant décroché au mieux qu’un deuxième temps lors de ses huit précédentes tentatives, la défense du triple champion du monde se heurtait toutefois à un accro de taille : la versatilité de sa flèche d’argent.
Absente des débats dès lors que le thermomètre monte en flèche, la W08 retrouve aussitôt de sa superbe lorsque les températures en piste se montrent relativement clémentes comme c’est le cas à Suzuka. L’enchaînement de virages rapides valorisant d’autant plus l’excellence de son châssis, la Mercedes ne pouvait ainsi que rayonner sur le tracé le plus technique du calendrier. Poussée dans ses retranchements par un Hamilton au sommet de son art, la belle argentée n’a laissé que des miettes à la concurrence, le Britannique décrochant avec une déconcertante supériorité la 71ème pole position de sa carrière devant l’autre représentant de la firme à l’étoile, Valtteri Bottas. « La voiture est incroyable ici, confirme le pilote flanqué du numéro 44. Je n’avais jamais réussi à trouver un bon équilibre par le passé, mais grâce au travail des ingénieurs et des mécaniciens, j’y suis enfin parvenu cette année. Chaque tour a été merveilleux. La course est toujours plus difficile ici, car les premiers virages tuent les pneus. Les Ferrari seront rapides, mais je compte bien les garder derrière moi. »
Ferrari dans le dur
Propriété de Michael Schumacher depuis le 7 octobre 2006 (1’28 »954), le record de la piste de Suzuka est (enfin) tombé ce samedi dans l’escarcelle d’un Lewis Hamilton toujours aussi redoutable dans l’exercice du tour chronométré. Crédité de sa troisième pole position en terre japonaise (après celles de 2007 et 2008 sur le Mont-Fuji) en 1’27 »319, le Britannique a surclassé tous ses concurrents au pays du soleil levant, à commencer par son propre équipier chez Mercedes Valtteri Bottas (2ème) repoussé à plus de trois dixièmes de son chrono de référence. En cruel manque de confiance depuis la trêve estivale, comme en témoigne son crash contre le rail à la sortie de Spoon lors des libres 3, le Finlandais est tout de même parvenu à limiter les dégâts de sa pénalité de cinq places (changement de boîte de vitesses) en arrachant en toute fin de séance le deuxième temps derrière son chef de file. Sous pression après le double fiasco Singapour–Malaisie, Sebastian Vettel (3ème) a, de son côté, réalisé le job en qualifiant sa Ferrari devant les deux Red Bull de Daniel Ricciardo (4ème) et de Max Verstappen (5ème), mais surtout en infligeant sept dixièmes à son coéquipier Kimi Räikkönen (6ème).
Parti, tout comme son compatriote Bottas à la faute lors de la séance matinale, une bourde qui lui vaudra aussi cinq places de recul sur la grille pour changement de boîte de vitesses, le champion du monde 2007 n’est jamais arrivé à faire jeu égale avec son voisin de garage chez Ferrari sur le juge de paix japonais. Coupable d’une faute lors de son premier run en Q3, le Nordique a ensuite dû se contenter du minimum syndical, soit devancer les très performantes Force India du Français Esteban Ocon(7ème) et du Mexicain Sergio Perez (8ème). Mis en confiance par sa bonne séance matinale, Felipe Massa a, lui, confirmé le regain des Williams dans l’exercice du tour chronométré en décrochant un très joli neuvième chrono. « Je suis satisfait de mes qualifications, témoigne le Pauliste. J’ai réalisé un bon tour en Q1, un tour formidable en Q2 et un tour parfait en Q3. Mon temps est similaire à celui que j’avais réussi lors de ma pole en 2006. J’ai pris beaucoup de plaisir et cela m’offre une excellente position de départ demain en course. »
Grosjean dans le mur
Non content de surclasser, une nouvelle fois, son coéquipier Lance Stroll décevant dix-huitième à près de deux secondes du chrono signé par le Brésilien (même si le Canadien a vu le drapeau rouge anéantir sa dernière tentative), le vice-champion du monde 2008 s’est également permis de devancer sur les terres de leur motoriste les deux McLaren de Fernando Alonso (10ème) et de Stoffel Vandoorne (11ème). Quasiment abonné à la dernière partie des qualifications depuis son arrivée chez Renault, Nico Hulkenberg (12ème) a connu un samedi après-midi moins productif qu’à l’accoutumée, l’Allemand enregistrant son septième échec en Q2 cette saison. Légèrement en-dedans à Suzuka, le pilote étalon de la firme à l’étoile a tout de même remporté son dernier face-à-face interne avec son futur ex-coéquipier Jolyon Palmer (14ème). Assuré de perdre son volant chez Renault après ce seizième rendez-vous de la saison, le Britannique a également la subi la domination du seul pilote Haas rescapé dans la deuxième partie des qualifications Kevin Magnussen (13ème).
Futur remplaçant de Palmer dans les rangs de la firme au losange, Carlos Sainz (15ème) signe une dernière au volant de la Toro Ross en demi-teinte dans l’exercice du tour chronométré, « Carlito » franchissant d’extrême justesse le cap de la Q1. Un maigre lot de consolation que n’aura toutefois pas connu Romain Grosjean (16ème) victime d’une nouvelle sortie de piste au niveau des esses de Senna. Ressorti indemne de l’épave de sa VF-17, le Tricolore s’élancera demain devant son compatriote et débutant Pierre Gasly (17ème). Attendu au tournant sur un tracé qu’il connaît comme sa poche grâce à la Super Formula, le pilote Toro Rosso n’est pas parvenu à surfer sur ses prometteurs débuts malaisiens, la faute à une erreur lors de sa première tentative et la sortie du drapeau rouge consécutive au crash de Grosjean quelques minutes plus tard. « Je suis déçu du résultat, parce que nous avions le potentiel pour entrer en Q2, confie le natif de Rouen. J’espère que nous aurons une meilleure course demain. » Cantonnées en queue de peloton par le manque de performance de leurs machines, les pilotes Sauber Marcus Ericsson (19ème) et Pascal Wehrlein (20ème) monopolisent, quant à eux, la dernière ligne de la grille pour la quatrième fois de l’année.
Andrea Noviello
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